Bella Akhmadoulina. Crédits photo : Ria Novosti
Bella Akhmadoulina, née le 10 avril 1937 à Moscou, écrivait des vers depuis qu’elle était enfant, alors qu'elle fréquentait l'union littéraire de l'usine d'automobiles ZIL. Ses années de lycée terminées, elle était entrée à l'Institut de littérature et avait commencé à publier des vers dans des journaux littéraires et dans le journal manuscrit Sintaxis. Bella Akhmadoulina était en outre devenue journaliste et elle réalisait des reportages.
« En 1956, alors charpentier sur un chantier, je suis me suis rendu spécialement à l'Institut de littérature pour écouter et voir Bella Akhmadoulina », raconte l'écrivain Vladimir Boïnovitch.
La poétesse avait intégré l'Institut dès la sortie de l'école et était encore une toute jeune étudiante. Les journaux Octobre et Komsomolskaï Pravda venaient à peine de la publier. Elle était déjà mariée à un autre brillant poète, Evgueni Evtouchenko.
En 1959, elle fut exclue de l'Institut de littérature en raison de son opposition à la persécution de Boris Pasternak. Réintégrée l'année suivante, elle obtint son diplôme avec la mention Excellent.
Son premier recueil, La Corde, est publié en 1962. En 1989, elle reçoit le Prix d'État de l'URSS.
Evgueni Evtouchenko, apprenant la mort de sa première épouse, a déclaré depuis les États-Unis : «Avec la mort de Bella, la Russie a encore perdu un grand nom de la poésie, une digne héritière d'Akhmatova et Tsvetaïeva. Bella était un exemple de dévouement bien au-delà de la poésie, dans sa générosité civique. Elle a systématiquement pris position en faveur de ceux qui avaient sombré dans la misère. »
« Avec la mort de Bella, la Russie a encore perdu un grand nom de la poésie » |
Bella Akhmadoulina écrivait dans les colonnes du journal clandestin Sintaxis et pour l'almanach non censuré Metropol. A maintes reprises, elle a pris la défense des membres de l'intelligentsia russe persécutés par les autorités : Andreï Sakharov, Lev Kopelev, Gueorgui Vladimov, Vladimir Voïnovitch. Ses appels à les défendre furent publiés par le New York Times et plusieurs fois diffusés sur les ondes de Liberty et Voice of America.
Avec son mari Evgueni Evtouchenko et avec Andreï Vosnesenski, décédé en juin, Bella Akhmadoulina fait partie des « poètes de l'estrade » : en plus de faire salle comble, leurs lectures publiques ont rempli des stades entiers.
L'œuvre de Bella Akhmadoulina est publiée dans de nombreuses langues, notamment en anglais (Fever and Other New Poems, New York, 1969 ; The Garden, New York, 1990), en allemand (Musikstunden, Berlin, 1974 ; Das Gerausch des Verlusts, Leipzig, 1995), en italien (Tenerezza, Parme, 1971 ; Poesie scelte, Rome, 1993 ; Poesie, Milan, Spiralli, 1998), en français, en serbo-croate, en tchèque, en slovaque, en polonais, en hébreu, en bulgare, en danois, en letton, en estonien, en géorgien, en moldave, en arménien, en roumain, en kurde, en arabe, en japonais. En 1977, Bella Akhmadoulina est déclarée membre honoraire de l'Académie américaine des arts et de la littérature.
En 1964, celle dont la beauté était reconnue de tous, joua dans le film Il était une fois un gars, de Vassili Chouchkine, décrochant un lion d'or à la biennale de Venise.
La poétesse et actrice fut à maintes reprises récompensée et décorée : l'ordre de l'Amitié des peuples (1984), le Prix d'État de l'URSS (1989), le Prix d'État de la Russie (2004), le Prix du président russe (1998), le Prix Triomphe, non gouvernemental, (1994), Le Prix Pouchkine (1994), les prix internationaux de poésie Nosside (Italie, 1992) et Brianza (Italie, 1998).
Bella Akhmadoulina fut mariée à trois hommes. Le poète Evgueni Evtouchenko fut son premier mari, puis elle épousa l'écrivain Iouri Naguibine. Elle convola en troisièmes noces avec le célèbre scénographe Boris Messerer, avec lequel elle vécut plus de 30 ans. Ses deux filles s’appellent Elizaveta et Anna.
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