L'Ermitage en expansion

Crédit : Lori/Legion Media

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Cette année, l'un des musées les plus riches du monde et le plus grand trésor artistique russe célèbre son 250e anniversaire. RBTH s’est intéressé aux projets du musée pour les deux siècles et demi à venir.

En 2014, le musée de l'Ermitage a été désigné meilleur musée d'Europe par les utilisateurs du principal portail touristique TripAdvisor, devant l'Académie des beaux-arts de Florence et le musée d’Orsay.

Pour son 250e anniversaire, l'Ermitage vit un nouvel âge d'or. Il n'a connu un tel essor qu'à l'époque de sa fondatrice, Catherine II. En 1764, l'impératrice posa la première pierre de la collection de l'Ermitage après avoir acheté 225 œuvres de peinture hollandaise, flamande et italienne à un marchand berlinois. Aujourd'hui, le musée conserve 96 œuvres de la collection originale, installée initialement dans des appartements isolés du palais, d'où le nom du musée, « ermitage » signifiant un lieu retiré. Toutefois, l'Ermitage n'est plus aujourd'hui une collection privée dissimulée dans quelques pièces. Comme tout musée de renommée mondiale, il a des filiales à l'étranger.

Pour la ville et pour le monde

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L'Ermitage s'est tourné vers l'international en 2000, quand il a ouvert une filiale au Somerset House à Londres (fermée en 2007). En 2001, il a ouvert une filiale à Los Angeles (fermée en 2008). Les succursales d’Amsterdam et de Venise ont suivi.

Pourtant, le principal tournant dans la vie du musée ces dernières décennies a eu lieu dans sa ville natale, quand il a obtenu l'usufruit du bâtiment de l'état-major de la Garde impériale, situé de l’autre côté de la place du Palais, qui n’avait jamais fonctionné comme musée auparavant. Depuis 1829, année de sa construction, les couloirs de cet édifice étaient arpentés non par les amateurs de beaux-arts, mais par des officiers. En 2012, pour la première fois, des œuvres d'art sont exposées dans ses salles. Et le musée, qui menait une politique d'exposition plutôt conservatrice et ne présentait que rarement de l'art contemporain, obtient une aile entière pour présenter les créations d'aujourd’hui.

Pour présenter l'art contemporain, une aile entière a été construite. Crédit : PhotoXPress

Désormais, les nouvelles salles de l'Ermitage accueillent des expositions retentissantes tous les ans. En 2012, l'exposition « Jake et Dinos Chapman. The End of Fun » a fait scandale : les artistes américains y ont caricaturé leur attitude à Auschwitz. L'année dernière, lors de l'exposition « Art contemporain du Japon », l'installation de Motoi Yamamoto a attiré l'attention du public – sur le parquet de la salle de l'état-major, l'artiste a dessiné un labyrinthe de sentiers de sel. Cette année a été marquée par la biennale européenne d'art contemporain Manifesta, qui s'est tenue à Saint-Pétersbourg. « La Russie n'avait jamais connu une exposition d'un tel niveau et d'une telle importance », confie le directeur de l'Ermitage Mikhaïl Piotrovski. « Jusque-là, nous organisions nos propres expositions, parfois bonnes, parfois mois bonnes. Là, nous avons accueilli une exposition créée en Europe et pour l’Europe. Elle a quitté les frontières de l’Union européenne pour la première fois ».

L'historienne de l'art Natalia Semionova souligne cet aspect unique de l'Ermitage : « Aucun musée russe, hormis l'Ermitage, ne dispose de réserves (salles où sont conservées les pièces ne faisant pas partie de l'exposition permanente) qui permettent au public d'apprécier une quantité formidable de pièces jamais vues auparavant ». Des visites guidées sont organisées dans les réserves, elles disposent de salles de conférences et de salles de travail.

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L'Ermitage en chiffres

2,5 millions de visiteurs par an

La collection compte plus de 3 millions de pièces, dont des trésors anciens, des chefs d'œuvre de l'Antiquité, des œuvres d'art oriental et slave

L'art de l'Europe occidentale est représenté par plus de 600 000 œuvres

120 salles d'exposition permanente situées dans quatre bâtiments

Plus de 2 500 employés

John Varoli, journaliste américain et spécialiste de la culture russe qui a vécu 13 ans en Russie, estime que la localisation de l'Ermitage dans le bâtiment unique du palais d'Hiver lui confère un avantage par rapport à d’autres grands musées : « Le Louvre, par exemple, possède une collection plus intéressante, mais son bâtiment est austère et sans attrait, alors que le palais d'Hiver, cet édifice magnifique, mais confortable, des tsars russes, impressionne par ses intérieurs. Bien souvent, ils attirent plus l'attention des visiteurs étrangers que la collection du musée, indiscutablement, l'une des meilleures au monde ».

Nouvelle ère

Comme d'habitude, l'Ermitage célébrera son 250e anniversaire le 7 décembre. « Nous ouvrirons tout. L'aile est de l'état-major, le nouveau bâtiment à Staraïa Derevnia, le bâtiment du Petit Ermitage, l'annexe derrière le théâtre de l'Ermitage », promet Piotrovski. « Nous avons de nombreux projets », ajoute-t-il. « Les prochaines grandes expositions sont « L'Archéologie à l'Ermitage », « Les Nouvelles acquisitions », « La restauration à l'Ermitage », ainsi qu'une exposition de vitrines et d'histoire du design muséal ». Toutefois, le principal objectif de l'Ermitage pour l'avenir est de préserver ce musée qui conserve l'expérience mondiale et de chercher à rendre cette expérience encore plus accessible, sans pour autant chercher absolument à monétiser la marque. « À travers le monde, en essayant de comprendre quels sont les critères du succès d'un musée, on a souvent une lecture comptable », conclut Piotrovski. « En réalité, le critère du succès d'un musée est l'implication dans sa vie de ceux qui le visitent, qui vivent dans la même ville, dans le même pays. Un grand musée comme l'Ermitage est une institution culturelle très démocratique : il peut accueillir beaucoup de monde, il est largement accessible, on peut toujours y trouver des choses qui intéressent des publics très différents ».

 

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