« Russian Style » retrace les révolutions du costume russe

Paru en 2009 en français, « Russian Style » d’EvelinaKhromtchenko est un abécédaire des codes et dessymboles culturels

Paru en 2009 en français, « Russian Style » d’EvelinaKhromtchenko est un abécédaire des codes et dessymboles culturels

L’un de écrivains russes contemporains les plus marquants, Viktor Pelevin, a dit un jour que l’histoire russe était, d’une certaine manière, une histoire de la mode. Le décor et les costumes des protagonistes peuvent changer, mais l’essence des processus profonds demeure la même. On peut ne pas être d’accord, mais en ce qui concerne la mode russe, c’est indéniablement vrai.
Dans l’histoire russe, les révolutions vestimentaires ont toujours coïncidé avec les plus grands changements politiques : de Pierre le Grand à la révolution de 1917 puis à la perestroïka de Gorbatchev.

Rendus célèbres dans le monde par les collections « à la russe » d’Yves Saint-Laurent et les Ballets, les éléments principaux de la mode russe contemporaine sont le résultat de réformes spectaculaires.

Le premier révolutionnaire de la mode fut Pierre le Grand, qui habilla les Russes à la mode de l’Occident. Les hommes rasèrent leurs longues barbes, s’essayèrent au pantalon, pendant que les femmes se débarrassaient des foulards qui leur couvraient les cheveux, et exposaient dumême coup leur décolleté.

L’aristocratie russe des XVIIIe-XIXe siècles s’habillait exactement comme ses homologues français et prussiens, mais au tournant du XXe siècle, le style traditionnel de la Rus moscovite - tissus lourds, broderies élaborées d’or et de pierres précieuses, « kokochniki » (coiffure féminine en demi-lune) - est revenu en force pour conquérir l’Europe avec les Ballets russes de Serge Diaghilev. Présentés au Grand Opéra et à Covent Garden, « L'oiseau de feu » et « Petrouchka­ » de Stravinski, au côté du « Coq d'or » de Rimski-Korsakov, ont révélé la complexité de la mode d'avant Pierre.

Dès leur grande entrée sur la scène européenne, les Ballets ont façonné la représentation de la mode russe qui était offerte au public européen, image indélébile d’une culture vestimentaire extravagante, bariolée et criarde.

La révolution de 1917 a obligé la mode à s’adapter aux nouvelles normes communistes qui condamnaient tout ce qui était « bourgeois » et tape-à-l’oeil.

A ses premières heures, l’État soviétique introduisit l’égalité entre les sexes et les classes, ce qui eut des conséquences immédiates sur le vêtement, radicalement simplifié. Inventives, les femmes russes réussirent à se préserver du style « imposé », même dans les pires moments, quitte à copier les robes de Jackie Kennedy. Mais ce n’est qu’avec l’épouse de Gorbatchev, Raissa, que la mode russe réapparut dans l’arène mondiale. Raissa en vint à symboliser l’esprit libre de la perestroïka. A une époque de grands changements, son sens du style apporta une nouvelle vague d’optimisme. Et bien que l’industrie de la mode en Russie soit encore jeune, le succès d’Alena Akhmadullina, de Denis Simachev et d’Igor Chapurin sur les podiums internationaux prouve bien que la mode russe est de retour, dans toute sa magnificence et ce que les Américains appellent « glamour ».

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