Mais Marina Lochak dispose d’une solide réputation de personnalité aux vues libérales. Au cours des prochaines années, on peut s’attendre à voir s’installer en nombre au musée Pouchkine des expositions d’art contemporain. Crédit : Kommersant
Notamment parce que Marina Lochak (née en 1955) est issue d’une génération ainsi que de milieux artistiques complètement différents par rapport au directeur précédent. Elle dispose par ailleurs d’une formation initiale non pas de critique d’art, mais de philologie. Ses atouts : de nombreux projets littéraires ainsi que des projets artistiques liés à l’Avant-garde russe.
Marina Devovna Lochak, née le 22 novembre 1955 à Odessa, est commissaire d’exposition, galeriste, directeur artistique, critique d’art, conservateur de musée. Elle est l’un des principaux commissaires d’exposition de l’Avant-garde russe.
Directrice du Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine depuis le 1er juillet 2013. Cofondatrice, copropriétaire et directrice artistique de la galerie d’art Proun, depuis 2007. Directrice artistique de l’Union des Centres d’Exposition Manège (2012-2013). Collectionneuse d’art naïf et de couvre-chefs. Diplômée en philologie classique de l’Université d’ État d’Odessa.
En 1998, elle a dirigé le service Relations Publiques de la banque SBS Agro, avant d’y devenir attachée culturel. Enfin, de 1999 à 2003, elle est devenue directrice du Centre Moscovite pour les Arts, rue Néglinnaya, alors propriété de la banque SBS Agro. Copropriétaire de la boutique de vêtements vintage Brocade.
Membre du comité consultatif d'experts du prix Kandinsky.Une fois en charge du musée de la Littérature d’Odessa, elle s’oriente vers l’Avant-garde et le musée Maïakovski de Moscou et organise des expositions dédiées à l’Avant-garde russe pour le Centre moscovite des Arts. Son dernier poste en date : directeur de l’Union des Centres d’Exposition Manège, le plus vaste espace d’exposition situé au cœur de Moscou, mais encore insuffisant. Sur ce plan, le musée Pouchkine se situe dans une autre catégorie. Il s’agit d’une institution culturelle phare de la Russie, au même titre que le théâtre du Bolchoï et le musée de l’Ermitage.
L’un des principaux objectifs fixé par Marina Lochak : mettre la gestion du musée en conformité avec les standards occidentaux contemporains. « Parfois, l’approche moderne n’est pas directement associée à des mutations profondes, explique Marina Lochak, et cela s’opère au détriment de choses très simples : l’éclairage, l’orientation. Désormais, certains éléments sont devenus aussi indispensables que l’air, en premier lieu le wifi. En utilisant des techniques simples, il est possible de commencer à aller de l’avant. De manière générale, les musées doivent savoir manier le langage moderne. Nous ne pouvons pas nous adresser aux visiteurs en parlant en vieux slavon. A Moscou, l’information voyage très rapidement et il est indispensable de se renouveler en permanence. »
En réalité, la situation est plus complexe. De simples améliorations techniques ne suffisent généralement pas. Depuis longtemps déjà, l’agrandissement du musée est à l’ordre du jour en raison d’un manque de place empêchant l’exposition de nombreuses toiles actuellement stockées dans les réserves et freinant l’édification de la Cité-musée, rue Volkhonka. Le projet fut élaboré en son temps par l’architecte britannique Norman Foster, mais n’a ainsi toujours pas vu le jour.
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Voici les éléments les plus révolutionnaires de la vision de Marina Lochak : pas d’idées très précises en ce qui concerne la mise en œuvre, mais une vision très nette du résultat final. « J’apprécie l’idée de conservation ouverte du patrimoine, explique-t-elle. C’est un peu comme les fenêtres sans rideaux aux Pays-Bas. Dans notre pays, nous aimons les volets et les clôtures. Notre ambition : supprimer tous ces éléments. Cette évolution est notre objectif commun. Il est impératif d’élargir les comités consultatifs, d’être plus ouvert et de ne pas regarder les choses uniquement du point de vue du musée. »
« J’ai vraiment hâte de travailler avec les autorités et les collaborateurs de la ville, dont j’ai beaucoup apprécié certaines activités, ajoute-t-elle. Je pense que la ville s’intéresse à elle-même plus que quiconque. Il me semble que plusieurs parcs sont devenus des lieux dans lesquels le public se sent à l’aise et que le musée doit également devenir un tel espace offrant un sentiment de liberté. Le musée doit être un endroit confortable dans lequel on souhaite aller pour se retrouver : il faut donc que l’atmosphère générale devienne plus accueillante. »
Tout cela peut choquer les personnes habituées au respect des formes traditionnelles au sein des musées : grand-mères fatiguées à l’entrée, lourdes tentures, atmosphère de temple des arts… Mais Marina Lochak dispose depuis longtemps d’une solide réputation de personnalité aux vues libérales, ce qui en matière d’art signifie : ouverture maximale et démocratisation. Au cours des prochaines années, on peut également s’attendre à voir s’installer en nombre au musée Pouchkine des expositions d’art contemporain. Ici, bien sûr, la vision libérale et résolument contemporaine de Marina Lochak joue son rôle, mais pas seulement. L’art contemporain est véritablement ce qu’elle connaît le mieux et ce qu’elle aime superviser.
S’il n’existe pour l’instant pas de plan concret en ce qui concerne le projet de construction, une position a été définie : « Ce que nous faisons en premier lieu : créer un système d’information absolument transparent afin d’éviter de nourrir les mystères et les suppositions autour d’un projet immobilier d’aussi grande ampleur. » Ouverture et transparence : deux caractéristiques de cette perception libérale faisant partie intégrante de la nouvelle pensée contemporaine. Mais c’est également un excellent plan de communication. N’oublions pas que Marina Lochak dispose d’une grande expérience en matière de relations publiques acquise au cours de son travail au sein du service de relations publiques de la banque SBS Agro. Il ne fait aucun doute que la stratégie de relations publiques du musée Pouchkine évoluera significativement dans les semaines suivant sa prise de fonction. Cette stratégie a, en réalité, déjà changé. Une fois que le nom de Marina Lochak a été annoncé pour prendre la succession d’Irina Antonova, la perception du musée a déjà évolué en passant d’une forme très académique à quelque chose de plus moderne.
L’un des sujets les plus douloureux touchant le musée : le récent conflit avec l’Ermitage de Saint-Pétersbourg concernant le transfert de peintures à Moscou. Il s’agit de recréer le Nouveau Musée de l’Art Occidental qui avait fermé ses portes il y a déjà longtemps. Il rassemblait une collection unique d’œuvres impressionnistes et modernes divisée entre le musée Pouchkine de Moscou et l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Il était donc question de ressusciter le NMAO, mais le musée le plus réputé et occidentalisé du pays refuse de renoncer à sa partie de la collection. Dans une interview donnée aux médias russes, Marina Lochak a prudemment exprimé son soutien à l’idée de réunir les deux collections dans le nouveau musée mais a immédiatement émis une réserve : ce doit être un « supramusée », telle est la décision de l’État.
L’annonce de la nomination de Marina Lochak a provoqué un tollé général comme n’en avait pas connu depuis longtemps le petit monde des musées. Certains prédisent un renforcement du contrôle de l’État dans ce domaine, tandis que d’autres annoncent la libéralisation inéluctable de l’univers fermé des musées académiques et la légitimation de l’art contemporain au niveau de l’État. Une chose est sûre : le 10 juillet 2013 débutera une ère de changements majeurs pour l’art russe.
née le 20 mars 1922 à Moscou, est historienne de l’art, directrice du Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine de 1961 jusqu’au 1er juillet 2013, et présidente du Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine à partir du 1er juillet 2013. Elle achève ses études d’infirmière au cours de la Seconde Guerre mondiale, avant de travailler à partir du printemps 1942 à l’hôpital de Krasnaya Presnya avec le grade de sous-sergent du service médical.
En 1945, elle termine ses études à l’Université d’État de Moscou (MGU), et intègre le Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine avant de débuter des travaux de recherche de troisième cycle dans le cadre du musée. Son domaine d’étude principal était alors l’art italien à l’époque de la Renaissance. Elle fut l’initiatrice et l’organisatrice des plus grandes expositions internationales, parmi lesquelles Moscou-Paris, Moscou-Berlin, Russie-Italie, Modigliani, Turner, Picasso et bien d’autres.
Auteur de plus d’une centaine de publications (catalogues, articles, albums, programmes télévisés et scénarios d’émissions d’éducation populaire). Elle a conduit également des activités d’enseignement au sein du département des beaux-arts de l’Université d’État de Moscou, de l’Institut du Cinéma et de l’Institut des langues orientales de Paris.
Membre de la Chambre Civile de la Fédération de Russie (depuis 2011), elle rejoint en 2012 la liste de soutien à la candidature de Vladimir Poutine pour la présidence de la Fédération de Russie.
(anciennement, musée impérial des Beaux-arts Alexandre III auprès de l’Université impériale de Moscou) est le plus vaste et important musée russe consacré à l’art européen et mondial. Il fut ouvert au public le 31 mai 1912. Le musée dispose d’une surface permanente d’exposition de 2672,2 m² et de fonds de réserves d’une surface de 2364,8 m². Le musée a été créé à partir du Cabinet des Beaux-Arts et Antiquités de l’université de Moscou en tant que support à l’enseignement et dépôt public pour moulages et copies d’œuvres d’art classiques du monde entier.
Au cours de la période 1949-1953, les activités artistiques ont été réduites en raison de l’installation dans les locaux du musée de l’exposition : Cadeaux offerts à J.V. Staline par les peuples de l’URSS et les pays étrangers. »
Les collections du Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine se veulent la réunion des œuvres d’arts occidentales depuis l’antiquité jusqu’au XXe siècle.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine a reçu la majeure partie des peintures de la galerie de Dresde ainsi que le trésor de Priam, découvert par Heinrich Schliemann sur le site de l’ancienne Troie. A la suite de négociations, les collections de la galerie de Dresde a été réexpédiée aux autorités d’Allemagne de l’Est. Toutefois, certains objets de valeur ayant appartenu à des musées ouest-Allemands ou à des collectionneurs privés se trouvent toujours au Musée Pouchkine.
Actuellement, les collections du musée rassemblent plus de 560 000 peintures, dessins, sculptures, œuvres d’art appliquées, artefacts archéologiques et numismatiques et photographies d’art.
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