Un festival consacré aux spectacles de Lev Dodin à Paris

Crédit : Viktor Vassiliev

Crédit : Viktor Vassiliev

Dans le cadre du festival Lev Dodin 2014, seront présentés, salle Oleg Efremov à la Maison de la culture (MC93 Bobigny – avenue Lénine), du 10 au 25 mai, trois spectacles du metteur en scène : Les trois sœurs, Cabale et amour, et Gaudeamus.

Touzenbach. Dis-moi quelque chose.

Irina. Quoi ? Que dire ? Quoi ?

Touzenbach. N'importe quoi.

En 1992, Lev Dodin débutait au MC avec les spectacles Gaudeamus et Cabale et amour d'après de drame de Schiller, que le public parisien aura la chance de voir pour la première fois le week-end prochain (16-18 mai). Le festival s’ouvre avec Les trois sœurs et tous les spectacles sont en langue russe avec sous-titres français.

Les trois sœurs a été joué pour la première fois au MC Bobigny en novembre 2012, et le succès n'était pas des moindres. À Moscou ! de Tchekhov sur la scène française sonnait, particulièrement en langue russe, amer et désespéré.

Il semblait que tout était comme d'habitude, exactement comme lors de la représentation de l'automne 2012 durant les « Saisons Stanislavski », la tragédie, la platitude et l'ennui d'une vie monotone sont transmis laconiquement par le metteur en scène dans les moindres détails. Les décors sont également minimalistes (l'action se déroule au fond des ruines d'une maison ; durant la majorité de la pièce les acteurs se trouvent au bout de la scène et fusionnent ainsi pratiquement avec la salle). Aussi, dès les premières scènes, on ressent la solitude et le désespoir des personnages. Notamment Tcheboutikin (Alexandre Zavialov) qui chante Taraboumiou en récitant nettement chaque syllabe, ou encore Natacha (Ekaterina Kleopina), qui passe de jeune fille de mauvais goût dans une « jupe à frange jaunâtre », à une furie impérieuse et bourgeoise. Macha (Elena Kalinina) balance entre désespoir et exaltation. Cependant, déjà au milieu du premier acte le « Travailler ! » d'Irina ( Elizaveta Boiarskaya), retentit en insistant sur les dernières lettres et sonne chaque fois plus court, sourd, sans espoir, provoquant d'abord la timidité puis les rires dans la salle.

Crédit : Viktor Vassiliev

Caroline, une spectatrice française, admet que regarder Tchekhov en russe, sous-titré en français est difficile. « Je connaît la pièce, je l'ai lu plusieurs fois en français », a-t-elle expliqué à l'entracte, « Mais j'ai failli ne pas la reconnaître! Tchekhov à Paris se joue essentiellement traduit, toutes les productions que j'ai vues étaient en français », dit-elle, citant l'exemple d'Oncle Vania. Aussi, dans la réalisation française de La Cerisaie au théâtre Nord-Ouest, le texte français est respecté durant l'intégralité de la pièce.

Pour les étrangers, se cachent dans les sous-titres une partie de la clé de la mise en scène. Par exemple, chaque réplique transmet exactement la teinte et les expériences émotionnelles des personnages. Il y a beaucoup de réduction du texte initial, mais les sous-titres ont une autre propriété : pour le spectateur étranger, ils permettent une introduction à la compréhension de la mise en scène. « Durant le deuxième acte, je n'y prêtais pas du tout attention ! Les sous-titres du premier acte m'ont permis de m'adapter », raconte Caroline après le spectacle. « C'était magnifique ! », dit-elle pour conclure.

Crédit : Viktor Vassiliev

Les spectateurs français assistant à la représentation des Trois sœurs de Dodin, sont d'abord soumis à la mise en scène laconique du spectacle. « Habituellement, chez Tchekhov, l'abondance de décors paraît être le moyen le plus simple pour renvoyer à l'époque », explique Mireille, une spectatrice française, « Mais il est possible, avec un minimum de moyens de montrer un maximum d'émotions ! ».

Dans Les trois sœurs, selon Dodin, Tchékhov nous rappelle le poids de la vie et du destin, nous montrant d'avance, paradoxalement, nos échecs. Il parle du désespoir de notre vie, de la divergence tragique de nos désirs avec la réalité, de la nécessité d'être honnête avec soi-même, de la dignité humaine.

Mais Tchekhov écrivait en même temps des comédies, et l'humour amer du célèbre « ennui  Tchékhovien » a raisonné dans la salle pendant 3 heures. « Il faut vivre », « Mais je vais travailler », « C'est tout comme, c'est tout comme ! », ces émois éternels de l'âme russe ont achevé le spectacle. Les acteurs sont venus saluer six fois, et six fois, les applaudissements n'ont cessé de gronder.

Cabale et Amour sera joué les 16 et 17 mai (20h30) et le dimanche 18 mai à 15h30.

Gaudeamus - du 22 au 24 mai (20h30) et le dimanche 25 mai à 15h30.

 

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