Le ministre des Affaires étrangères Lavrov et le secrétaire générale de l’OTANRasmussen lors d’une conférence d’information à Moscou.Photo: Reuters/Vostock-photo
Dmitri Medvedev va se rendre à Lisbonne en novembre pour rencontrer les dirigeants de L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord afin de trouver un accord sur un système de défense européen. Cette perspective appelle quelques nuances. La Russie ne fera pas partie du futur système de l’OTAN pour la bonne raison que Moscou veut rester stratégiquement indépendant. Parallèlement, un système commun au sein duquel Moscou aurait une part de contrôle et un droit de veto sur les décisions des États-Unis ne sera jamais accepté par Washington ou Bruxelles et ne doit pas être recherché par le Kremlin.
En revanche, les États-Unis, l’OTAN et la Russie, qui ont déjà consacré beaucoup de temps à une évaluation des menaces respectives et découvert entre elles de nombreuses similitudes, peuvent commencer à donner vie au Centre commun d’échange de données (JDEC) pour surveiller les lancements de missiles, une mission qui pourrait être élargie à l’échelle planétaire.
Ce projet commun pourrait aussi, à terme, embrasser d’autres pays de l’OTAN. Par la suite, les systèmes de défense antimissile pourraient être coordonnés entre eux, chacun des partenaires contrôlerant ses propres armes et étant responsable de zones d’opération clairement délimitées. Cette approche en profondeur et un tel degré de coopération pourraient produire la masse critique susceptible de faire d’une compétition stratégique résiduelle une collaboration stratégique moderne.
Une deuxième mesure qui, au XXIème siècle, doit accompagner la défense antimissile, est celle de lancer une initiative de cyber-sécurité qui mettrait en commun les ressources russes et celles de l’OTAN afin de détecter les attaques cybernétiques, s’en protéger et s’en défendre. L’OTAN et la Russie ont pareillement intérêt à s’assurer que le fonctionnement même de leurs sociétés n’est pas perturbé par des moyens non conventionnels et des agresseurs non-traditionnels.
À l’aube de l’âge cybernétique, c’est un exercice prometteur et tourné vers l’avenir que d’organiser et institutionnaliser une coopération de ce type, débarrassée de l’héritage de la Guerre froide. Démarrer une coopération militaire technique entre l’OTAN et la Russie serait le troisième point important. La Russie vient de lancer un programme de réarmement. Moscou a même commencé à faire des emplettes à l’étranger, au grand dam de son propre complexe militaro-industriel.
Mais plutôt que de se lancer dans des courses individuelles, il vaudrait mieux s’engager dans la recherche commune, le développement et la coproduction de systèmes d’armement. C’est une question de bon sens tant du point de vue stratégique que politique et commercial. Une telle coopération est possible dans de multiples domaines, de la construction navale aux communications et à l’aérospatiale.
Une quatrième décision, elle aussi vitale, pourrait être celle de fonder un collège Russie-OTAN, pour former des officiers militaires et des civils capables d’accomplir des tâches de coopération en matière de sécurité, de lutte contre le piratage et la drogue, et de défense antimissiles. La mission principale du collège serait de susciter et de maintenir un esprit d’équipe parmi les étudiants. Faute d’une telle approche, tout projet d’intégration, même décidé en plus haut lieu, serait voué à l’échec.
Dmitri Trenin est le directeur du Centre Carnegie de Moscou
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