Ces couples d’écrivains russes qui ont marqué le XXe siècle

Zinaïda Hippius – Dmitri Merejkovski

De gauche à droite : D. Filossofov, D. Merejkovski, Zinaïda Hippius et Zlobine. Source libre

De gauche à droite : D. Filossofov, D. Merejkovski, Zinaïda Hippius et V. Zlobine. Source libre

La poétesse Zinaïda Hippius et l’écrivain et philosophe religieux Dmitri Merejkovski, l’un des fondateurs et théoriciens du symbolisme russe, sont l’un des couples littéraires les plus célèbres de l’"Age d’argent". Les époux aspiraient à bâtir des relations familiales du futur, basées sur la philosophie de Merejkovski sur le prochain avènement du Troisième Testament censé rapprocher l’art et la religion, et abroger l’ascétisme chrétien.

En d’autres termes, ils voulaient créer une mini-commune où « l’amour libre » irait de pair avec la coïncidence de vues des membres. Ils vécurent ensemble 52 ans « sans se séparer ne serait-ce qu’un seul jour », comme écrivait Zinaïda Hippius, tout en ayant tour à tour des relations en dehors du couple.

Ossip Mandelstam - Marina Tsvetaïeva 

Source : TASS / RIA Novosti

Source : TASS / RIA Novosti

Ces deux poètes appartenaient à des mondes totalement différents. Lui, fils d’un commerçant juif, elle, fille d’un professeur de l’Université de Moscou et fondateur du Musée des beaux-arts Pouchkine.

Leur histoire d’amour ne dura que six mois, de février à juin 1916. Au début, leur relation était imprégnée d’admiration réciproque qui, très vite, se mua en froideur. Marina Tsvetaïeva tombait souvent amoureuse et se désintéressa rapidement d’Ossip Mandelstam. « Ossip est gentil, mais très faible et égoïste », affirma-t-elle. Elle espérait qu’un jour, il apprendrait à aimer « non pour soi, mais au nom de l’être aimé ». Leur romance a légué à l’histoire de la littérature plusieurs poésies bouleversantes écrites par les deux poètes.

Nikolaï Goumilev  – Anna Akhmatova

De gauche à droite : Nicolaï Goumilev, Lev Goumilev, Anna Akhmatova. Source : L. Gorodetsky

De gauche à droite : Nicolaï Goumilev, Lev Goumilev, Anna Akhmatova. Source : L. Gorodetsky

Elle avait 14 ans lorsqu’ils se sont rencontrés, lui, 17. Goumilev était un jeune homme fragile et maladif qui admirait Oscar Wilde et rêvait d’un amour pur et d’une passion dévorante. Cherchant à copier son idéal, il portait un haut-de-forme et bouclait parfois ses cheveux. Akhmatova était son opposé : vive, spontanée, audacieuse, admiratrice fervente de Baudelaire.

Pour Goumilev, ce fut le coup de foudre, mais sans retour. Pour elle, il était étrange et un peu comique. Il la demanda en mariage à trois reprises, mais elle refusa à chaque fois. Il s’enfuit en France pour l’oublier. Il tenta même de mettre fin à ses jours : d’abord en se noyant à Trouville puis en ingérant du poison dans le bois de Boulogne, mais il fut retrouvé et secouru à chaque fois.

En 1909, Akhmatova accepta enfin de devenir la femme de Goumilev. Ils vécurent en couple pendant huit ans, mais Nikolaï passa une grande partie de ce temps à l’étranger, voyageant à travers l’Afrique et l’Europe. Leur fils, Lev, fut élevé par la mère de Goumilev. Ils divorcèrent en 1919.

Deux ans après leur séparation, Goumilev fut exécuté sur fausse accusation de complot. Anna Akhmatova, qui gardait soigneusement les poésies de son ex-mari, consacra beaucoup d’énergie et de temps à leur édition.

Bella Akhmadoulina - Evgueni Ievtouchenko 

Source : V. Malyshev/RIA Novosti; Valentin Mastykov, Vladimir Savostyanov/TASS

Source : V. Malyshev/RIA Novosti; Valentin Mastykov, Vladimir Savostyanov/TASS

Bella Akhmadoulina et Evgueni Ievtouchenko sont deux représentants de « la génération des années soixante ». Leurs noms s’associent à la période de réchauffement politique sous Nikita Khrouchtchev. Ils firent connaissance en 1954, se marièrent trois ans plus tard et divorcèrent après trois ans de vie commune.

Leur relation fut tumultueuse : Evgueni Ievtouchenko disait qu’ils se fâchaient souvent, mais se réconciliaient rapidement. D’après leurs contemporains, Bella était très jolie et était toujours entourée d’une foule d’admirateurs, tandis que le mari, fou de jalousie, donnait à la chèvre de la voisine les bouquets de fleurs envoyés à son épouse.

La grossesse inattendue de Bella Akhmadoulina marqua un tournant dans leur vie. Son mari ne voulant pas d’enfant à l’époque, elle céda à son insistance et avorta. Leurs rapports s’effritèrent très rapidement et aboutirent au divorce. Après leur séparation, Ievtouchenko répétait : « Notre amour n’est pas mort, il a cessé d’exister ». Il tenta même de faire revenir Bella Akhmadoulina. En vain.

Malgré toutes les difficultés, les anciens époux ont réussi à rester en bons termes. Quand le poète célébrait son mariage avec sa dernière femme, Maria, Bella est même venue les aider à dresser la table.

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