Le 22 juin 1941, Hitler lance 5,5 millions d’hommes sur le front de l’Est, quelque 5 000 avions et 3 700 chars qui vont en faire le plus grand théâtre d’opérations de la Seconde Guerre mondiale. Les premières semaines, l’URSS subit d’énormes pertes militaires et civiles. Dès la fin de l’année, près de 3,9 millions de soldats sont faits prisonniers. En 1942, l’Allemagne commence à en déporter dans des camps de travail forcé en France. Certains d’entre eux réussiront à s’évader pour poursuivre le combat au sein de la Résistance. Parmi eux, Oleg Ozerov.
La guerre surprend Oleg le 22 juin 1941 à la frontière entre la Pologne et l’URSS, où ce soldat de 19 ans sert dans l’Armée rouge. En août de la même année, à l’issue de semaines de lutte sans répit, son armée, refoulée vers le centre de l’Ukraine, se retrouve encerclée par la Wehrmacht.
Le 1er juillet 1978. Oleg Ozerov dépose des fleurs au pied d’un monument aux maquis de Lorette. Crédit : RIA Novosti
« Les Allemands ont immédiatement abattu les juifs, les communistes et les instructeurs politiques. Ensuite ils ont fusillé le cinquième soldat de chaque rangée, puis le dixième. Après quoi nous avons été conduits de force dans la chaleur insupportable, sans boire ni manger, à travers l’Ukraine vers l’ouest », relate le vétéran, 75 ans après sa capture. En Pologne, les prisonniers sont embarqués dans un train à destination de l’Allemagne. Le jeune soldat n’a qu’une idée en tête : s’évader…
En territoire ami
Passé par l’enfer de toute une série de camps de concentration et de travail, Oleg Ozerov est transféré en France avec d’autres prisonniers de guerre en 1943, lorsque les Allemands entament la construction du mur de l’Atlantique.
« Tôt le matin, j’ai vu à travers la vitre du train un homme portant une casquette et j’ai reconnu l’uniforme français. J’ai levé le poing et l’ai salué – "Rotfront!" – comme il était de coutume chez les antinazis, raconte Oleg. L’homme a sorti un drapeau rouge de cheminot et l’a agité. J’ai alors su que nous étions en territoire ami ».
Affecté à la construction d’une base pour la réparation des sous-marins allemands à Bordeaux, Oleg n’abandonne pas l’idée de s’évader. En mars 1944, avec l’aide de Fadeï Voronichtché, alias Paul, membre de l’organisation clandestine du Part communiste français, il se fait la belle avec cinq autres camarades. L’objectif est de rejoindre les maquis de Lorette qui mènent leurs actions dans les départements du Lot-et-Garonne et de la Gironde, mais avant, il faut survivre dans la clandestinité et prendre contact avec le réseau dans le plus grand secret, l’aide aux prisonniers soviétiques en fuite étant passible d’exécution de familles entières. On mesure d’autant mieux le risque assumé par les passagers du car transportant Ozerov et ses camarades lors d’un contrôle à la sortie de Bordeaux.
« Quand la police a donné l’ordre de descendre du car, nous avons échangé quelques paroles entre nous. Alors, les autres passagers ont compris qui nous étions. Ils ont aussitôt sympathisé avec nous, nous donnant sandwiches et cigarettes, et fait comme si nous étions des leurs ». Le contrôle n’alla pas plus loin.
Maquisard de la Gironde
« Les maquisards avaient beaucoup de respect pour les Russes, qui ont apporté avec eux la discipline, l’expérience de la guerre et des camps de travail », témoigne Oleg Ozerov. Avec son groupe, il participa à des opérations de sabotage sur les routes, les voies ferrées et les ponts, bravant la police de Pétain.
Après le débarquement des Alliés en Normandie en 1944, les maquisards intensifieront leurs actions et n’hésiteront plus ni à s’engager dans des combats ouverts, ni à participer à la libération des villes du sud-ouest de la France : Saint-Basle, Marmande, la Réole, Langon, Bordeaux.
En septembre 1945, Ozerov regagnera l’URSS. Il parviendra à entretenir une correspondance avec ses frères d’armes français et sera même autorisé, en dépit du rideau de fer, à se rendre à plusieurs reprises en France. Il luttera pendant des décennies pour faire reconnaître en URSS les mérites des Soviétiques ayant rejoint les maquis, pour lesquels il finira par obtenir le statut de « Combattant volontaire » en 1992, année où il créera l’Association interrégionale des vétérans soviétiques de la Résistance française.
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