Cendrillon, Théâtre Mariinsky, 2002
Crédit : Iouri Belinski / ITAR-TASS
En commandant à Ratmansky ce ballet en trois actes de Prokofiev, le théâtre a porté le chorégraphe de 36 ans du rang de débutant à celui de professionnel de haut niveau. Seul un maître peut donner vie à ce genre de partitions, et Ratmansky l'a fait comme l'un des plus grands. Il a invité d'autres artistes, Ilya Outkine et Evgueni Monakhov, qu'il aurait été auparavant impossible d'imaginer sur la scène académique russe.
Ensemble il ont conçu un hommage à l'utopie soviétique du ballet, avec une « valse des étoiles » citant subtilement la « valse de Mochkov » et les « études de Glier », que les ballerines adoraient danser avant la guerre et au son desquelles marchaient avec enthousiasme les jeunes du Komsomol.
Le Clair ruisseau, Théâtre du Bolchoï, 2003
Crédit : E.Fetisova / Bolshoï
L'idée de faire renaître un ballet soviétique réprimé sur la vie dans les kolkhozes a été accueillie avec scepticisme par plus d'un. Mais Ratmansky a choisi de se concentrer principalement sur la musique colorée et grotesque de Chostakovitch. Cependant, sous le voile du kolkhoze était caché un véritable vaudeville français, où le mari-agronome n'a aucune idée que sa femme du kolkhoze a étudié à l'école de ballet, ce qui donne lieu à de nombreuses situations comiques.
Le clou du ballet est le solo d'un danseur classique avec un vieux paysan, qui doit jouer le rôle d'une partenaire-Sylphide. Dans cette scène le chorégraphe a finement joué avec le style du vieux ballet, la danse sur les pointes par un homme, et la psychologie masculine même. Contre toute attente, le spectacle a rencontré un grand succès lors de la tournée du Bolchoï à Paris et à Londres, et l'American Ballet Theater a même monté ce ballet sur la scène du Metropolitan Opera de New-York.
Saisons russes, New York City Ballet, 2006
Crédit : New York City Ballet
Loin des réalités russes et des querelles de ballerines, Ratmansky a monté un ballet mordant basé sur la musique des chants du Nord russe, recueillis et revisités par le compositeur Leonid Desyatnikov. La musique de ce dernier sera, pour le chorégraphe, au moins aussi importante que celle de Chostakovitch.
Malgré le nom du ballet, on n'y retrouve pas de détails ethnographiques : ces danses rappellent les rondes traditionnelles de manière subtile, comme les tuniques des ballerines les sarafanes, et la coloration nationale du spectacle ne vient pas des couvre-chef des danseurs mais du jeu irrégulier des rythmes.
Ces combinaisons semblent très claires et le mouvement est facilement reconnaissable. Tantôt le festin, tantôt la grande nostalgie, sont incarnés par cinq couples de danseurs, et chacun de ces dix personnages conduit, à un moment, le reste du groupe.
Opéra, Théâtre La Scala de Milan, 2013
Crédit : Teatro alla Scala
Ce spectacle créé dans la maison d'opéra la plus connue d'Europe a dévoilé que Ratmansky était plus qu'un simple connaisseur et admirateur du passé du ballet soviétique. En collaborant de nouveau avec Leonid Desyatnikov, il a voulu rendre hommage au grand art d'avant-Mozart.
Dans ce spectacle, les majestueux dieux et héros antiques se livrent à des festins baroques sur les textes de Metastasio et en paraphrasant Gluck. La chorégraphie conserve également tous les paradoxes subtils des rythmes de Ratmansky et la densité diabolique des mouvements de chaque action musicale.
Paquita, Ballet d'État de Bavière, 2014
Crédit : Ballet d'État de Bavière
DIAPORAMA : Don Quichotte et Giselle sur la scène du Lincoln Center de New York
Cet ancien ballet de Petipa est un autre amour de Ratmansky. Quand il dirigeait le ballet du Bolchoï, Ratmansky avait monté en collaboration avec Yuri Burlak un luxueux Corsaire. Paquita est une autre pièce rare du répertoire de ballet. Pour reconstituer cette œuvre perdue après la Révolution, il a dû étudier les archives de l'Université d'Harvard. La ballet crée une harmonie parfaite du passé et du présent.
Toutes les péripéties du destin d'une aristocrate française élevée dans un campement de bohémiens en Espagne sont racontées par des pantomimes expressifs. Les jambes de ballerines ne montent pas jusqu'aux oreilles mais se soulèvent délicatement un peu plus haut que la taille.
Leurs partenaires n'essaient même pas de lancer les danseuses au-dessus de leur tête mais touchent à peine leur ceinture, en les retenant dans des positions pittoresques. La bohémienne se permet d'accepter la proposition de l'aristocrate épris d'elle seulement quand elle découvre ses origines nobles.
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