Novossibirsk : scandale autour d’une mise en scène, le directeur de l’opéra limogé

Crédit : Alexander Kryajev/RIA Novosti

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Le directeur du théâtre d'opéra de Novossibirsk Boris Mezdritch a été relevé de ses fonctions en raison du scandale qui a éclaté suite à une représentation de l'opéra Tannhäuser de Richard Wagner. Le ministre russe de la Culture, Vladimir Medinski, a lui-même annoncé la nouvelle. Il a déjà nommé son remplaçant : le directeur général du théâtre Mikhaïlovski, Vladimir Kekhman.

« Je suis heureux d'avoir pu résister à la pression, de ne pas avoir trahi le spectacle. Malheureusement, nous n'avons pas pu tenir jusqu'au bout et gagner cette bataille. Je suis reconnaissant envers tous ceux qui nous ont soutenus », commente Mezdritch dans une interview à Izvestia.

L’intéressé a appris son renvoi dimanche matin, « en rencontrant le premier vice-ministre russe de la Culture, Vladimir Aristarkhov, à l'aéroport : c'est là qu'il m'a indiqué que mon contrat était terminé et que Kekhman allait me remplacer ».

La première de l'opéra Tannhäuser, dont le metteur en scène Timofeï Kouliabine a décidé de transposer l'action à notre époque, a eu lieu en décembre 2014. Le héros principal, Heinrich Tannhäuser, y présente au public un film érotique, La Grotte de Vénus, qui met l'accent sur les passions du jeune Jésus dans la grotte des déesses de l'amour. Dans la mise en scène, ce film crée le scandale. Mais la fiction a dépassé la réalité.

Un représentant de l’Église orthodoxe a écrit au procureur un mois après la première, accusant le metteur en scène et le directeur du théâtre de profanation des symboles religieux. Le bureau du procureur a engagé des poursuites administratives pour insulte publique à l'image du Christ dans l’Évangile. Fin mars, la cour a rejeté l'affaire pour manque de preuves. Le bureau du procureur a ensuite contesté cette décision de la cour.

Magomedsalam Magomedov, directeur adjoint de l'administration présidentielle russe, a commenté le renvoi de Mezdrtich : « Une certaine représentation d'opéra a mené à une confrontation entre laïcs et religieux. Le ministère de la Culture devait intervenir en publiant sa position et en prenant des décisions concrètes en matière de personnel ». Selon lui, le répertoire, surtout celui des théâtres d’État, « doit être observé par des experts à certaines étapes du processus de création ».

Le nouveau directeur du théâtre de Novossibirsk, Vladimir Kekhman, a déclaré que le sort de Tannhäuser serait fixé plus tard. Plus tôt, lors d'une réunion au ministère de la Culture, il avait souligné « qu'en tant que croyant, orthodoxe, juif », cette représentation était pour lui « une insulte ». Voire une « démonstration de la méchanceté profonde des athées ». Et d'ajouter : « Je ne cache pas avoir discuté aujourd'hui avec Mezdritch, qui m'a dit que le spectacle irait jusqu'à la fin. Je pense au contraire qu'il doit donner sa démission, et que le spectacle doit être retiré du répertoire ».

En soutien aux créateurs du spectacle et au « droit des artistes à la liberté de création », plusieurs personnalités culturelles russes se sont prononcées, notamment le directeur du théâtre Tchekhov Oleg Tabakov, celui du théâtre des Nations Evgueni Mironov, le chef de l'Académie des Arts Zourab Tsereteli, ou encore le directeur général du théâtre Bolchoï, Vladimir Ourine.

Sources : TASS, Izvestia, RIA Novosti

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