Les séries télévisées russes à l’assaut du marché mondial

La série "Euphrosyne" compte près de deux cents épisodes. Crédit : kinopoisk.ru

La série "Euphrosyne" compte près de deux cents épisodes. Crédit : kinopoisk.ru

Les séries télévisées russes commencent à se vendre à l’étranger. Qui les achète et pourquoi ?

En 2014, le marché du film sur petit écran et des séries télévisées indique que de nombreuses séries russes sont devenues compétitives et que de nombreux pays s’y intéressent. En 2012, le mot « série » était connoté négativement en Russie. Les acteurs avouaient honteusement, à demi-mot, qu’ils jouaient dans telle ou telle série. Idem pour les réalisateurs. Les chaînes de télé, à quelques exceptions près, préféraient miser sur des programmes ou des films achetés à l'étranger. Pourtant, à l’époque déjà, la télévision russe diffusait des séries policières comme Secret d’enquête ou La rue des lampadaire brisés, qui atteignent facilement la dizaine de saisons. Il convient de citer également quelques mélodrames de renom, comme par exemple Alliance ou Euphrosyne, qui comptent chacune près de deux cents épisodes. Les Russes, qui représentent un large public, sont particulièrement friands de séries brésiliennes et mexicaines, ainsi que du très populaire Santa Barbara (que tout le monde regardait dans les années 90). Aujourd’hui, le public préfère les séries nationales, mêmes lorsqu’elles sont de moins bonne facture.

La situation s’est radicalement inversée il y a tout juste deux ans. Les Russes ont commencé à créer leurs propres séries télé, dont la demande ne cesse de croître. A l’époque, la tendance est lancée en 2012 par le sitcom Filles à papa, diffusée par la chaîne STS, une série originale, dont le concept est revendu et adapté avec succès en Allemagne. Depuis, les séries télé russes font un carton d’audience et intéressent les chaînes étrangères comme les compagnies de distribution.

Stalingrad, le NKVD ou les œuvres classiques

La mini-série Cendre raconte l'histoire d'un voleur et d'un policier du NKVD (services secrets soviétiques) qui échangent leurs places. Crédit : kinopoisk.ru

Parmi les genres les plus prisés par les téléspectateurs étrangers, l’histoire et les œuvres classiques. Ce n’est pas pour rien qu’en 2013, lors du marché international des contenus audiovisuels MIPCOM, le stand de la holding médiatique publique russe VGTRK avait mis à l’honneur, à grand renfort de publicité, la série Vie et destin adaptée du roman de Vassili Grossman, une œuvre en son temps censurée qui traite de la Seconde Guerre mondiale. (Cette année, la même place est occupée par la série Les Possédés de Dostoïevski). L’histoire, surtout celle des Première et Seconde Guerres mondiales, connaît une demande particulièrement vigoureuse auprès des Allemands. Le succès des producteurs de Stalingrad l’a assez prouvé. Le film, le premier au format IMAX, est en partie adapté du roman de Vassili Grossman Vie et destin et a enregistré de bon chiffres d'audience en Chine (7 000 achats de droits de diffusion), aux Etats-Unis, et dans les pays d’Europe centrale et orientale.

En 2013-2014, la mini-série Cendre, l'histoire d'un voleur et d'un policier du NKVD (services secrets soviétiques) qui échangent leurs places, s’est bien vendue, notamment sur des marchés importants comme ATF à Singapour, Filmart à Hongkong, MIP TV à Cannes. Quant aux séries Romanov et Raspoutine, leur succès débute dès le stade de la prévente sur ces mêmes marchés, plus les Etats-Unis et le Canada. Sans compter que Raspoutine est sorti aux formats à la série et film.

Les séries russes Les trois mousquetaires de Sergueï Jigounov et Sherlock Holmes et le Dr Watson d’Andreï Kavoun font parties des incontournables : aucun marché international ne peut tenir sans eux. La relecture des classiques occidentaux « à la russe » constitue un phénomène curieux pour les téléspectateurs étrangers. Mais les classiques russes jouissent d'un attrait encore plus important. Au cours de l’un des derniers marchés internationaux de contenus audiovisuels, la plateforme de VOD américaine Digitalia, spécialisée dans les vidéothèques pour universités, dont Harvard et Stanford, a mené des discussions sur l’achat d’un forfait de 100 heures de films documentaires et adaptations télévisées de classiques russes.

Sitcoms, pour rire à la russe

La série Cuisine consacrée à la vie d’un restaurant chic. Crédit : kinopoisk.ru

Le public étranger affiche un vif intérêt pour les sitcoms russes. Ainsi, la série Cuisine consacrée à la vie d’un restaurant chic, qui détient la palme du sitcom le plus coûteux de l’histoire de la télévision russe, connaît un véritable succès sur tous les marchés mondiaux les plus en vues. Chose rare, un film a été réalisé à partir de la série télé : Cuisine à Paris, une comédie destinée au public d’Europe centrale et orientale. Actuellement, un deuxième film est en cours de réalisation, Cuisine en Chine, pour le cinéma asiatique.

Mais l'intérêt des étrangers est principalement orienté sur le film d’animation russe, en particulier les séries animées. Le dessin animé soviétique Nu, Pogodi ! (« Attends voir ! »), ou les plus récents Smechariki (« boules amusantes »), Fixiki et Macha et l’ours jouissent d'un franc succès, en particulier sur les marchés asiatiques.

Les sociétés russes de vente de contenu audiovisuel et numérique élargissent aujourd’hui leur présence sur tous les principaux marchés de télévision du monde. Toutes les grandes chaînes russes disposent d’un service de commercialisation destiné à l’étranger.

Vlad Ryachine est président de la société Star Media, l’un des plus gros producteurs de séries russes :

« L’Europe centrale et orientale est désireuse d’acquérir nos séries et films historiques ou actuels. Ainsi, la série Sœurs de sang, sortie en Russie sur la Première chaîne en 2008, a été vendue à ce jour à plus de 30 pays ».

« Notre drame documentaire Les Romanov a été vendu en France avec des droits de doublage et nous sommes impatients de découvrir sur quelle chaîne et quand il sortira. «Les Romanov» a également été acheté par History Channel en Grande-Bretagne. Ils nous ont d’ailleurs aussi acheté La Grande guerre, qu’ils ont rebaptisé The World War 2 : The Soviet Storm ».

 

Réagissez à cet article tweetant @rbth_fr #cinéma


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies