Dmitri Medvedev remplit sa promesse de libéraliser l’économie.Crédits photo : RIA Novosti
« Je compte réduire de 4/5ème la liste des entreprises stratégiques. Je viens de signer un décret à cet effet aujourd’hui », a déclaré Medvedev dans son discours du 18 juin au
Forum économique de Saint-Pétersbourg.
Avec ce renversement de position, le Kremlin tente de transformer la Russie en une destination attrayante pour les investisseurs étrangers. Ceux-ci étaient soumis à d’importantes restrictions dans 42 secteurs industriels depuis 2007, en vertu de la loi des secteurs stratégiques. À l’époque, le gouvernement était « enivré par les prix du pétrole », affirme Jim O’Neill, directeur de recherche chez Goldman Sachs. L’État ne voyait pas la nécessité d’autoriser les investissements étrangers dans les secteurs clés de l’économie. Du coup, la Russie enregistre une piètre performance en matière d’investissements directs étrangers (IDE) comparé aux autres pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Mais la crise de 2008 a brutalement révélé des faiblesses structurelles de l’économie, qui s’est contractée de 7,9% en 2009, renversant de manière spectaculaire la tendance à la croissance de plus de 6% par an des cinq années précédentes. La loi sur les secteurs stratégiques fut finalement adoptée, après une bataille de quatre ans entre les factions libérales et conservatrices au sein du gouvernement. Les libéraux ont perdu : initialement, il y avait 295 entreprises opérant dans 42 secteurs, et les investissements étrangers dans ces compagnies étaient limités à 25%, à moins d’obtenir une autorisation spéciale du gouvernement.
« Guerman Gref, le ministre du Développement économique et Alexeï Koudrine, le ministre des Finances de l’époque, insistaient tous les deux sur le fait que la liste ne devait comprendre que 16 entreprises », rapporte Chris Weafer, le responsable de stratégie chez UralSib. « Cependant, les lobbyistes et les puissants bureaucrates du secteur industriel ont finalement réussi à obtenir ce qu’ils souhaitaient ».
En réalité, Medvedev ne fait que réaliser les promesses qu’il avait déjà faites à la fin de 2009. Le nombre d’entreprises stratégiques sur la liste a baissé, passant de 208 à 41. Par ailleurs, 71 entreprises fédérales unitaires (celles qui gèrent et exploitent les actifs d’État) ont été liquidées, ce qui fait que le nombre total d’entreprises stratégiques sur la liste s’établit à 159.
Comme l’affirment les analystes de Rye, Man & Gor Securities, parmi les entreprises les plus attrayantes qui ont été rayées de la liste, il y a de nombreuses sociétés spécialisées dans le transport et les infrastructures, notamment 14 aéroports et 22 ports maritimes. Ils devraient être
vendus par l’État à partir de novembre.
Malgré la réduction du nombre de sociétés « interdites », la quasi-totalité des plus grandes entreprises russes restent sur cette liste – et en particulier celles du secteur pétrolier, gazier et bancaire.
Les investisseurs qui souhaitent acquérir les parties les plus savoureuses de l’économie russe, telles que Gazprom, Rosneft ou Sberbank, seront obligés de solliciter l’autorisation du gouvernement russe.
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