Sotchi à lire et à voir

La crème des réalisateurs soviétiques ont tourné leurs films à Sotchi, comme Leonide Gaïdaï avec "Le Bras de diamant". Source : Kinopoisk.ru

La crème des réalisateurs soviétiques ont tourné leurs films à Sotchi, comme Leonide Gaïdaï avec "Le Bras de diamant". Source : Kinopoisk.ru

Construite en 1838 comme une ville forteresse sur la côte de la mer Noire, c’est au XXe siècle que Sotchi devient une station balnéaire incontournable et entre dans la littérature russe.

Les écrivains soviétiques venaient souvent en villégiature à Sotchi pour prendre du repos et profiter des paysages luxuriants et du climat serein. Ils n’hésitaient pas ensuite à l’évoquer dans leurs écrits.

A l’instar d’Isaak Babel qui l’a visité en 1933 avec sa future épouse Antonina Pirojkova, Boris Pasternak en vante les vertus après être venu avec sa famille en 1928 et un autre prix Nobel, Ivan Bounine, décrit ses paysages dans sa nouvelle Le Caucase.

C’est « dans la jungle des montagnes, au bord d’une mer tropicale » que le héros entraîne son amoureuse déjà mariée pour goûter à ce bonheur dérobé, se cachant dans « cet endroit comme aux origines, couvert de forêts de platanes, des buissons en fleurs, d’acajous, de magnolias et de grenadiers parmi lesquels se dressaient des palmiers comme des éventails ».

Un autre prix Nobel de littérature encore, Joseph Brodski, a immortalisé Sotchi dans son poème Albert Frolov :  

Le deux janvier, en plein cœur de la nuit

mon bateau amarrait à Sotchi.

Ayant très soif, je partis

au hasard dans les ruelles qui menaient du port au centre-ville;

au plus creux de la nuit,

j'aboutis au restaurant Cascade. 

Depuis, le restaurant Cascade, plus précisément, Cascade-Prestige, situé en plein centre de Sotchi est devenu un lieu de pèlerinage pour les amoureux du poète.

Sotchi apparaît également dans le récit autobiographique de Mikhaïl Zochtchenko, Avant le lever de soleil, que l’auteur considérait comme l’une de ses œuvres majeures. Constamment reporté par les autorités soviétiques, le livre ne sortit dans sa version intégrale qu’en 1968 aux États-Unis.

Zochtchenko, connu plutôt comme écrivain humoriste, dresse ici une analyse de son état de « mélancolie noire », de cette dépression qui le mine. Il essaie de comprendre les raisons de ce mal, se remémorant les épisodes de sa vie et tente de trouver les moyens de la dépasser. Sotchi est l’une des stations balnéaires qu’il fréquente dans le but de guérir.

Certains romans ont vu le jour à Sotchi. Le plus connu est sans conteste le roman héroïque Et l’acier fut trempé de Nikolaï Ostrovski. Pour soigner sa polyarthrite aigue, l’écrivain vint en cure à Sotchi et séduit par « la beauté incroyable » de cette contrée, il décide de s’y installer.

Paralysé, il devient peu à peu complètement aveugle des suites de blessures reçues à la tête en combattant auprès de l’Armée Rouge pendant la guerre civile en 1930. C’est à ce moment qu’il écrit sa monographie qui deviendra culte en URSS.

Ses personnages incarnent la quintessence des idéaux romantiques du socialisme révolutionnaire et immédiatement plusieurs rues prennent le nom du héros de ce roman Pavel Kortchaguine, dont une à Sotchi. Le roman a été adapté plus d’une fois au cinéma et une série tv a même été tournée en Chine en 2000.

C’est à Sotchi également que le conteur et dramaturge Evgueni Schwartz écrit sa fameuse pièce Le miracle ordinaire, portée à l’écran à deux reprises en 1964 et 1978. Une belle parabole sur la force tout puissante de l’amour.

Un magicien transforme un ours en jeune homme, celui-ci ne peut reprendre son apparence que si une princesse tombe amoureuse de lui. Or, une fois qu’il rencontre la princesse, l’ours comprend qu’il veut plus que tout rester un homme.

L’adaptation cinématographique de 1978, par Marc Zakharov, est devenue un film culte dont on cite aujourd’hui encore les extraits.

La crème des réalisateurs soviétiques ont tourné leurs films à Sotchi, comme Leonide Gaïdaï avec Le Bras de diamant et La prisonnière du Caucase.

Le Bras de diamant, tourné en 1968, est l’histoire de deux bandits de pacotille qui croisent le chemin d’un grand dadais, « un employé soviétique tout ce qu’il y a de plus discret et père de famille exemplaire », qui a obtenu une prime de travail sous forme de croisière à Sotchi.

Durant son séjour, il tombe, se  casse le bras et hérite à son insu d’un plâtre truffé de diamants destinés à traverser l’Union soviétique. Selon, le site de cinéma Kinopoisk.ru, ce film est le 3e le plus visionné de toute l’histoire du cinéma soviétique.

La prisonnière du Caucase qui vient en 4e position a un destin plus tragique. Le kidnapping improbable de Nina, sur le point de se marier : « Une komsomolka, une sportive, une vraie beauté ». Le scénario a paru trop aberrant, puis trop futile et le film fut interdit.

C’est Brejnev en personne, paraît-il, qui autorisa sa sortie après l’avoir visionné et particulièrement apprécié. Les scènes les plus périlleuses ont été tournées dans les environs de Sotchi (le ravin depuis la fenêtre de la prisonnière et la scène de la chute du jeune homme dans le torrent).

On voit également Sotchi dans certains films jeunesse comme Le vieux Khottabytch (1956) et Attention, tortue ! (1969) tournés à une époque où la ville était à l’apogée de sa gloire. On la retrouve aussi dans les années 90, dans la comédie d’aventure V gorode Sochi temnye nochi (Dans la ville de Sotchi, les nuits sont noires).

Les écrivains russes et le Caucase

Le Caucase a beaucoup inspiré les écrivains russes. C’est ici précisément que Leon Tolstoï a commencé à écrire, pendant son service militaire de 1851 à 1853 et par la suite, il a souvent évoqué la région dans ses livres. Et même après avoir renié son œuvre, il restait indulgent avec son roman Le prisonnier du Caucase (porté à l’écran à deux reprises).

30 ans auparavant, Pouchkine vantait déjà la beauté de cette région avec son Prisonnier du Caucase, un poème sur l’amour d’une jeune Tcherkesse pour un prisonnier russe.

Lermontov s’est également fait le chantre du Caucase où il a fait son service militaire mais aussi s’est fait tuer lors d’un duel à Piatigorsk. On retrouve le Caucase dans beaucoup de ses œuvres : le roman Le héros de notre temps, les poèmes Khadji AbrekMtsyrs, Ismaïl-Beï, et d’autres encore.

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