L’innovation ralentie par les freins Étatiques

La formulation d’un objectif clair est la clé d’une percée technologique. Plus l’énoncé est précis, plus la probabilité du succès est grande. Ce qui permet de déterminer rapidement l’ensemble des outils nécessaires, et rend les spécialistes capables de résoudre le problème posé.

Les différents organes du gouvernement russe travaillent selon une approche diamétralement opposée. Les idéologues de Skolkovo (sur la photo), la future Silicon Valley russe, se chamaillent déjà sur le profil des candidats qui feront partie du quota étranger. Mais il serait plus approprié de déterminer en premier lieu les objectifs que doit poursuivre l’État. Aujourd’hui, comme chacun sait, la nanotechnologie, c’est bien, la biotechnologie, c’est mieux. Mais savons-nous quels sont les domaines les plus prometteurs, où il faut investir pour l’avenir ? Le point de départ se situe dans les évaluations des plus grands spécialistes mondiaux, leurs observations quant à la manière dont une percée technologique peut être réalisée, et la définition des obstacles.

Attirer les cerveaux est l’un des principaux défis de la future technopole moscovite Skolkovo. Crédits photo : RIA Novosti

Ensuite, il faut faire le point sur l’état des technologies, et identifier les « points de repères » réalistes à atteindre. C’est alors seulement qu’il sera possible de fixer de véritables objectifs en matière d’innovation technologique, et d’annoncer les ressources, les fonds et les spécialistes requis pour mener à bien le programme. On évitera ainsi de spéculer inutilement sur l’auteur ou les auteurs de l’« invention » d’hier.

Les autres méthodes à suivre sont connues depuis la fin de l’ère soviétique : un minimum de contrôle bureaucratique, une concurrence indispensable entre plusieurs groupes de chercheurs, la satisfaction de toutes les demandes d’installation des équipements et d’organisation de la production. En déclarant qu’il souhaite favoriser l’innovation, l’État russe a beaucoup à faire lui-même. Abandonner toute langue de bois et formuler des objectifs limpides. Oublier la matraque, tolérer un chaos limité, et protéger les chercheurs contre les services secrets. Réaliser, enfin, que l’argent ne résout pas tout, et qu’il faut un minimum de compétence et de liberté intérieure. Si tout se passe bien, nous recevrons d’abord de nouvelles technologies et ensuite, un État d’un type nouveau.

Vladislav Inozemtsev est directeur du Centre d’études de la société postindustrielle







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