Georges Nivat : « C’est le russe qui m’a choisi ! » Crédit : Anatoli Stepanenko, Prix Russe
La cérémonie se déroulait à l’occasion de la remise du Prix Russe, créé et soutenu par la Fondation Eltsine depuis 2005, pour récompenser les écrivains russophones vivant hors de la Fédération de Russie. A noter que cette année un Criméen, pour la dernière fois, a encore eu le temps d’être un des lauréats !
« Le russe, c’est les trois quarts de mes lectures, donc les trois quarts de ma vie, précise Georges Nivat dans une interview exclusive à RBTH, sans compter les épisodes biographiques dont deux ans en Union soviétique avec une expulsion à la clé… ». Depuis, la fin de l’URSS, le slaviste passe chaque année ses vacances d’été en Russie avec son épouse et explore de nouvelles contrées.
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Eltsine remet à Georges Nivat le diplôme de
reconnaissance pour son action en faveur de « la conservation et du
développement de la langue russe ». Crédit : Anatoli Stepanenko, Prix Russe
« Pour moi « vivre en russe », comme s’intitule mon livre autobiographique, ne signifie pas que je vis comme un Russe car je suis français et en serais bien incapable. Cela veut dire que je vis avec la langue russe. Pour cela trois rencontres ont été déterminantes dans ma vie : André Biely, sur lequel j’ai écrit ma maitrise malgré les réticences de mon professeur au cours de mon séjour en URSS, Boris Pasternak, que j’ai fréquenté, et Alexandre Soljénitsyne, que j’ai traduit et lu au fur et à mesure de ses parutions depuis la Journée d’Ivan Denissovitch », a expliqué M. Georges Nivat au public, après l’hommage que lui a rendu Mme Eltsine.
Poèsie : André Poliakov de Simféropol (Crimée)
Prose courte : Illia Odegov d’Alma Aty (Kazakhstan)
Prose longue : Alexandre Philipenko de Minsk (Biélorussie)
« Je ne suis pas pour autant un propagandiste de la langue russe, comme certains de vos confrères m’ont qualifié, tient à préciser Georges Nivat, car une langue ne peut être objet de propagande. On peut propager la connaissance ou l’amour d’une langue, pas la langue en soi. On peut aussi propager la culture russe, dont la langue est porteuse, par la traduction. Et à l’inverse, les traductions en russe m’ont souvent aidé à comprendre des auteurs d’autres langues. C’est le cas de Heidegger par exemple, qui est difficile à lire en allemand et qui est traduit en français avec trop de béquilles en allemand. En russe c’est plus clair grâce à la traduction du philosophe russe Bibikhine. C’est sans doute dû aussi à la facilité qu’a le russe avec l’ordre des mots beaucoup plus souple qu’en français », estime Georges Nivat .
« La langue russe est une vision du monde, un véhicule. Les Russes doivent admettre que d’autres l’empruntent. Ce fut mon cas il y a quelque temps en Chine où j’ai parlé russe avec mes collègues chinois… ».
Le Prix Russe qui a trois catégories : poésie, nouvelles et récits et prose longue (romans), est considéré comme un des 5 prix les plus prestigieux pour la littérature russophone. Il vise à encourager les auteurs russophones de l’étranger à continuer à écrire en russe.
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