Les taux d’intérêts oscillent entre 16 et 20% contre 3% en France.Crédits photo : Ivan Shapovalov, Kommersant
Victoria Sherbakova voulait déménager à Moscou pour donner à sa fille un meilleur avenir. Âgée de 3 ans et malvoyante, la petite Sasha n’avait pas la possibilité de se faire soigner dans la capitale sans y résider. « Les hôpitaux de Moscou sont les meilleurs, mais il faut habiter la ville même pour y avoir accès », raconte Sherbakova, 36 ans. « Nous avons donc décidé de revenir dans la capitale », explique cette femme, médecin dans une clinique privée moscovite. Il y a quelques années, elle avait décidé avec son mari de déménager en banlieue à la recherche d’une meilleure qualité de vie. L’époux travaille dans la même clinique et le couple gagne 4 000 euros par mois - soit près de quatre fois la moyenne nationale. Mari et femme faisaient quotidiennement la navette par
le train de banlieue pour se rendre au travail. Ils n’imaginaient pas que les soucis de santé les conduiraient à revenir à Moscou.
Se refusant à
louer, ils se sont donc mis en quête d’un appartement à acheter, ce qui fut assez facile. Trouver l’argent fut beaucoup moins évident : bonjour les tracasseries bureaucratiques. Sherbakova a eu de la chance, car sa clinique était en règle en ce qui concerne les papiers administratifs de ses employés (chose rare) et se disait prête à fournir au couple tous les documents nécessaires pour prouver ses revenus. De nombreuses entreprises travaillent encore « au noir » en Russie et ne déclarent officiellement qu’une infime partie du salaire de leurs employés dont une partie est payée par virement bancaire, le reste étant versé en espèces pour éviter les impôts. Cela pose des problèmes souvent insurmontables pour les acheteurs de biens immobiliers, car ils ne peuvent fournir de preuves officielles et réelles de leurs revenus. Ensuite, Sherbakova s’est lancée à la recherche d’un
crédit immobilier libérant la somme sollicitée en l’espace d’un mois. Son choix s’est arrêté sur Kreditmart, le seul courtier en crédit russe, qui revend des hypothèques à une dizaine de banques commerciales du secteur.
Pour l’achat d’un appartement en Russie, l’accompte demandé par les
banques reste également une étape délicate à négocier. Dans le cas de Sherbakova, la société de prêt, qui appartient à l’État, demandait un accompte de 40% sur un prêt 153 000 euros. « Nous avons réussi à mettre de côté environ la moitié de cette somme, et comme nous travaillons dans le milieu médical, et que nous avons la possibilité de gagner de l’argent supplémentaire, ce n’était pas très compliqué de réunir le reste », assure Sherbakova. « L’immeuble a été construit en 1970 et nous avons un concierge et un jardin d’enfants à proximité. C’est parfait pour Sasha », poursuit-elle. « Bien sûr, l’appartement n’a que deux pièces et est beaucoup plus petit que notre ancienne résidence. Le trajet jusqu’à mon travail me prend plus de temps maintenant, mais Sasha peut être soignée dans un bon hôpital ».
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