Le tracé de l'autoroute devait passer par le massif forestier de Khimki,nécessitant l'abattage de 144 hectares. Crédits photo : ITAR-TASS
C'est sur Internet, principal relais de la contestation sociale russe, que le chef du Kremlin a mis fin au bras de fer entourant la construction de la première autoroute du pays censée traverser la forêt de Khimki pour relier Moscou et Saint-Pétersbourg.
« La construction de l'autoroute a fait l'objet d'une décision gouvernementale appropriée et de délibérations judiciaires. Toutefois, nos citoyens, parmi lesquels des représentants de Russie unie (le parti du pouvoir, ndlr) et de mouvements d'opposition, ainsi que des associations et des experts estiment que ce projet a besoin d'un examen complémentaire », a déclaré M. Medvedev dans son blog vidéo hébergé sur le site du Kremlin.
Au centre du litige mettant aux prises militants écologiques et autorités depuis 2007, 144 hectares d'arbres dans un des poumons de la capitale russe, condamnés à être abattus pour permettre la construction de l'autoroute par le géant français des BTP Vinci. Cristallisant les tensions au niveau aussi bien local que fédéral, le dossier avait été porté par les écologistes devant la Cour européenne des droits de l'homme en mars 2009. La contestation autour de la forêt de Khimki avait atteint son apogée le 22 août dernier, quand un rassemblement de 3.000 manifestants s'était tenu à Moscou avec la présence du célèbre chanteur de rock Iouri Chevtchouk.
Le geste de bonne volonté de Medvedev constitue un véritable coup de théâtre alors que le conflit était récemment entré dans une phase particulièrement agressive : fin juillet, les activistes qui occupaient le parc avaient été délogés par l'OMON, la police antiémeute. La meneuse du mouvement, Evguenia Tchirikova avait, quant à elle, affirmé faire l'objet de menaces de mort.
Mais la donne a changé. En juillet et août, la capitale russe asphyxiait dans les fumées des incendies arrivés jusqu'aux portes de la ville : les forêts martyres devenaient le symbole d'une écologie trop souvent sacrifiée sur l'autel d'intérêts économiques. L'été 2010 restera celui d'une prise de conscience collective qui a alimenté la grogne sur la Toile russe, puissant porte-voix de la contestation dans le pays.
Une inconnue persiste toutefois: la capacité des autorités à tirer les conséquences des incendies, sans se borner à la reconstruction des maisons détruites. Bien que la décision du numéro un russe semble louable, il convient de noter que c'est fragilisé par les critiques contre sa gestion de la crise que le Kremlin prête l'oreille au ressentiment accumulé au sein de la société russe. Ce revirement s'inscrit également dans une opération de séduction vis-à-vis de la population, le centre se posant en redresseur de torts face aux autorités locales critiquées pour leur incurie.
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