Char belge fabriqué à Liège aux années 30 du XXe siècle. Crédit : Léonid Sokolnikov
Il y a plus de cent ans, le fort de Boncelles, un ensemble défensif titanesque, fut construit à proximité de la ville belge de Liège. Après deux guerres mondiales, les ruines décrépites et effrayantes de l’ancienne plus importante forteresse d’Europe ont été envahies par les buissons et les mauvaises herbes.
Jusqu'à ce qu'en 2005, le jeune entrepreneur Serge Alexandroff ne décide de lancer un audacieux projet visant à transformer les ruines de l’ancien fort en un complexe muséal impressionnant.
« L'idée de la création du musée a germé il y a 15 ans. À cette époque, j'ai remarqué que l'on accordait en Europe un grand intérêt à la réhabilitation de la mémoire des années écoulées. Je savais qu'ici, dans le bourg de Boncelles, existait un immense fort lourdement fortifié. Nous voulions que les touristes visitent les sites historiques afin que les adultes comme les enfants n'oublient pas leur histoire », explique Serge.
Pour lui, la conservation du patrimoine historique n'est pas simplement un passe-temps, c'est aussi un pan de l'histoire familiale. Le grand-père de Serge a servi dans l'armée tsariste russe, a combattu au début du XXe siècle dans la Première guerre mondiale, puis a participé à la lutte contre les bolcheviks et est devenu officier dans l'Armée blanche.
Le sort l'a conduit en Bulgarie, où est né le père de Serge en 1926. Adolescent de 15 ans, les tournants brutaux de l'histoire mondiale le conduisent en 1944 à prendre les armes. S'en suit une longue et terrible captivité, sa participation à la Résistance et son installation en Belgique en 1951.
« J'y suis né en 1958. J'ai été baptisé en l'honneur de mon célèbre grand-père Sergueï, avec le nom de famille Alexandroff de mon père », raconte Serge, qui perpétue la tradition militaire de sa famille. Education militaire, infanterie de marine, « points chauds » et service dans une unité d'élite des forces spéciales. Son désir de créer sa propre exposition militaire remonte à l'enfance.
« A-t-il été difficile de créer un musée ? Non ! Les vétérans ont très bien réagi à cette idée. C'était un défi ! Mais j'aime beaucoup les défis. Et j'aime surtout les surmonter », raconte Serge. « J'ai mis dans ce musée tout ce que j'avais. À la fin des fins, je suis parvenu à monter quelque chose qui n'existe dans aucune autre collection similaire ».
Les étages du musée recèlent aujourd'hui des pièces historiques rares. Les premiers casques d'acier au monde, des armes de soldats de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, des photographies originales de ces terribles années, le formulaire militaire des défenseurs du fort et les équipements de l'ennemi. Des balles, obus et munitions.
La collection de Serge comporte également des ordres et distinctions de l'armée tsariste russe, des insignes militaires honorifiques de l'armée rouge et une légendaire mitrailleuse Maxim. La clairière du musée abrite une colonne de chars authentiques, des « Tigres » autrefois redoutés, des énormes « Ferdinand » capables de balayer tout ce qui vit pendant le combat, de l'artillerie automotrice et des véhicules blindés.
« La guerre est affreuse. J'espère que nous n'aurons plus jamais à vivre cette tragédie, explique Serge. Je trouve assez inquiétant que l'Europe et les États-Unis interprètent chacun à leur manière les événements du printemps 1945. Je voudrais que ce musée ne serve que la vérité. Je connais peu la Russie, mais je veux apprendre autant que possible à son sujet et transmettre aux autres ».
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