La fresque de Vroubel à East Side Gallery, à Berlin. Crédit : Reuters
Dmitri Vroubel est l’auteur de milliers d’œuvres, mais une seule lui a apporté la célébrité : le Baiser fraternel entre Brejnev et Honecker, peint sur le Mur en 1990, avec l’inscription « Mon Dieu ! Aidez-moi à survivre à cet amour mortel ».
C’est le fruit du hasard. A cette période, tout le monde tague et peint sur le Mur, y compris des artistes de renommée mondiale. Parmi eux, par exemple, le peintre et dessinateur Keith Haring. Il est l’auteur d’une composition en jaune, rouge et noir, dessinée sur le pan ouest du mur. La fresque de Vroubel, elle, se situe côté est.
« C’est une photographie parue dans Paris Match qui m’a inspiré, se souvient l’artiste. C’est une amie qui me l’avait montrée, et j’ai tout de suite su qu’elle deviendrait mon prochain sujet. Tout le monde me demande pourquoi le Baiser a survécu à son époque pour devenir un symbole universel. Tout d’abord, il parle d’amour, avec une certaine touche d’érotisme. Il s’agit tout de même d’un vrai baiser, passionné. Qui plus est entre deux hommes. Deux hommes âgés. C’est déjà le symbole de toute époque. Deuxièmement, les personnages sont reconnaissables : ce sont deux dirigeants. Ce ne sont pas des personnages fictifs, mais des figures connues du monde entier. Enfin, ce sont deux énormes visages. La fresque est immense, ce qui lui donne une certaine puissance artistique. On ne peut pas imaginer le Baiser à taille réduite, il perdrait tout son sens ».
Dmitri Vroubel dans sa galerie. Crédit : PhotoXPress
Toutes ces années, la fresque n’a pas cessé d’être exposée, et avec succès. Mais l’intérêt pour cette œuvre n’est pas venu tout de suite. Au début, Brejnev et Honecker semblaient faire partie de ce passé que l’on veut oublier vite et pour toujours. En plus, un bout de mur est un support trop peu fiable. Il a même failli être détruit dans les années 1990–91. Et un peu plus tard, en 1996. Et puis en 2009, pour les 20 ans de la chute du Mur, sa restauration a été entreprise, alors qu’il ne restait déjà plus grand chose du Mur.
Aujourd’hui, des morceaux sont conservés au musée de Nordbahnhof, et des copies de fresques imprimées sur du vinyle sont exposées au musée de Checkpoint Charlie. Une autre copie se trouve au musée de Madame Tussauds, à Londres. La fresque de Vroubel a été reprise partout, si bien qu’à Berlin, on la retrouve dans toutes les boutiques de souvenirs. L’artiste vit désormais en Allemagne. Il s’est établit dans la capitale il y a cinq ans, et lorsqu’il entre dans un magasin ou chez le coiffeur, il sort sa carte de visite avec l’image du Baiser, et tous sourient. Le Baiser provoque toujours des émotions positives.
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