Un Français met une marque russe à l’heure mondiale

Mark Boïarski

Pourquoi se lancer dans une telle aventure ?

Je viens de la finance, mais au fond, je suis un créatif. Ce projet me permet d’exprimer cette créativité, puisque je suis à la fois le Président du Conseil d’administration et Directeur créatif de Raketa. La banque était une erreur de parcours qui m’a servi à amasser un certain capital et m’aide aujourd’hui beaucoup pour trouver des investisseurs.

Quels sont les atouts de la marque Raketa ?

Raketa est aujourd’hui la seule marque russe à fabriquer des montres de A à Z. Rien à voir avec les marques qui se contentent de poser leur boîtier sur des pièces sous-traitées ailleurs. Notre usine de Saint-Pétersbourg fabrique les 250 pièces nécessaires. Il n’y a que 4 ou 5 marques suisses qui font la même chose.

Qui sont vos clients aujourd’hui ?

Presque la totalité de notre production est destinée aujourd’hui à satisfaire les commandes d’État. C’est grâce à elles que l’usine a continué à fonctionner depuis 20 ans. Ce sont des commandes de l’armée, du FSB, du ministère des Situations d’urgences, etc. Cette clientèle nous donne une bonne image, mais ne nous permet pas de réaliser des bénéfices. Nous voulons désormais inverser la tendance et séduire le grand public.

Investir dans une marque de montres russe paraît très risqué…

Il y a 15 ans, les Russes étaient anti-patriotes. Ils ne voulaient que des produits importés. Les choses ont changé. Il existe une volonté de consommer russe et nous capitalisons là-dessus. Nous voulons faire émerger la première marque grand public russe. Il existe ailleurs des Coca-Cola, Luis Vuitton, Gucci, etc. Chaque pays a ses grandes marques, sauf la Russie.

Les Russes sont-ils des grands consommateurs de montres ? Quelle clientèle visez-vous ?

La montre est devenue inutile aujourd’hui avec tous les appareils électroniques qui nous entourent. Mais il reste une vraie demande en Russie parce que la montre indique un statut social, et les Russes aiment qu’il soit visible. La montre est un accessoire de mode très prisé, c’est pour les hommes le dernier objet de grande valeur qui reste sur votre corps quand la voiture est restée sur le parking. Mais il faut être réaliste, Raketa ne peut pas rivaliser avec les grandes marques suisses. Nous visons la gamme moyenne.

On a vu Poutine et le Patriarche Kirill arborer des montres suisses très onéreuses. Les verra-t-on un jour avec une Raketa au poignet ?

Pour beaucoup de Russes, Raketa a été la première montre qu’ils ont portée. Je ne serais pas surpris d’apprendre que ç’ait été le cas pour Poutine, d’autant qu’il est originaire de Saint-Pétersbourg, où la marque était particulièrement populaire. C’est vrai qu’après le scandale des montres suisses, certains auront envie d’en arborer de plus modestes et patriotiques.

Allez- vous d’abord lancer la marque en Russie ?

Non, nous allons démarrer simultanément à l’international. Nous allons lancer notre nouvelle collection en novembre, et je prépare actuellement toute une série de manifestations pour faire connaître la marque. Nous sommes d’ores et déjà en négociations avec Harrod’s à Londres, une adresse sur les Champs-Elysées, des boutiques prestigieuses de Moscou et le leader russe de la vente par correspondance. Natalia Vodianova nous a promis son concours pour le style de la ligne féminine des Raketa, afin de mettre un peu d’eau dans notre vin militaire.

Chiffres-clés

Employés : 80
Chiffre d’affaires 2009 : 500 000 euros
Chiffre d’affaires 2010 (prévision) : 2 000 000 euros
Nombre de montres fabriquées en 2009 : 12 500
15 modèles commercialisés à partir de novembre 2010
Fourchette de prix : de 200 à 600 euros

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