Russie, France: une amitié en orbite

Maria Tchobanov
Gros plan sur le livre De Gagarine à Thomas Pesquet – L’entente est dans l’espace

De Gagarine à Thomas Pesquet – L’entente est dans l’espace. Le titre du livre publié par Louison éditions et présenté au public à la librairie du Globe ce mardi 13 juin pourrait être un slogan d’un nouveau parti politique transcontinental dont le but est de fédérer les pays et les peuples autour de l’intérêt commun – l’avenir de l’humanité toute entière.

Crédit : Maria TchobanovCrédit : Maria Tchobanov

Depuis quelque mois, la France a un nouveau héros national : l’astronaute Thomas Pesquet. Sa popularité auprès du grand public dépasse probablement la cote des stars de la musique et du nouveau président de la République. Sa mission aux côtés d’Oleg Novitski et de Peggy Whitson a été extrêmement médiatisée et fut une vraie réussite à en juger par l’atmosphère de collaboration, de fraternité et d’amitié qui régnait au bord de la Station internationale et durant l’entraînement sur Terre. Le tout dans un contexte géopolitique compliqué entre l’Europe, la Russie et les États-Unis.

« Quand Thomas Pesquet est parti en mission, en bonne ex-soviétique je me suis dit qu’il fallait absolument faire quelque chose pour le moment de l’atterrissage. Nous avons décidé de sortir un livre et nous nous sommes adressés aux grands spécialistes de l’espace. Au moment où la Russie est touchée par les sanctions il y un endroit où les Russes, les Français et les Américains s’entendent parfaitement, c’est l’espace. C’est comme ça que l’idée du titre est venue », a expliqué l’éditrice Natalia Turine.

Crédit : Maria TchobanovCrédit : Maria Tchobanov

Mais l’idée du livre est de remonter au-delà de cette mission particulière. Ingénieur, journaliste et écrivain, Eric Bottlaender, co-auteur de l’ouvrage, a expliqué qu’à ses yeux il était très important de rappeler que la mission à succès de Thomas n’était que la face visible de l’iceberg, que les racines de cette réussite remontent jusqu’aux années 60 et « qu’elle est fondée sur les principes qui ont permis aux 10 astronautes français de franchir la seule frontière qui possède vraiment notre planète, celle de l’Espace ».

Pierre-François Mouriaux, journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur l’espace et l’astronomie, et autre auteur du livre, a précisé au correspondant de RBTH que l’idée était de mettre en avant le fait que dans l’espaceon est vraiment au-delà des frontières dans tous les sens du terme, et que la collaboration au niveau de l’exploration humaine et de la recherche scientifique dans l’espace fonctionne bien et depuis longtemps en dépit de tous les contextes géopolitiques. Cette collaboration existait même en pleine guerre froide, depuis 1975, quand les Américains et les Russes ont appris à travailler ensemble. « C’est encore des fois un peu compliqué, parce que la culture, les automatismes sont toujours là. Souvent les astronautes sont des anciens pilotes, qui ont appris à se battre contre un ennemi, qui souvent était désigné. Pour l’Américain c’était le Soviétique et vice versa. Un jour on leur a dit : vous allez voler ensemble. Finalement, on se rend compte que c’est une aventure humaine qui fonctionne très-très bien », affirme Pierre-François Mouriaux.

Pierre-François Mouriaux, Eric Bottlaender et Claudie Haigneré. Crédit : Maria TchobanovPierre-François Mouriaux, Eric Bottlaender et Claudie Haigneré. Crédit : Maria Tchobanov

Le livre est sorti le lendemain de l'atterrissage des astronautes. Il raconte comment s’est forgée cette collaboration en mettant au cœur du récit les Français qui ont volé d’abord avec les cosmonautes russes, puis avec les Américains, et maintenant dans les programmes internationaux. Le texte est enrichi de citations, d’extraits de livres ou d’interviews, ainsi que de petites anecdotes racontées par les astronautes eux-mêmes. Les auteurs ont même réussi au mois d’avril à contacter sur la Station spatiale internationale Oleg Novitski, le commandant du Soyouz MS-03, pour qu’il contribue à l’écriture de la préface de l’ouvrage depuis l’espace. 

Pierre-François Mouriaux avoue que « la vague Thomas Pesquet » contribuera certainement à la sortie de nombreux autres livres dédiés à la conquête spatiale. Toutefois, De Gagarine à Thomas Pesquet – L’entente est dans l’espace restera le premier de cette lignée et a le mérite d’aller au-delà de cette dernière mission, de présenter tout l’historique de cet entente et de donner la parole aux astronautes qui ont vécu cette aventure.

D’ailleurs, une des héroïnes de cette formidable aventure, Claudie Haigneré, première Française de l’espace, était présente à la librairie du Globe pour le lancement de l’ouvrage, ce qui a bien évidemment provoqué de nombreuses questions du public au sujet de son expérience personnelle d’astronaute, mais aussi de cette entente si importante dont le livre parle.

« L’Espace c’est une matière formidable : elle fait rêver et oblige à nous poser les questions, à regarder un peu au-delà de nos problèmes du quotidien. Son exploration est une chose très complexe et on peut réussir seulement si on est ensemble, en particulier pour l’exploration habitée, les voyages sur la Lune ou sur Mars. Il faut donc arriver à trouver une façon de coopérer. Moi, j’ai vraiment vécu cette rencontre, cet échange, ce partage avec les collègues russes. Nous avons mis toute notre énergie à faire en sorte de se comprendre, de résoudre les problèmes et d’avancer.

Ce livre reprend toute une histoire qui s’est construite avec des moments formidables mais aussi compliqués. C’est important de se dire que la coopération ce n’est pas toujours facile. Aujourd’hui le seul moyen d’accès à la Station internationale c’est le vaisseau russe Soyouz. Les Américains l’ont accepté, mais à un moment donné ce n’était pas évident. Mais comme c’était la seule façon de faire en sorte que ça marche, il a fallu trouver la solution et accepter. Notre humanité, l’ensemble des pays du monde ont besoin de s’écouter avec respect et envie d’avancer ensemble », a témoigné Claudie Haigneré.

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