« Sainte Russie » se dévoile aux Parisiens

Icône datant du XVIème siècle

Icône datant du XVIème siècle

L'exposition « Sainte Russie » sera inaugurée en grande pompe le 2 mars prochain au musée du Louvre par le président russe Dmitri Medvedev, dans le cadre de sa visite d'État en France. Elle sera ensuite accessible au grand public du 5 mars au 23 mai.
C'est un événement exceptionnel. Pour la première fois de son histoire, le musée du Louvre organise une exposition entièrement consacrée à l'art russe. Les plus grands musées russes s'y sont associés. Les musées du Kremlin, bien sûr, le Musée historique d'Etat de Moscou, l'illustre Galerie Tretiakov, les musées de Vladimir, de Souzdal et de Novgorod, pour ne citer que les plus connus. L'immense majorité des 400 chef-d'œuvres présentés au Louvre n'ont jamais quitté leur patrie. Mais même les arpenteurs maniaques de la Russie auront droit à de l'inédit au cours de cette manifestation. Les plus fins connaisseurs se précipiteront pour observer les pièces fraîchement découvertes par les archéologues russes ces dernières années. Pièces qui n'ont jamais encore été vues du grand public. Cette collection vient directement du musée d'Etat de Veliki-Novgorod (non loin de Saint-Pétersbourg). Elle comprend 47 objets rares des XIe-XVIIe siècles, notamment des bijoux. Les organisateurs de l'exposition sont tellement chatouilleux à propos de cette collection jamais montrée aux étrangers qu'ils n'ont pas donné à la presse le moindre détail sur le calendrier de son transport vers la France. Fin janvier, les caisses étaient encore jalousement gardées à Saint-Pétersbourg avant leur transfert vers le Louvre, dont l’exposition est la première expérience de coopération entre la France et les musées proviciaux russes.

Les amateurs de chiffres précis retiendront qu’un total de 438 objets rares les attendent au Louvre. Les œuvres présentées couvrent près d'un millénaire de l'histoire russe. Les plus anciennes remontent à l'époque de la christianisation, à la fin du Xe siècle. Les objets les plus récents sont contemporains de Pierre le Grand, c'est-à-dire le premier quart du XVIIIe siècle. Ce voyage à travers les âges commence par l'émergence un peu soudaine de ces « nouveaux » Russes dans l'histoire latine et byzantine. Déjà, un soupçon de géopolitique se profile avec l’évocation des rivalités et des luttes d'influence entre Latins, Vikings, Byzantins et Caucasiens. La dimension religieuse de cette histoire sera mise en valeur à travers les premières conversions à la fin du Xe siècle. Déboulent ensuite les hordes mongoles, surgit le génial Andreï Roublev, qui ouvre la voie à l'âge d'or... la suite est au Louvre!

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Rencontre avec Tamara Igoumnova, Directrice adjointe des expositions du Musée Historique d’Etat

Quelles sont les œuvres les plus intéressantes pour les visiteurs du Louvre? Racontez-nous leurs origines ?

J’aimerais mettre en valeur des œuvres qu’on avait peur d’incorporer à l’exposition comme le châssis en or de la Trinité de Roublev, les portes en or de la ville de Souzdal, l’iconostase funèbre de la tsarine Sofia du monastère de Novodievitchi, les lettres d’Ivan III, les lettres du concile œcuménique entérinant le patriarcat en Russie en 1590, l’icône des saints-martyrs Boris et Gleb du XIVe siècle, des manuscrits uniques, par exemple les manuscrits de l’époque d’Ivan le Terrible dont il ne reste que 10 feuillets avec 16 mille miniatures créées durant dix longues années.

Tous les conservateurs étaient inquiets des conditions de sécurité pendant le transport et l’exposition dans les salles du Louvre, ainsi que des conditions d’assurance. Je pense qu’on a pris une telle décision grâce aux relations amicales entre les deux Etats ainsi qu’entre les collègues de musées.

En tant que coordinatrice du projet j’ai été à Paris au Louvre et j’ai parcouru tous les endroits où les caisses seront déchargées et conservées, j’ai examiné les coffres, contrôlé l’emballage et désemballage des pièces uniques etc. Et je me suis assurée du respect des conditions de sécurité qui correspondent à nos demandes et aux normes techniques. Le retour des œuvres exposées est garanti par l’État.

Lisez la suite de l'entretien sur www.france-russie2010.fr

Propos recueillis par Victor Iloukhine

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