L'entrée principale à l'usine ZIL.
RIA Novosti/Yuri ZaritovskiyL’histoire de la légendaire ZIL (Zavod Imeni Likhatchiova) commence en 1916, quand le gouvernement de l’Empire russe approuve le programme de construction de six usines automobiles dans le pays. La plus grande d’entre elles, AMO à Moscou (la future ZIL), devait fabriquer, sous licence de l’italien FIAT, des camions de 1,5 tonne. Les célèbres architectes Alexandre Kouznetsov, Arthur Loleit et Constantin Melnikov sont invités à élaborer le projet architectural. La révolution les empêchera d’en achever la construction mais permettra au nouveau pouvoir soviétique de nationaliser l’usine en 1918 et de la transformer en ateliers automobiles. Ce n’est qu’en 1924 que les premiers camions soviétiques y seront fabriqués. En 1975, la ZIL produit jusqu’à 2 000 véhicules par an. Avec l’effondrement de l’URSS, les capacités de l’usine sont considérablement réduites et le site entame son long déclin.
L’architecture
La ZIL est considérée, à juste titre, comme l’un des meilleurs exemples de l’architecture industrielle du ХХème siècle, les fragments conservés de style moderne se marient avec les lignes sobres de la fin du constructivisme. Le bâtiment rouge de l’administration de l’usine, conçu par Ivan Joltovsky et le jeune Constantin Melnikov entre 1916 et 1918, est le mieux conservé de tous. Cependant, le symbole emblématique de la ZIL, c’est le bâtiment d’un étage avec trois travées de la fonderie, avec son immense façade en verre et ses colonnes carrées de béton armé. La façade, déclarée monument du constructivisme, a été illégalement démolie en 2015, ce qui a déclenché une vague de critiques de la part des associations de riverains. « Le nombre de bâtiments historiques démolis sur le territoire de la ZIL est anormalement élevé », explique le coordinateur du mouvement Archnadzor, Constantin Mikhaïlov. « Tout ce qui composait la façade de la ZIL pendant des décennies, hormis le bâtiment de l’administration de l’usine, a été détruit. La seule chose qu’on peut saluer, c’est l’ouverture de l’allée principale qui mène à la Moskova. Cette rue, conçue dans l’esprit du constructivisme, qui pendant longtemps n’était accessible qu’aux employés de l’usine, deviendra désormais un espace public ».
L’avenir
Fin 2011, l’administration de Moscou a lancé un concours international pour le projet de développement de la zone industrielle ZIL, envisageant d’y créer un nouveau quartier appelé à devenir un centre d’affaires et de culture. Le concours a été remporté par le projet du bureau d’architecture Projet Maganom, portant sur la construction d’un quartier résidentiel avec des centres culturel et éducatif, ainsi que des sites sportifs, commerciaux et de loisirs. Le tout, sur un territoire de plus de 250 ha. Enfin, la création d’une grande zone verte permettra de relier le parc Bitsevski et Lossiny Ostrov. Pour relier le territoire de la zone industrielle à la chaussée Varshavskoïe et à la station de métro Nagatinskaïa, les architectes ont proposé de construire un pont. La principale particularité du projet, c’est le refus délibéré d’immeubles élevés : tous les bâtiments comptent de 6 à 14 étages, la seule exception étant celle d’une tour de 150 mètres de haut, conçue par l’architecte américain Hani Rashid (Asymptote Architecture) avec une silhouette incurvée insolite qui accueillera des appartements, des bureaux et des commerces.
Un quai avec des pistes cyclables et une promenade sera aménagé le long de la Moskova. La rue centrale sera consacrée aux sites culturels – théâtres, musées, une salle de concert de 3 000 places et des galeries marchandes. Ainsi, le secteur nord de la ZIL accueillera la filiale moscovite du musée de l’Ermitage (également un projet de Hani Rashid) et le théâtre dramatique dirigé par Constantin Bogomolov, célèbre pour les spectacles qu’il a conçus pour le légendaire théâtre MKhAT Tchékhov, à Moscou. La reconstruction a démarré cette année et s’étalera sur six ans.
« La transformation de ce territoire en un nouveau quartier situé à proximité immédiate du centre historique et des quartiers résidentiels créera de nouveaux emplois et des centres culturels, souligne Gleb Vitkov, directeur du laboratoire d’urbanisme à l’École des hautes études en sciences économiques. En outre, cela donnera une bonne impulsion au développement de la zone dite médiane de Moscou, et donc à la réduction de la charge pesant sur le noyau historique qui centralise environ 40% des emplois ».
Centre d’art contemporain Vinzavod. Au début du XIXème siècle, le territoire de l’actuel Vinazvod accueillait la brasserie du marchand Nikofor Prokofiev, puis, dans les années 1870-1880, la Société russe de brassage et d’hydromel (Brasserie de Moscou) des frères Ivan et Cyril Taroussine. À l’époque soviétique, l’usine fut abandonnée. En 2007, l’entrepreneur Roman Trotsenko y a fondé le Centre d’art contemporain Vinzavod qui accueille des galeries privées, des salles d’exposition et des boutiques. Les anciens ateliers vinicoles ont été adaptés pour les besoins des galeries par l’architecte Alexandre Brodsky.
Krasny Oktyabr. La célèbre confiserie moscovite fut bâtie par la compagnie Einem dans la dernière décennie du XIXème siècle. Après la Révolution, l’usine fut nationalisée et renommée Fabrique d’État de confiseries N°1, anciennement Einem. En 1922, elle reçut son nom actuel. En 2007, l’atelier a été transféré dans la fabrique Babaïev et Krasny Oktyabr a commencé à devenir un pôle artistique. Entre 2004 et 2009, les bâtiments accueillaient le centre culturel ARTStrelka. Aujourd’hui, les anciens ateliers de chocolat, appartenant à Guta Development, sont loués par l’institut Strelka, de grands bureaux d’architectes, des agences de publicité, des rédactions de presse, des galeries et des boutiques.
Loft Projet Etagi. Le plus célèbre loft de Saint-Pétersbourg se trouve dans l’enceinte de l’ancienne boulangerie Smolny depuis 2007. La fondatrice du projet Maria Romachova a décidé de transformer les intérieurs conservés de l’usine du XIXème siècle en un centre culturel à part entière. Aujourd’hui, le loft accueille sept espaces d’exposition, des boutiques, des cafés et même un hôtel. L’espace organise des concerts, des conférences et des événements caritatifs, alors qu’en été, le toit de ce bâtiment en briques de cinq étages devient une terrasse d’observation.
16thLINE PROJECT. La plus célèbre galerie d’art contemporain de Rostov-sur-le-Don a ouvert ses portes il y a six ans sur le territoire de l’ancienne fabrique de pâtes du marchand Nalbandov. L’entrepreneur et collectionneur Evgueni Samoïlov a restauré les ateliers de cette usine du XIXème siècle et y a installé un espace d’exposition, une bibliothèque et un restaurant. En 2012, la galerie a accueilli un festival d’art de rue, dont le souvenir est immortalisé par les grands graffiti qui ornent les bâtiments de briques de l’ancienne usine. Un an plus tard, le site artistique MAKARONKA a ouvert ses portes dans la rue adjacente, la 18ème ligne, pour accueillir le théâtre indépendant 18+, une galerie d’art contemporain et des ateliers d’artistes.
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