Blinis au potiron: un rayon de soleil en plein hiver

Même si les Russes fêtent le retour du soleil au printemps en faisant des blinis, la variante hivernale au potiron est tout aussi efficace pour lutter contre la dépression.

Janvier a débuté pour de bon. Ce n'est pas la période de l'année la plus gaie à Moscou : il fait froid et les journées sont très courtes. Le TAS (Trouble Affectif Saisonnier ou dépression hivernale) s'est abattu sur la ville.

Le TAS est semble-t-il un phénomène récent, car ma grand-mère dit de quelqu'un qui n'a pas le moral : « Il / elle souffre de.... de dépression, voilà ! » Vu son expression, les soviétiques ont dû adopter ce mot uniquement pour parler des « gens douillets » de notre époque, et eux-mêmes n'avaient certainement pas le temps de déprimer.

Crédit : Anna Kharzeeva

En russe, un même mot désigne les recettes de cuisine et les ordonnances médicales : retsept. Heureusement que les livres de cuisine russes comportent une recette de blinis au potiron – sous la rubrique « recettes d'antan » – comme remède pour lutter contre cette dépression « pour mauviettes ».

Elle semble parfaite pour se remonter le moral. Je suis tombée dessus cet été, mais j'ai patiemment attendu d'être en hiver pour avoir une bonne excuse de faire une recette au potiron.

Les blinis existent depuis longtemps en Russie. Parce qu’ils sont ronds, bien chauds et dorés, ils nous rappellent le soleil, et on les prépare donc à l'occasion de la Maslenitsa, cette fête païenne qui célèbre l'arrivée du printemps pour en manger non-stop pendant une semaine. Cette semaine-là, je m'adonne assidûment au paganisme. Et la semaine suivante, c'est au sport que je suis assidue.

Sous l'ère soviétique, la Maslenitsa était tout de même fêtée discrètement dans les appartements, mais pas aussi intensivement qu'à notre époque.

Ma grand-mère se souvient que lorsqu’ ils ont été « évacués » (ce dont elle parle souvent, en évoquant cet épisode de la Seconde Guerre mondiale, où tous les habitants de Moscou durent quitter la ville et fuir à la campagne), ils ont fait étape dans un village. Leur hôtesse a préparé toute une assiettée de blinis au froment. « Je me souviens encore qu'elle a servi les blinis arrosés de beurre fondu : c'était divin ! », ajoute-t-elle.

On dirait que les Russes se considèrent comme au-dessus du lot pour ce qui est de manger des blinis. J'imagine tout à fait un habitant d'une ville russe dire : « Je n'ai pas à me vanter de quoi que soit, mais je sais au moins préparer quelques dizaines de blinis ».

Tchekhov a écrit une nouvelle intitulée Stupide Français, dans laquelle un Français croit que son voisin de table russe essaye de se suicider en mangeant trop de blinis, alors que c'est un repas normal pour ce dernier.

La chanteuse d'opéra Galina Vichnevskaïa a écrit dans ses mémoires qu'elle n'avait pas grand-chose à servir quand elle recevait des invités étrangers, mais grâce au ciel, ils n'avaient déjà plus faim au bout de trois blinis. Il va sans dire qu'un Russe ne se conterait jamais de trois blinis ou il risquerait de voir sa citoyenneté russe révoquée !

Afin de montrer que je suis une vraie Russe en mangeant des blinis, j'ai dévoré tous mes blinis au potiron en quelques services à peine (moins les trois blinis que mon mari étranger a emportés à son travail).

Ils ne ressemblent pas aux plats soviétiques que j'ai l'habitude de manger – surtout en ajoutant de la cannelle – et pour vous dire la vérité, ce n'est pas une authentique recette soviétique, mais ces blinis feront passer n'importe quelle déprime hivernale. En plus, vous pouvez réutiliser cette idée dans quelques mois pour la Maslenitsa, le mardi gras russe !

Blinis à la purée de potiron

La page 280 du « Guide soviétique pour une nourriture saine et délicieuse » (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Préparation :

1. Faites cuire un 1 kg de potiron épluché et coupé en dés jusqu'à ce qu'il soit bien tendre. Passez-le au chinois pour en faire une purée.

2. Mélangez la purée de potiron avec 1 L de lait, et portez le tout à la température du lait frais.

3. Ajoutez 15 g de levure et 3 œufs au mélange lait-potiron. Mélangez bien.

4. Ajoutez 2 à 2 tasses ½ de farine, jusqu'à ce que la pâte ait la bonne consistance.

5. Laissez reposez 2 h dans un endroit chaud. Puis ajoutez 1 cuillerée à soupe d'huile, 1/2 tasse de sucre, et une pincée de sel.

6. Laissez à nouveau reposer au chaud pour que la pâte gonfle. Formez ensuite des blinis et faites-les cuire.

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