La beauté fait-main

Crédit : Valéri Melnikov/RIA Novosti

Crédit : Valéri Melnikov/RIA Novosti

Chaque année, à l’approche de l’été, un commerce de rue se met en place à Moscou : sur les grandes et moins grandes places de la ville, les vendeurs d’art décoratif déploient leurs tables-vitrines. Sur ces petits marchés, on trouve de petites boîtes laquées et des chandeliers, des T-shirts imprimés, des bibelots en tout genre et des robes transformables fait-main. Mais le plus important, ce pour quoi se battent tous les fashionistas, ce sont les bijoux fait-main.

Un peu d’histoire

Aujourd’hui, les accessoires de mode faits à la main ne sont plus seulement un moyen abordable (le prix moyen du produit est d’environ 29 euros) de diversifier sa garde-robe et de faire preuve d’originalité. Ils permettent également de se sentir impliqué dans le style de vie des personnes libres et créatives, qui respectent les valeurs de l’écologie durable, de l’authenticité et de l’approche émotionnelle d’un produit. Ce type de bijoux s’accorde avec n’importe quel style vestimentaire, lui ajoutant une certaine dose de légèreté, d’insouciance. Ajusté à un collier en métal ou en céramique, le costume de bureau classique perdra ainsi automatiquement son caractère officieux et agressif. Grâce à un long collier de perles en argent et en pierres, un costume « d’écolier » strict pour fille renverra tout de suite une image plus mystérieuse et romantique. Ces petits gadgets sont une façon de se dégager de la consommation de masse, de montrer son appartenance au courant hispter.

Et pourtant, tout a commencé au VIIIème siècle avant J.C, lorsque les anciennes tribus slaves ont commencé à s’intéresser aux premiers bijoux et accessoires. Chez les peuples slaves, les boucles d’oreilles, bagues et colliers massifs étaient particulièrement appréciés. Les bijoux étaient considérés non seulement comme une chose agréable permettant de rendre heureux et de faire disparaître le stress, mais aussi comme un symbole de richesse et de prospérité, qui portait chance et protégeait  du mauvais oeil. De fabrication artisanale, ces bijoux étaient tout simplement faits main.

Les Slaves antiques étaient de vrais fashionistas. Leurs boucles d’oreilles préférées étaient généralement longues et ajourées et les colliers, de deux types : de fils de verre, de métal et de pierres semi-précieuses, de perles et d’anneaux en métal de diverses formes, souvent avec des ajouts décoratifs insolites. Des modèles aujourd’hui particulièrement en vogue.

Les bandeaux de tête et diadèmes redevenus récemment à la mode étaient à l’époque particulièrement populaires. L’historien tchèque Lioubor Niderle écrit à ce propos : « les plus importants et caractéristiques pour les Salves sont les anneaux entrelacés dans les cheveux. Un accessoire original, qui s’accrochait des deux côtés de la tête, devant, et derrière les oreilles, couvrant les tempes ou descendant jusqu’aux épaules. Suspendus à un bandeau ou à un diadème, ils entouraient le crâne ou bien étaient tissés dans les cheveux ».

À tous ceux fatigués de la civilisation

Crédit : Taras Listvenko

Perles de feutre et bracelets en bois peints, boucles d’oreilles en céramique et bagues forgées à partir de symboles scythes et slaves, tous cela, on peut le trouver lors de manifestations annuelles comme « D’autres choses », « Pommes du paradis », etc. Dans les loft, les participants-vendeurs (et le plus souvent fabricants) peuvent louer des stands pour une somme modique et y exposer leurs produits le temps du festival, généralement deux jours. Les visiteurs achètent leur billet d’entrée (entre 5 et 7 euros) et peuvent ensuite se déplacer librement entre les tables pour choisir les bijoux fabriqués maison et à la main, à partir de matériaux recyclés. Par exemple, la collection de boucles d’oreilles, pendentifs et broches dans un style rétro, fabriqués à partir de bronze, d’éléments en verre, de dentelle et de perles sont particulièrement populaires. Les bijoux en bois, ou plutôt en contreplaqué, les broches en forme de petits animaux dessinés à la peinture acrylique et les boucles d’oreilles et pendentifs fabriqués à la façon des « dentelles de bois » russes connaissent également un grand succès.

Les gens peuvent vendre leurs objets sur ces marchés ou sur d’autres lieux comme les show-rooms, par exemple au « show-room Khokhlovkka ».

Le fait-main, pratiqué en plus d’une profession initiale à plein-temps, est devenu un phénomène courant : chargés de marketing ou journalistes, ils créent, pendant leur temps libre, des boucles d’oreilles et des colliers de pierres semi-précieuses, imaginent leur propre design d’accessoire qu’ils écouleront le plus souvent via les amis d’amis. Ces gens, qui fabriquent toutes ces belles choses, sont principalement mus par un besoin de créativité. « Mes amis s’étonnent  de me voir arriver à tout gérer, et surtout, me demandent à quoi ça me sert. Pour moi, c’est juste un plaisir : me poser, le soir, avec mes perles et faire quelque chose de tangible, de réel, et non la sélection d’information ou l’étude de dossier, mais une chose », confie Natalia, chargée de marketing la journée et créatrice de collier de perle le soir.

Lieu dangereux de tentation pour les amateurs d’accessoires et bijoux faits main, le portail Web Livemaster, où sont enregistrés plus d’une centaine de professionnels des arts et métiers de toute la Russie, et pas seulement. Ici, comme sur le marché réel, il est possible d’acheter un bijoux, ou d’en commander un sur mesure, en transmettant ses exigences à l’auteur de son choix.

Crédit : Vladimir Fedorenko/RIA Novosti

Au cours des dernières années, parmi ces métiers exercés « pour la passion », plusieurs marques ont émergé. Anna Slavutina, par exemple, possède aujourd’hui son propre studio, avec des points de vente et une clientèle fidèle. Son histoire a commencé avec la création d’un bijou fait main pour un cadeau d’anniversaire à son amie. Et elle a continué.

Aujourd’hui, le secteur des accessoires en Russie est l’un des plus prometteurs, en croissance rapide. Pourtant, la majorité des créateurs continuent de considérer le fait-main plus comme un passe-temps que comme une véritable source de revenu supplémentaire.

La tendance très populaire du mix&match (mélange d’une pièce de luxe avec une pièce banale) a atteint tous les domaines dans notre pays, jusqu’aux accessoires. Aujourd’hui, il n’est pas rare de croiser une fille dans une robe au concept minimaliste, avec un bijoux Pandora autour du cou, un diamant au doigt et des boucles d’oreille faites main. Si ça continue, le fait-main risque de faire de l’ombre aux grandes industries du bijou et de l’accessoire.

 

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