Gueule de bois soviétique: comment on buvait la bière en URSS

Avant la révolution, l’Empire russe fabriquait différents types de bière brassées selon les standards européens : Venskoié (Viennoise), Munchenskoié (Munich), Pilsener, Bavarskoié (Bavaroise), Kulmbakskoié (Kulmbach), Bogemskoié (Bohémienne), etc. Après 1917, les noms « bourgeois » furent remplacés par des appellations soviétiques. Par exemple, Venskoié devint Jigoulevskoié (Jigouli), Pilsener – Rousskoié, et Munchenskoié – Ukraïnskoié.

Avant la révolution, l’Empire russe fabriquait différents types de bière brassées selon les standards européens : Venskoié (Viennoise), Munchenskoié (Munich), Pilsener, Bavarskoié (Bavaroise), Kulmbakskoié (Kulmbach), Bogemskoié (Bohémienne), etc. Après 1917, les noms « bourgeois » furent remplacés par des appellations soviétiques. Par exemple, Venskoié devint Jigoulevskoié (Jigouli), Pilsener – Rousskoié, et Munchenskoié – Ukraïnskoié.

Nikolai Adamovich/TASS
Les Soviétiques aimaient la bière, presque autant que la vodka. Ils la buvaient le matin, en pêchant, à la bagna et après une dure journée de travail. C’était toujours l’heure de la bière.
Huit types génériques de bière étaient brassés en URSS, chacun avec une teneur en alcool différente : Jigoulevskoié (Jigouli), Rousskoié (Russe), Moskovskoié (Moscou), Ukraïnskoié (Ukrainienne), Leningradskoié (Leningrad), Porter, Martovskoié (Mars) et Karamelnoié (Caramel).
En Union soviétique, la bière était servie en pichet ou au verre. La bière en bouteille était généralement consommée chez soi le week-end. Si on voulait une bière pression, il fallait l’acheter dans les kiosques, qui étaient omniprésents. En été, la bière était servie glacée, mais en hiver, elle était tiède. Les Soviétiques pouvaient également acheter de la bière dans la rue dans des fûts, comme ceux utilisés pour le kvass.
Les républiques soviétiques produisaient également leurs propres marques. Bakinskoié Spetsialnoié (Spéciale Bakou), Erevanskoié Temnoié (Erevan Brune), Minskoié, Ferganskoié et bien d’autres. Au total, plus de 350 marques étaient brassées en Union soviétique. Sans surprise, souvent les marques se copiaient entre elles, explique Pavel Egorov, auteur du site nubo.ru.
Personne ne sourcillait si quelqu’un achetait de la bière le matin, car elle n’était pas distribuée le soir. Les Soviétiques étaient prêts à faire de longues queues pour de la bière fraîchement brassée, présentant des bocaux et des récipients de toutes formes et toutes tailles pour les remplir de bière. Ils grignotaient souvent du poisson séché en attendant d’être servis.
Les Soviétiques qui ne voulaient pas boire devant les kiosques allaient dans des maisons de la bière. En général, ils prenaient plusieurs verres, grignotaient de la vobla ou un autre poisson séché et ruminaient. Les amateurs des boissons plus fortes apportaient de la vodka en cachette, se versaient des shots sous la table et les avalaient avec de la bière. La bière et la vodka étaient même mélangées en cachette : ce cocktail s’appelait Yorch (goupillon). Très classe.
Les bars ne firent leur apparition que dans les années 70. Même le terme « bar » était nouveau et sonnait occidental pour les Soviétiques. Ces buvettes étaient généralement assez simples à l’intérieur et servaient de la bière pression, des collations et même des cigarettes américaines, si on avait de la chance. Pendant la campagne anti-alcool de 1985, les bars avaient le droit de rester ouverts, car la bière était considérée comme un bien moindre mal que la vodka.
Le pays ne comptait certes que peu de sortes de bière, mais elle était fraîche, avec un délai de péremption court. Pour cette raison, seules les bières fabriquées localement étaient vendues dans les villes. Aussi, quand les stocks étaient épuisés, on ne pouvait pas en trouver tant qu’une nouvelle tournée n’était pas brassée. Dur !
Il n’y avait pas de bière en canette en Union soviétique. Ce n’est qu’au milieu des années 70, à la veille des Jeux olympiques de Moscou de 1980, que la bière en canette Golden Ring fit son apparition. Néanmoins, le métal coûtait cher après les Jeux et la production de bière en canette fut rapidement interrompue.
En Union soviétique, la bière des « pays-amis » comme la Pologne et la Tchécoslovaquie était disponible, mais en quantités limitées. Les boissons étrangères n’apparurent sur les étalages qu’une fois que le « rideau de fer » fut tombé et de nombreuses usines russes lancèrent alors la production de bière sous licences des marques mondiales. Pourtant, Jigoulevskoié reste toujours aimée en Russie.

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