Kremlin façon Paris

En traversant le périphérique au sud-est de la capitale française, on se retrouve dans la petite ville du Kremlin-Bicêtre, là où fut accueilli le festival russe Russenko organisé dans le cadre de l'Année de la France en Russie et de la Russie en France
« Qu'ont pensé de cette initiative les habitants de la commune ? » A cette question de Rossiïskaïa Gazeta, Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre, a répondu qu'ils y avaient porté un grand intérêt. « Car nous aimons la culture russe. J'ai moi-même été dans ma jeunesse un grand lecteur de Lev Tolstoï. J'adore les oeuvres de Sergeï Rachmaninov et des autres compositeurs russes. Il faut bien dire que depuis longtemps une force d'attraction culturelle lie nos deux pays. Ainsi, par exemple, Tchekhov est toujours à l'affiche des théâtres français. Mais il y a encore une chose : nos peuples ont toujours eu beaucoup d'estime l'un pour l'autre. J'espère que l'Année croisée nous permettra de mieux connaître la vie actuelle des Russes. C'est bien le but du festival. En plus, l'histoire de notre ville est liée au Kremlin de Moscou.»

En effet, le blason de la ville porte une image du Kremlin. C'est dû au fait qu'au retour des troupes napoléoniennes en 1812, de nombreux grognards ont passé un séjour à l'hôpital dans les alentours de la ville. Quelques temps plus tard, l'un des vétérans de la guerre a ouvert à cet endroit un estaminet qu'il a appelé « Au sergent du Kremlin », laissant ainsi comprendre quel était son grade pendant la campagne de Russie et quel endroit illustre il avait pu visiter, ne serait-ce que brièvement.

La taverne est devenue si populaire que « Le Kremlin » a donné son nom d'abord à la rue, et un peu plus tard à tout le quartier. A la fin du ХIХe siècle on lui a annexé les quartiers voisins, constituant ainsi Le Kremlin-Bicêtre.
Durant trois jours, le bourg a pour la première fois vécu à l'heure russe. Sur la foire qui s'est déroulée Place de la République, on pouvait non seulement trouver des souvenirs à acheter, mais également goûter des crêpes au caviar, des pilmenis, raviolis russes, et d'autres plats de la cuisine nationale.
Un autobus de clowns russes irrésistibles a fait le tour de la ville pour le plus grand plaisir des petits et des grands et les ados ont pu applaudir les maîtres du hip-hop et du break-danse du « Top 9 » de Saint Petersbourg jusqu'à s'en faire rougir les paumes. Ce groupe s'est produit sur scène au centre sportif de la ville et a fait un concours avec les danseurs français.

Au total, c'est plus de 40 manifestations différentes qui ont animé la vie du Kremlin-Bicêtre. La troupe du Nikolaï Kolyada de Ekaterinbourg a fait une représentation du Revizor de Gogol au théâtre municipal et la troupe moscovite « Ten » y a présenté Les Métamorphoses. La mairie a abrité une exposition de peintres russes, dont Oskar Rabine et Nikolaï Dronnikov qui vivent en France. A proximité immédiate, la Maison de la citoyenneté et de la vie associative avait organisé des Journées du livre russe au cours desquelles fut notamment présentée la nouvelle collection de « Classiques de la littérature de la CEI » des éditions Khoudojestvennaïa literatura, et qui donnèrent lieu à diverses rencontres et tables rondes avec la participation d'écrivains russes.

Le prix Russophonie récompensant la meilleure traduction littéraire du russe vers le français a été décerné pendant le festival à deux traductrices, Sophie Bénaiche pour la nouvelle Le conte de la lune non éteinte de Boris Pilniak et Christine Zeytounian-Beloüs pour sa traduction du poème Premier Rendez-vous d’Andreï Biely.

« A l'heure de la mondialisation, il est très important de préserver notre espace culturel, y compris en favorisant la diversité linguistique. Notre concours poursuit ce but », a déclaré à ce propos Dimitri de Kochko, président de l'association France-Oural, à Rossiïskaïa Gazeta. « En s'entrecroisant dans des traductions brillantes, nos langues enrichissent les lecteurs, en France comme en Russie. »

Le festival a été organisé conjointement par la municipalité et l'association France-Oural, avec le soutien du Ministère de la culture de Russie, des fonds Eltsine et Rousski mir, de l'Agence fédérale de Russie pour la coopération internationale et du Conseil régional d'Île-de-France.

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