L'exposition se poursuivra jusqu'à la mi-janvier 2014. Crédit : Itar-Tass
L'exposition a été montée par le Rijksmuseum d'Amsterdam, dont la collection comprend aujourd'hui des dizaines d’œuvres semblables (près de 125 portraits de groupe y sont conservés). Dix toiles de grande dimension des XVIe et XVIIe siècles sont donc arrivés à Moscou, alors qu'elles quittent très rarement les murs de leur musée respectif.
« Bien sûr, l’œuvre la plus célèbre dans ce genre est « La Ronde de nuit » de Rembrandt. Mais elle se trouve au Rijksmuseum, et nous n'avons pas réussi à la faire venir », note le commissaire de l'exposition pour la partie hollandaise, Normert Middelkoop. « On trouve à Amsterdam des portraits de groupes exécutés par des grands artistes de cette époque, et dont beaucoup d'entre eux étaient des contemporains ou des disciples de Rembrandt. Certains de leurs tableaux dans un genre différent comptent parmi les collections du musée Pouchkine et de l'Ermitage. »
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L'exposition présente par exemple une œuvre de l'élève de Rembrandt, Govert Flinck, soit une toile de cinq mètres sur laquelle figurent les portraits des tireurs de l'un des régiments d'Amsterdam. Une autre œuvre, plus intime, mais non moins remarquable, est le portrait des régents et régentes d'une maison de travail pour femmes exécuté sous le pinceau de Bartholomeus van der Helst, dont la renommée n'avait à l'époque rien à envier à celle de Rembrandt.
« Ces deux compositions sont parmi les plus emblématiques », affirme Vadim Sadkov, commissaire de l’exposition pour la partie russe et chef du département dédié aux maîtres anciens du musée des beaux-arts Pouchkine. « Si, dans l'Europe catholique, la majorité des commandes d’œuvres d'art émanait de l’Église, dans la Hollande protestante du XVIe siècle, c'étaient principalement les régiments de voltigeurs et les corps de métiers qui s'adressaient aux artistes ; ils ont été rejoint au XVIIe siècle par différents organismes de bienfaisance. »
Les portraits de groupe, en cristallisant les aspirations et les idéaux de la société civile hollandaise des XVIe et XVIIe siècles, devinrent l'incarnation visuelle des valeurs et du statut social du bourgeois. Chacun des figurants payait son portrait à l'artiste, c'est pourquoi les membres des groupes sont à chaque fois bien mis en évidence et qu'aucun ne fait de l'ombre à l'autre. Comme le veut la tradition, les curateurs et les bienfaiteurs sont représentés dans les austères habits noirs qui seyaient à leur profession. De même, les tireurs des trois corporations d'Amsterdam – les archers, les arbalétriers et les arquebusiers – sont immortalisés avant leur départ en voyage, à des réunions officielles ou lors des banquets. Les portraits de dirigeants de corps de métier affichent quant à eux impérativement les attributs liés à leur activité professionnelle, comme par exemple sur le tableau des tonneliers de Gerbrand van den Eeckhout. Les membres de cette guilde veillaient à la conformité aux normes des récipients pour la bière, le savon et le hareng : le peintre a donc mis un baril et un vase de cuivre au premier plan de son tableau.
Ces petits détails peuvent nous apprendre beaucoup sur les personnages représentés ainsi que sur la période historique en elle-même. « J'aime surtout observer les habits, les coiffures et les petits détails de la vie quotidienne qui sont propres à cette époque », nous confie Evgenia, l'une des visiteuses de l'exposition. « Ce serait génial de faire un programme interactif dans lequel les visiteurs pourraient insérer leurs visages dans ces portraits », poursuit son amie Svetlana. « C'est vrai que l'idée pourrait être digne d'une fête foraine, mais elle permettrait au public de s'imaginer les conditions de vie d'il y a plusieurs siècles, et de garder ces impressions en mémoire. »
Pour ceux qui s’intéressent tout spécialement aux habitudes quotidiennes de la Hollande en ces temps là, l'exposition est composée de plusieurs vitrines comprenant des armes du XVIIe siècle exposées auparavant dans la salle d'armes du Kremlin. Par ailleurs, des écrans-tactiles sont disposés dans la salle et permettent de s'informer sur l'histoire des objets et des éléments du tableau pris séparément. « Ce genre de technologies rend l'exposition plus contemporaine, plus interactive, plus agréable pour les jeunes et tous ceux qui considèrent les technologies informatiques comme quelque chose de naturelle dans la vie », note Marina Lochak, la directrice du musée Pouchkine.
L'exposition se poursuivra jusqu'à la mi-janvier 2014
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