Crédit : Maria Tchobanov
La fête d’Ivan Koupala, version panslave de la Saint-Jean, a donné lieu à un spectacle folklorique haut en couleurs qui s’est déroulé le 24 juin à Paris, au Bois de Boulogne, près du lac. C’est l’association Théâtre populaire sous la direction d’Ivanna Netchay, la chanteuse professionnelle et fine connaisseuse du folklore et coutumes des peuples slaves originaire d’Odessa, qui a offert aux Parisiens cette fête insolite, héritée de la culture préchrétienne.
Crédit : Maria Tchobanov
La fête de Koupala, célébrée autour du solstice d’été, est une fête du feu et de l’eau, de la fertilité et de la puissance de la nature. Elle est connue sous différents noms dans de nombreuses cultures indo-européennes. Dans sa version slave, elle a pour thèmes fondateurs l'union du féminin et du masculin ainsi que la puissance et la vivacité des plantes.
Les anciens étaient persuadés qu’à cette période de l’année, les plantes médicinales avaient un pouvoir curatif particulier. Chaque plante a sa spécialité et sa charge symbolique dans la mythologie des peuples slaves. Certaines peuvent guérir, d’autres effrayer les mauvais esprits, résoudre les problèmes sexuels ou protéger l’habitat et les animaux domestiques. C’est pour cette raison que la couronne d’herbes et de fleurs est un attribut indispensable d'un rituel de Koupala. Elle est remplie de l’énergie du soleil qui est ainsi transmise à l’homme.
Crédit : Maria Tchobanov
Parmi les herbes de Koupala, la fougère jouit d’une popularité particulière. Selon les légendes slaves, la fougère fleurit un court instant dans la nuit à la veille d'Ivan Koupala. Il est très difficile de cueillir cette plante, d'autant plus que les forces du mal intimident l’humain pour l’en empêcher, car son porteur acquiert la capacité de prédire l’avenir, de trouver des trésors et de découvrir les misères du monde.
Crédit : Maria Tchobanov
« Le message principal de cette fête, comme je le comprends, est que c’est la nature qui est supérieure à l’homme et non pas le contraire. Il ne faut pas attendre un tsunami ou un tremblement de terre pour déterminer sa place dans cette hiérarchie, il faut savoir être modeste, être en mesure d'interagir avec toutes les formes de vie en les respectant.
Crédit : Maria Tchobanov
Je ne veux pas faire de la pédagogie, mais il me semble qu’en assistant à cette fête, les gens s’ouvrent intuitivement à ce savoir-faire ancestral. Pour nous, les russophones qui vivent en Europe, c’est très important de connaître nos racines, parce que sans nos propres racines l’intégration dans une société étrangère est encore plus compliquée », explique Ivanna Netchay.
Ivanna Netchay. Crédit : Maria Tchobanov
Le feu purificateur, partie intégrante de cette fête, n’étant pas autorisé au Bois de Boulogne, d'autres activités comme les danses en ronde, le tissage de couronnes, les jeux et rituels traditionnels, auxquels le public participait avec beaucoup d’enthousiasme, n’ont pas manqué ce soir. Les chants en russe, ukrainien et biélorusse ont été entendus tout au long de la fête.
Crédit : Maria Tchobanov
Fondé il y a tout juste un an, l’association Théâtre populaire a déjà monté plusieurs spectacles interactifs basés sur la promotion des traditions et coutumes slaves, héritées des temps anciens. « Nous sommes originaires de différents pays, réunis jadis dans l’espace de l’Union soviétique, et nous sommes très fiers d’avoir des racines et cultures en commun. Nous voulons partager nos traditions, faire découvrir notre culture et c’est le but essentiel de cet événement », insiste Ivanna.
Tout le monde a pu participer à la décoration de « la marraine » – jeune arbre qui symbolise la naissance du monde. On accroche à ses branches des rubans colorés, où chaque couleur revêt sa propre signification. Le rouge symbolise l’amour, le vert – la santé, le jaune – l’opulence, le marron – la stabilité et la sécurité, le lilas – l’harmonie et le bleu – les douze espoirs. Chacun peut faire un vœu et choisir une bande de la couleur correspondant le mieux à ses besoins pour l’accrocher à l’arbre. Sera-t-il exaucé ? L’essentiel est d’y croire !
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