Mais pourquoi Pouchkine est-il si cool?

Source libre

1. Créateur de la langue russe moderne

Pouchkine (1799–1837) est considéré, à juste titre, comme le créateur de la langue russe moderne. Il rejeta le canon classique utilisé pour les odes aux empereurs et franchit la frontière entre le style littéraire ampoulé et la langue parlée vivante. Ses œuvres sont écrites dans une langue qui reste encore parlée et écrite par les Russes à ce jour.

2. Un nombre record de genres

Son génie était incroyablement vaste : Pouchkine écrivit des odes classiques, des poèmes romantiques, des poèmes d’amour et des poèmes du quotidien, des romans en vers, des drames historiques, de la prose réaliste, des romans, des nouvelles, des contes et des notes de voyage. Et cette liste de ses créations n’est pas exhaustive.

3. Il savait écrire sur tout

Il traça les principaux sujets qui captiveront les écrivains du 19e, et même du 20e siècle. Les souffrances de l’homme ordinaire, l’opposition entre un héros extraordinaire et la société, le choix douloureux entre bonheur personnel et devoir, la révolte du héros solitaire contre le système – ces sujets, que Pouchkine fut le premier à aborder, serviront de base aux œuvres d’autres grands écrivains russes tels que Dostoïevski, Tolstoï, Tchékhov et Bounine.

4. Encyclopédie de la vie russe

Alexandre Pouchkine, autoportrait, 1829. Crédit : Vostock-PhotoAlexandre Pouchkine, autoportrait, 1829. Crédit : Vostock-Photo

Le roman en vers Eugène Onéguine est l’une des principales œuvres de Pouchkine. Au milieu du 19e siècle, il fut surnommé « l’encyclopédie de la vie russe », tant la description de la vie et de la culture russes par Pouchkine est exhaustive.

Opéra, ballet et de nombreuses adaptations théâtrales renforcent et multiplient la célébrité mondiale de l’œuvre. Le roman fut écrit sur plusieurs années (de 1823 à 1831), changeait et évoluait avec Pouchkine et son époque.

5. Parler simplement des choses les plus complexes

La simplicité apparente est une autre cause de la popularité des œuvres de Pouchkine. Ses formules régulières donnent la fausse impression d’être écrites dans un élan d’inspiration, mais un bref coup d’œil sur les cahiers de Pouchkine montre qu’il travaillait minutieusement sur chaque phrase. Il crée des images perceptibles en deux-trois mots seulement pour graver le tableau dans l’esprit du lecteur.

6. Farceur audacieux

Bien qu’après sa mort, il occupa une place très spéciale dans la culture russe, il était infiniment loin de l’image de créateur sérieux et de prophète de son vivant. Doté d’un sens de l’humour et d’un style tout en finesse, il aimait glisser un gros mot dans ses versets et rédigeait des épigrammes mordantes contre les fonctionnaires de haut rang. Cela lui valut des duels et des problèmes avec les autorités.

Le lycée de Tsarskoïe Selo où Alexandre Pouchkine faisait ses études, 1831. Crédit : Vostock-PhotoLe lycée de Tsarskoïe Selo où Alexandre Pouchkine faisait ses études, 1831. Crédit : Vostock-Photo

7. Il souffrit pour la vérité

Pouchkine vécut plusieurs années d’exil pour son Ode à la liberté, comportant ses mots : « Tyrans du monde, frémissez ! Et vous, prenez courage et voix, Révoltez-vous, esclaves déchus ! » Alexandre Ier exile le poète d’abord dans le Sud de la Russie, puis dans sa propriété familiale à Mikhaïlovskoïe (région de Pskov). Pouchkine fréquentait de nombreux décembristes (révolutionnaires qui exigeaient l’adoption d’une constitution et des libertés pour les citoyens) et, s’il n’avait pas été en exil, il aurait sans doute participé au soulèvement décembriste de 1825 à Saint-Pétersbourg. Il n’était pas partisan du renversement du tsar – il ne faisait que défendre la liberté et l’espace privé pour chacun et luttait contre la censure. « Dans tout l'univers il n'y a pas de bonheur /Mais il y a une quiétude et une liberté sans limites » est sa formule de ce que l’homme russe cherchera toujours à travers les âges.

8. Un corpus incroyable de poèmes d’amour

Pouchkine aimait et chérissait la beauté féminine. Il avait la réputation de Don Juan et est l’auteur d’un des principaux poèmes d’amour de la poésie russe : « Je vous aimais… et mon amour peut-être /Au fond du cœur n'est pas encore éteint ». Par ailleurs, dans son roman en vers Eugène Onéguine, il formule la règle centrale de la cour en Russie « moins nous aimons une femme, plus nous lui plaisons facilement ».

9. Objet de discussion chez les grands écrivains

De nombreux écrivains reconnurent la grandeur de Pouchkine. En 1880, Dostoïevski prononça un long discours sur les qualités du poète lors d’une réunion de la Société des amateurs de la littérature russe. « Pouchkine a su admirablement incarner en lui l’âme de tous les peuples. C’est un don qui lui est particulier ; cela n’existe que chez lui, comme aussi ce don prophétique qui lui fait deviner l’évolution de notre race », est l’une de ses thèses. Ivan Tourgueniev, auteur du roman Pères et fils prononça également un discours sur Pouchkine lors de l’inauguration de son monument à Moscou : « Son essence, toutes les qualités de sa poésie correspondent à l’essence et aux qualités de notre peuple ».

10. Culte à l’époque soviétique

Un véritable culte de Pouchkine émergea en URSS. Chaque classe de littérature et la grande majorité des appartements arboraient une reproduction de ses portraits par Tropinine ou Kiprenski. Dès 1937, des célébrations commémoratives marquaient le centenaire de sa mort, son 150e anniversaire fut également largement célébré. Pour ses anniversaires, on lançait la production de cigarettes « En mémoire de Pouchkine », d’allumettes « Pouchkine », de timbres, vaisselle, savon, parfum et autres objets à son effigie. Pouchkine devint un symbole national. 

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies