Les jeunes artistes sur le « qui-vive »(+Multimédia)

« Track Store », une création de Zara Alexandrova.Crédits photo : Daniela Edbyrg, The atomics, youngart.ru

« Track Store », une création de Zara Alexandrova.Crédits photo : Daniela Edbyrg, The atomics, youngart.ru

Sasha Shchednov, 22 ans, débarque un peu impressionné de Voronej, pour participer parmi 600 autres artistes, russes comme étrangers, à cette biennale intitulée « Qui-vive ». Venu avec un simple sac à dos et une grosse pile d’autocollants – de sa création – il ne rate aucun vernissage et s’efforce de lier connaissance avec autant de congénères que possible. Au vu d’un duo d’artistes allemands aux visages reliés par des fils, exécutant une chorégraphie complexe, il lâche, goguenard : « Ils sont très beaux, mais je ne vois pas bien où ils veulent en venir ». Pourtant, les autocollants d’inspiration 
dadaïste que Sasha colle un peu partout dans les rues ne coulent pas de source eux non plus.

Pour la grande majorité des artistes sélectionnés, il s’agit de leur première participation à une biennale d’envergure internationale. Le génie des organisateurs est de ne pas s’être contenté de proposer une série d’expositions, aussi passionnantes soient-elles, mais d’en avoir fait un vaste forum informel d’échanges entre les jeunes artistes. Une amusante aventure interculturelle, sociale, mais pas intergénérationnelle. Bien sûr, les adultes du monde de l’art, les curateurs, les collectionneurs ont financé, encadré, sélectionné, donné leur avis. Mais l’effervescence venait du mélange des jeunes. Certains s’angoissaient de savoir si tel ou tel ponte du milieu était passé devant son œuvre et avait lâché un commentaire élogieux.

Crédits photo : youngart.ru

Dans leur majorité, les artistes étrangers ont profité de l’occasion pour découvrir Moscou. L’atmosphère de chaleur et de liberté totale a surpris la plupart. Parfois des questions subsistent. « On trouve très peu d’œuvres questionnant directement la sexualité, et la représentation du corps reste rare, comme si les organisateurs avaient peur de quelque chose », s’étonne Guillaume Le Moine, venu de Lyon pour présenter « Un nouveau Monde », disque de silicium lithographié par faisceaux d’électrons, associant technologies et utopie.

Y a-t-il eu une autocensure ? « Pas du tout », rétorque Daria Kamychnikova, l’un des deux principaux commissaires d’exposition de la biennale. « Les seuls critères sont la qualité des œuvres et l’âge des artistes [moins de 35 ans]. Nous avons choisi une grande part des œuvres [avec Daria Pyrkina, l’autre commissaire principal], et nous avons aussi choisi des commissaires d’exposition chargés de sélectionner leurs propres artistes ». Daria reste vague sur ses critères. « J’ai retenu ceux qui incarnaient le mieux le rejet des frontières [la frontière étant le thème général de la biennale] ». A-t-elle dû faire face, paradoxalement, à des limites ? « Seulement financières », assure Daria. « Nous avons juste refusé quelques installations pour des questions budgétaires ».

La semaine des vernissages est terminée, et Sasha s’apprête à regagner sa provinciale Voronej où il a irrité les autorités avec une série de collages humoristiques mettant en scène Vladimir Poutine. Sasha ne s’en fait pas. Grâce à la biennale, il est rentré dans la grande famille cosmopolite des artistes. Il salue chaudement ses nouveaux amis et les invite à revenir dans deux ans, pour la prochaine biennale.

Festival de performances artistiques Kalabi-Yau

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