Illustration par O.G. Vereysky, 1972
Le Monsieur de San Francisco (1915)
Un riche gentilhomme voyage en Italie à bord du navire Atlantide. À son arrivée à Capri, l’homme meurt soudainement. Son corps devient un fardeau pour tout le monde, même sa propre famille qui ne sait pas quoi en faire. Ce n’est pas dans la cabine première classe qu’il revient en Amérique, mais au fond de la cale, où tournent les immenses et funestes mécanismes du navire.
Abram Derman, critique et contemporain de Bounine, disait à propos de cette nouvelle-parabole : « Plus de dix ans nous séparent des œuvres de Tchékhov, et durant cette période, aucun écrit paru en langue russe, à l’exception des œuvres de Léon Tolstoï publiées à titre posthume, ne vaut la puissance et la portée de la nouvelle Le Monsieur de San Francisco ».
Le Sacrement de l’amour (L'Amour de Mitia)(1924)
Katia, étudiante et petite-amie de Mitia, fait ses classes d’actrice, mûrit et se moque de ses gamineries. Mitia est déchiré par la passion et la jalousie et quitte Moscou pour la campagne afin de se retrouver. Là, le jeune homme s’adonne à l’amour charnel avec une campagnarde dans une hutte, ce qui le fait souffrir encore plus. Katia lui envoie une lettre pour annoncer qu’elle le quitte pour le directeur du théâtre. Mitia met alors fin à ses jours.
Fédor Stepoune, philosophe et ami de Bounine, écrivait que dans L'Amour de Mitia, Bounine ne montre pas seulement un étudiant perdu dans ses sentiments, mais « dévoile la tragédie de tout amour humain ». La nouvelle peut être considérée comme érotique.
Jours maudits (1925-26)
Rejetant le bolchévisme et le pouvoir soviétique, Bounine, qui sympathisait avec les russes blancs, émigra en France en 1920. Son journal Jours maudits, qui reflète cette époque trouble et douloureuse de l’histoire russe, fut partiellement publié par un hebdomadaire de la diaspora russe à Paris. En URSS, le livre ne fut publié qu’à la pérestroïka, car il était empli de haine à l’égard des bolcheviks et de déception vis-à-vis de la révolution. « Étaient-ils nombreux à ne pas savoir que la révolution est un jeu sanguinaire d’échange de places qui mène toujours le peuple, quand bien même il parviendrait un temps à occuper la place du maître, y festoyer et y tempêter, à tomber de la poêle dans la braise », écrit Bounine dans Jours maudits.
La Vie d'Arséniev(1927-33)
C’est ce roman, publié à Paris en 1930, qui valut à Bounine le prix Nobel de littérature pour « la maîtrise rigoureuse avec laquelle il développe les traditions de la prose russe classique ».
Le roman décrit l’enfance et l’adolescence d’Alexeï Arséniev et son amour pour Lika contre la volonté du père de la jeune femme. Lika fuit Arséniev, celui-ci tente de la retrouver, mais son père cache où elle se trouve. À la fin, Arséniev apprend qu’elle est décédée plusieurs mois auparavant et avait demandé de ne pas l’en informer. Bounine avait également une bien-aimée avec laquelle, comme le protagoniste de son livre, il vivait une relation extraconjugale. Le roman recèle de nombreux autres motifs autobiographiques – des lieux et des personnages liés à la vie de Bounine.
L’écrivain Konstantin Paoustovski considérait La Vie d'Arséniev comme l’un des événements les plus remarquables de la littérature mondiale.
Les Allées sombres (1938-1946)
L’une des nouvelles les plus célèbres du recueil Les Allées sombres, intitulée Premier lundi du Carême, parle d’un amour mystérieux et des rencontres nocturnes silencieuses entre deux jeunes protagonistes fortunés. Le premier lundi de Carême, le jeune femme demande au protagoniste de prendre congé et lui annonce qu’elle part. Deux ans plus tard, il la voit parmi les sœurs d’un monastère moscovite.
L’écrivain considérait Les Allées sombres comme l’une de ses meilleures œuvres. Les nouvelles ont souvent été mises en scène ou adaptées au cinéma et font partie du cursus scolaire obligatoire en Russie. La première nouvelle du recueil éponyme fut publiée en 1938 à New York ; les suivantes, écrites pendant la Seconde Guerre mondiale - à Paris.
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