Saint-Pétersbourg reçoit le message cinq sur cinq

Le président du Festival Alexeï Outchitel (à g.) accueille le réalisateur de documentaires autrichien Ulrich Seidl. Source : service de presse

Le président du Festival Alexeï Outchitel (à g.) accueille le réalisateur de documentaires autrichien Ulrich Seidl. Source : service de presse

« Message to Man », le plus ancien festival de cinéma de Saint-Pétersbourg, continue de repousser les frontières en ouvrant avec images controversées et des projections urbaines.

L’autrichien Ulrich Seidl, réalisateur de documentaires respecté, a reçu l’honneur rare de tirer le traditionnel coup de canon en haut du bastion Narychkine, dans la Forteresse Pierre-et-Paul, un des principaux sites historiques de Saint-Pétersbourg, pour inaugurer l’ouverture officielle de la 23ème édition du Festival du film international « Message to Man ». Le président du festival et artiste russe Alexeï Outchitel était également présent pour accueillir le metteur en scène autrichien, qui fait partie des invités officiels de l’événement cette année.

Ce trésor de films, projetés dans divers endroits de Saint-Pétersbourg jusqu’au 28 septembre, propose aux différents publics plus de 200 nouvelles œuvres en seulement huit jours, dont 50 premières. En Russie, ce festival se distingue des autres événements du genre par l’exceptionnelle diversité de ses participants et des films proposés : le programme de la compétition comprend plusieurs œuvres venant de 37 pays du monde entier, des documentaires aux films d’animations, en passant par des productions expérimentales, des longs ou des courts métrages. Le festival rassemble également des cinéastes renommés et des critiques de films des quatre coins de la planète.

Jesus, You Know, documentaire de Seidl sorti en 2003, était l’un des films projetés cette année dans le cadre du programme spécial « Into Great Silence », une sélection de films se concentrant sur les vies et la raison de la foi des gens. Dans Jesus, You Know, Seidl explore et décrit l’expérience très personnelle de la prière et de la confession.

Dans son film Jesus, You Know, Ulrich Seidl montre l'homme dans le processus de la prière. Source : service de presse

« J’avais un objectif principal (en faisant ce film) », indique Seidl dans une interview exclusive à La Russie d’Aujourd’hui. « Je voulais montrer l’homme dans le processus de la prière, dans sa communion personnelle avec Dieu. C’est la forme la plus intime de l’être humain, encore plus intime que la pornographie ».

Seidl a avoué que son film avait attiré les critiques de certains, surtout par rapport au sujet principal, mais a nié vouloir simplement provoquer. Il a aussi exprimé son souhait de voir le film projeté ailleurs en Russie, malgré une loi adoptée récemment et qui prévoit des peines de prison pour les « délits » visant à « offenser les sentiments religieux des croyants ».

« Je ne connais pas cette loi censée « protéger les sentiments », je ne sais d’ailleurs pas ce que cela veut dire en réalité », explique Seidl.

La réalisatrice indo-américaine Mira Nair (Vanity Fair : La Foire aux vanités, Un nom pour un autre), qui préside le jury de la compétition internationale cette année, a présenté la première russe de son film L'Intégriste malgré lui, sorti en 2012, qui raconte l’histoire d’un jeune Pakistanais déchiré entre sa carrière dans les affaires à Wall Street, et son pays et sa culture natals.

Parmi les autres invités prestigieux attendu au « Message to Man » de cette année, on trouve la réalisatrice de documentaires russe Marina Goldovskaïa, le metteur en scène allemand Niko von Glasow et le cinéaste turc Semih Kaplanoglu, dont le film Miel a gagné l’Ours d’or du Festival de Berlin en 2010. Le galeriste controversé Marat Guelman préside quant à lui le jury expérimental.

Tatiana Kondakova, directrice générale du festival, regrette que les premiers jours aient été marqués par une série de problèmes techniques liés au nouveau bâtiment. Elle affirme néanmoins que les échos concernant l’édition de cette année sont positifs dans l’ensemble, faisant notamment référence aux réactions du jury international.

Elle souligne également que le festival représente une rare opportunité pour les visiteurs de voir sur grand écran des films d’auteurs primés. « Le public a la chance de voir des œuvres incroyables qu’il ne pourrait pas voir dans une salle de cinéma ordinaire. Les films d’[Ulrich] Seidl et de [Semih] Kaplanoglu sont si magnifiques que tout le monde devrait les voir », estime Kondakova.

Le Festival de cinéma « Message to Man » est organisé avec le soutien du ministère de la Culture de la Fédération de Russie, des autorités de Saint-Pétersbourg et de la commission de la culture de la ville. C’est l’un des plus anciens événements de ce type en Russie. Non seulement il s’agit du principal festival du film documentaire du pays, mais ce rendez-vous a aussi acquis une importance internationale dans le monde du cinéma. Il est d’ailleurs classé parmi les festivals de film de catégorie A par la FIAPF (Fédération internationale des associations des producteurs de films).

Lancé en 1989 pour donner à la Russie un forum du cinéma documentaire, qui connaissait un essor sans précédent à la fin de la période soviétique, le festival a traversé une série de tempêtes causées par des problèmes de financement et des scandales. Il est toutefois devenu un rendez-vous incontournable dans le calendrier culturel pétersbourgeois. 

Le plus grand scandale du festival date de 2001, lorsque la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl a été officiellement invitée dans la ville pour présenter Le Triomphe de la volonté, son film de propagande nazie controversé datant de 1935, dans le cadre du programme spécial « Film documentaire dans les pays totalitaires ». Le tollé qui a suivi a poussé les autorités de la ville à convoquer Mikhaïl Litviakov, fondateur du festival et président de l’époque, et les financements de l’événement ont été réduits de 500 mille roubles (12,5 mille euros).

 


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