Gros plan sur l'enquête sur la famille du tsar

Des femmes tiennent des icônes représentant la famille des Romanov canonisée en 1981.

Des femmes tiennent des icônes représentant la famille des Romanov canonisée en 1981.

AP
Selon la version officielle, la famille du tsar Nicolas II a été exécutée, mais la nuit du 16 au 17 juillet 1918 reste aujourd’hui encore entourée de légendes. Quelqu’un aurait-il pu en réchapper ? L’enquête n’est toujours pas terminée mais RBTH répond aux questions les plus importantes sur la fin de la famille impériale de Russie.

Comment les dépouilles ont-elles été découvertes ?

Les restes de cinq membres de la famille du tsar et de leurs valets ont été découverts par hasard aux environs de Ekaterinbourg en 1991. Il n’y avait pourtant aucune trace du tsarévitch Alexeï ni de la grande-duchesse Maria. Les avis des spécialistes sont partagés : pour les uns, il s’agit bien de la famille du tsar, pour les autres, ce n’est pas le cas. Le parquet général de Russie a lancé une enquête qui a permis d’identifier les dépouilles inhumées dans la cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg.

Pourquoi une nouvelle enquête ?

Les restes des deux membres manquants de la famille – l’héritier du trône Alexeï et la grande-duchesse Maria – ont été découverts en 2007. Depuis ils restent dans les Archives d’Etat de Russie, mais les spécialistes œuvrent en faveur de leur ensevelissement dans la cathédrale Pierre-et-Paul, aux côtés des leurs.

Fin novembre, le dossier a été remis au département d’enquête des affaires de grande importance et pour réaliser une nouvelle expertise génétique, il a fallu exhumer la dépouille du tsar Alexandre III.

Qui avait enquêté sur cette affaire auparavant ?

Il y a eu deux enquêtes. D’abord celle des Blancs, dirigée par les juges d’instruction Namiotkine, Sergueïev et Sokolov. Ce dernier a rassemblé le plus grand nombre de documents qui ont joué un rôle clé dans les investigations.

Une deuxième enquête a été entamée en 1993, après que le procureur général de Russie a intenté des poursuites pénales.

La législation russe ne prévoit pas de délai de prescription pour les meurtres avec préméditation et une nouvelle enquête a été ouverte.

Le tsar Nicolas II (1868-1918) avec sa femme Alexandra et ses enfants Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, et Alexeï, en 1941. Crédit : Getty Images

Pourquoi la nouvelle enquête est importante pour l’Eglise orthodoxe russe ?

En 2000, l’Eglise orthodoxe russe a canonisé les membres de la famille du tsar qui sont vénérés comme des martyrs. Par conséquent, il est très important d’éviter toute erreur concernant les restes qui sont inhumés dans la cathédrale Pierre-et-Paul.

L’Eglise partage l’avis de l’historien et membre de l’Académie des sciences, Véniamin Alexeïev, qui doute du fait que « les reste de Ekaterinbourg » appartiennent à la famille impériale.

Pourquoi ces doutes ?

Véniamin Alexeïev cite les témoignages d’une serveuse qui affirme avoir apporté des déjeuners aux filles de Nicolas II après la date officielle de leur exécution.

En outre, d’après les archives de l’enquêteur Sokolov, le pouvoir soviétique a tenu des négociations avec des diplomates allemands sur « la protection de la vie de la famille du tsar » après l’exécution des Romanov.

Se référant à ses collègues étrangers, Véniamin Alexeïev indique que l’ancien empereur allemand Guillaume II, qui était le parrain de la grande-duchesse Olga, lui a versé une pension jusqu’en 1941.

Autre sujet de réflexion : des pièces de monnaie datant de 1930 ont été trouvées à côté des ossements d’Alexeï et de Maria.

Et si l’historien faisait erreur ?

Nombreux sont ceux qui le croient. Pour le moment, chacun de ses arguments se heurte à un contre-argument : la serveuse aurait sciemment induit en erreur les enquêteurs Blancs ; les bolcheviks voulaient préserver le secret sur le sort de la famille du tsar alors qu’ils poursuivaient les négociations ; les pièces de 1930 ont pu se retrouver dans le sol après l’enterrement.

L'enquêteur Nikolaï Sokolov à Ganina Yama, lieu de la tentative d'anéantissement des corps de la famille royale. Source : Archive d'État de Russie

Etait-il possible qu’un membre de la famille du tasr ait survécu ?

Cette thèse existe. Certains estiment que les lieux de l’enterrement sont des faux réalisés par le pouvoir soviétique après la Révolution d’Octobre et que tous ou certains membres de la famille du tsar ont réussi à se sauver.

L’Américaine Anna Anderson se faisait passer pour la grande-duchesse Anastasia : le fait a été reconnu par le grand-duc Andreï, cousin de Nicolas II. Toutefois, les autres membres de la maison impériale ont publié la Déclaration des Romanov où ils reniaient tout lien de parenté avec elle.

Y a-t-il eu d’autres imposteurs ?

Ils sont au moins 230. L’histoire dispose d’informations sur 34 Anastasia, 53 Maria, 33 Tatiana et 28 Olga mais avec 81 Alexeï, c’est bien ce dernier qui dispose du plus grand nombre de « clones ». Deux femmes se sont même fait passer pour des filles que l’empereur n’a jamais eues : Alexandra et Irina.

Que voulaient ces imposteurs ?

Selon certaines informations, la famille du tsar avait des comptes en banque en Europe et tous les imposteurs avaient des vues sur ces fonds. Anna Anderson a essayé de prouver son identité impériale auprès de la justice sans toutefois y parvenir.

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