Aller simple pour l’Inde (+Vidéo)

Les Russes se plaisent tellement à Goa qu’on a pu observerun « baby boom » dans leur communauté!Photo de Cristina Sazonova, EPSILON

Les Russes se plaisent tellement à Goa qu’on a pu observerun « baby boom » dans leur communauté!Photo de Cristina Sazonova, EPSILON

Les Moscovites fuient en masse la frénésie de leur ville pour se réfugier à Goa en quête d’une vie plus agréable. Mais l’invasion russe crée des remous sur les plages de l’Océan Indien.

Il y a cinq ans, la vie de Ioulia Solovieva n’était en rien différente de celle de n’importe quelle jeune femme active, venue de province pour se lancer dans une carrière à Moscou. « J’avais l’impression de vivre dans une cage », raconte la jeune femme, détendue, dans sa maison à Goa, assise en lotus. « Nous fumions cigarette sur cigarette, constamment stressés. Je n’imaginais pas élever des enfants dans cet environnement moscovite agressif ».

À l’instar de milliers d’autres Russes insatisfaits, elle a pris la route de la province indienne de Goa comme avant elle la génération des hippies. Partie pour un voyage en Inde, elle n’est jamais rentrée à la maison. L’exode russe vers ce pays prend la dimension d’une tendance. Le nouveau mode de vie séduit, avec ses promesses d’existence paisible, quand les journées de travail courtes, les massages et le yoga remplacent les tracas de la vie urbaine. Des vols charter quotidiens à bas prix transportent des milliers de Russes vers Goa, cette ancienne colonie portugaise réputée pour ses plages et son ambiance décontractée.

Le mari de Solovieva, Timofeï, préfère décrire la vague russe qui déferle sur Goa comme un mouvement d’« élévation spirituelle » plutôt qu’une fronde d’« objecteurs de croissance », selon la formule consacrée en Occident. Les deux enfants du couple sont nés à Goa, un fils Om, et une fille Uma, comme la femme du dieu Shiva. Il y a déjà deux Uma dans une communauté russe en expansion - et en plein « baby boom » ces dernières années.



Comme beaucoup de leurs compatriotes, les Soloviev ont monté leur propre affaire. « Quand nous avons créé un centre de retraite de yoga russe il y a cinq ans, le concept était inédit à Goa. Nombre de nos amis, et d’amis de nos amis, nous ont suivis ici ». Des dépliants en russe agrafés au tronc des palmiers proposent séances de yoga ou de massage, musique indienne traditionnelle et cours de danse pour les visiteurs.

Alla Duhl a découvert qu’elle pouvait vivre en Inde avec 500 dollars par mois, même en louant un atelier d’artiste et une chambre dans une maison avec un jardin tropical. « Peut-être qu’une Française trouverait cet endroit peu confortable, mais nous avons l’habitude des bus bondés et des rues sales, et nous nous sentons comme chez nous à Goa », explique Alla.

L’an dernier, 80 000 Russes se sont envolés pour Goa. Cet afflux inquiète les Indiens. Un nombre croissant de touristes restent au-delà des limites du visa. Au début du mois de février, les autorités indiennes ont limité les visas à un mois, au lieu de trois ou six comme avant. Selon l’ambassade de l’Inde à Moscou, 1 400 Russes ne sont pas rentrés chez eux l’an dernier. « Certains ont même brûlé leur passeport russe pour rompre tout lien avec la mère patrie ».

Sanjeet Jha, président de l’Association des Indiens en Russie note que l’Inde a raccourci la durée des visas pour les Européens également. Il ajoute que certains individus liés aux attentats terroristes de Mumbai avaient utilisé des visas touristiques pour séjourner longuement dans le pays. « Les règles ont changé pour tout le monde, pas seulement les Russes », dit-il. En rentrant dans le froid russe, les adeptes de l’Inde rapatriés cherchent à préserver leur shanti. Les clubs de yoga se multiplient dans les grandes villes de Russie. Si l’expatriation n’a pas marché, reste qu’on peut faire de l’Inde son métier!

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