Au programme : l’axe franco-russe et la décentralisation

Les grands musées ouvriront de nombreuses annexes en province. Crédit : Lori/ Legion Media.

Les grands musées ouvriront de nombreuses annexes en province. Crédit : Lori/ Legion Media.

L’action en 2014 portera sur les liens historiques avec la France et sur l’animation culturelle dans toutes les régions de la Russie.

Le ministre de la Culture Vladimir Medinski s’est ouvert à une poignée de journalistes étrangers venus l’écouter début décembre dans un restaurant huppé de Moscou, niché dans l’enceinte de la célèbre Galerie Tretiakov. Il a livré les détails du programme de l’année culturelle 2014 et quelques déclarations croustillantes sur l’art contemporain.

Vladimir Medinski a précisé la place qu’accorderait le programme à l’axe franco-russe. Il s’agira surtout de mettre en valeur les liens historiques entre les deux pays. Des liens qui passent par les armes et furent aussi conflictuels. « Nous allons ériger en France trois monuments en l’honneur des soldats tombés lors les guerres napoléoniennes, ainsi qu’un monument pour nos soldats tombés en France pendant la Première Guerre mondiale », a indiqué le ministre, historien de formation, en insistant sur ce dernier monument en l’honneur du corps expéditionnaire russe, des volontaires qui ont combattu aux côtés de la France contre l’Allemagne et ses alliés : « Pour notre très pragmatique XXème siècle, il s’agit d’une histoire fantastique. Ils ont combattu même après le renversement du tsar en 1917. Beaucoup d’entre eux sont morts. Une telle attitude est difficilement imaginable aujourd’hui ! »

En dehors de ces événements,  selon M. Medinski, « en ce qui concerne la France, il n’y a rien de spécial relativement à l’année de la culture, mais quelques-uns de nos grands théâtres seront en tournée en France, dans le cadre des saisons théâtrales franco-russes. Plusieurs festivals de cinéma seront organisés, dont les principaux sont Honfleur, Paris, Lyon et Cannes. Je veux bien sûr parler non pas du Festival international de Cannes, mais du festival consacré au cinéma russe ».

Le ministre a insisté sur l’effort de décentralisation de la culture au cours de l’année à venir. Le décret signé par le Président Vladimir Poutine définit ainsi la mission de la manifestation : « attirer l’attention de la société sur les questions de développement de la culture, la conservation de l’héritage historico-culturel et le rôle de la culture russe dans le monde entier ».

Selon le ministre, « nous étendrons notre action culturelle vers les villes de province, les petites villes. La politique culturelle, aujourd’hui braquée sur Moscou et Saint-Pétersbourg, va porter ses efforts sur la province. Des sommes importantes y seront dépensées, dans toutes les régions sans exception. Aujourd’hui, nous subventionnons déjà 50 festivals de cinéma, en concert avec les gouverneurs régionaux. Cette année, nous avons octroyé cent enveloppes de 200 000 dollars [142 000 euros, ndlr] chacune pour des projets régionaux, qui vont à des théâtres et des musées ». M. Medinski a annoncé l’ouverture d’annexes des grands musées (Galerie Tretiakov, Musée Russe, Musée Pouchkine, Ermitage) dans de nombreuses villes de province. À commencer par l’Ermitage, qui ouvrira une deuxième annexe (après Kazan) dans la ville sibérienne d’Omsk. Par ailleurs, « le directeur du Musée Russe m’a promis qu’il ouvrirait dix filiales en province au cours des quatre prochaines années », assure le ministre. Enfin, une partie des collections conservées aujourd’hui dans les grands musées des « deux capitales culturelles » (Moscou et St-Pétersbourg) sera déplacée en province.

Interrogé sur les rapports conflictuels entre la scène de l’art contemporain et les autorités russes, Vladimir Medinski ne mâche pas ses mots. « Ce qu’on appelle habituellement l’art contemporain ne couvre qu’une minuscule couche de la création actuelle. Pour moi, l’art contemporain ne se limite pas aux gribouillis, aux chiffons et autres œuvres destinées à n’être comprises par personne. Il englobe également ceux qui créent aujourd’hui dans les styles classique ou impressionniste, par exemple ». Après avoir visité la 5ème biennale d’art contemporain de Moscou, M. Medinski avoue que ses impressions furent « très pénibles » et que « pratiquement rien » ne lui a plu. « Pour autant, je n’ai rien fait interdire. Il n’y a pas de censure. Mais bon, je regrette que tant d’argent [versé par le ministère] ait été ainsi dépensé ! »

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