Changement de direction à la tête du Musée des Beaux-arts

Irina Antonova. Crédit photo : Sergueï Kouznetsov / RIA Novosti

Irina Antonova. Crédit photo : Sergueï Kouznetsov / RIA Novosti

Irina Antonova, qui a dirigé pendant 52 ans le Musée d’État des Beaux-arts Pouchkine, est libérée de son poste de conservatrice et nommée présidente du musée, une fonction créée spécialement pour elle. Vladimir Medinski, ministre de la Culture de la Fédération de Russie, a notamment déclaré : « Notre reconnaissance à son égard est immense et nous lui demandons de continuer son travail au poste de présidente du musée ».

La nouvelle conservatrice du musée est désormais Marina Lochak, historienne de l’art et chargée de mission, qui dirigeait depuis un an le groupement de musées et centres d’exposition Stolitsa auquel sont rattachées des unités telles que la Salle centrale d’Exposition du Manège, le Nouveau Manège, le complexe d’exposition Rabotchi et Kolkhoznitsa [« L’Ouvrier et la Kolkhozienne »,ndlr].

Irina Antonova travaille au musée Pouchkine depuis 1945 dont elle est devenue la conservatrice en 1961. Diplômée de l’Université de Moscou (MGU), elle a étudié l’art italien de la Renaissance, membre titulaire de l’Académie russe de l’Enseignement, membre titulaire de l’Académie russe des Arts, cavalier de l’Ordre du Mérite devant la Patrie, elle possède une multitude d’autres distinctions et a signé plus d’une centaine de publications.

Depuis 2013, elle est contrôleur général des musées d’État de la Russie.

Sous la direction d’Antonova le musée Pouchkine a mis en œuvre d’ambitieux programmes ayant associé les plus grands musées du monde et attiré un très large public. À l’exposition Moscou-Paris (1981) le mariage des peintures de Matisse et Picasso avec celles de Malevitch, Kandinsky, Filonov et Chagall a mis en évidence les affinités et corrélations de l’art pictural français et russe.

L’exposition Moscou-Berlin / Berlin-Moscou. 1900-1950 (1996) a mis en miroir, à travers la peinture, l’architecture, la musique et le destin des artistes, l’histoire des deux pays, l’idéologie stalinienne et fasciste, son esthétique, en choquant le public par leurs similitudes.

Russie-Italie. De Giotto à Malevitch (2005) a mis en évidence le syncrétisme culturel des deux pays.

Lors des expos Modigliani (2007), Picasso (2011), Dali (2011) et Turner (2012), le flot des files d’attente n’a jamais tari. L’on peut y voir aujourd’hui Les préraphaélites : l’avant-garde victorienne et Le Titien. Florilège des musées d’Italie.

En une année, le musée Pouchkine a accueilli près d’un million de visiteurs. La collection compte plus de 560 000 pièces – peinture, graphisme, sculpture, arts appliqués, archéologie, numismatique.

Conçu initialement comme un fonds d’étude et public de copies et moulages des œuvres classiques mondiales, il s’est développé à partir des années 1930 en l’un des plus gros musées du monde en s’enrichissant de chefs-d’œuvre d’Europe occidentale tirés des collections privées naturalisées, ainsi que de la galerie Trétiakov et de certains musées de Léningrad.

En 1848, le fonds a reçu une partie des œuvres du musée d’État du Nouvel Art Occidental, créé en son temps à partir des collections de Sergueï Chtchoukine et Ivan Morozov, et dissous depuis, dont les trésors ont été partagés entre le Pouchkine et l’Ermitage, ce qui les sauva de la destruction et de la vente à l’étranger.

Le public ne put découvrir ces chefs-d’œuvre qu’en 1974, année où il devint possible d’exposer à Moscou des pièces des musées occidentaux grâce à des échanges.

Mûrie par Antonova, l’idée de faire renaître le musée d’État du Nouvel Art Occidental en lui restituant les travaux des impressionnistes et postimpressionnistes conservés à l’Ermitage fut énoncée à l’occasion d’une antenne directe avec le président Poutine devant le pays entier.

Le conservateur de l’Ermitage, Mikhaïl Piotrovski, considéra ce transfert comme infaisable. Suite à d’innombrables débats houleux dans la communauté muséologique et dans la presse, le ministère de la Culture prit la décision de ne pas sortir les œuvres concernées de l’Ermitage afin de ne pas créer de précédent de découpage des fonds.

La question des trésors-trophées provenant des territoires occupés par l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale reste irrésolue. Conservés au musée Pouchkine, ceux-ci sont inaccessibles même aux spécialistes.

En 2012, le musée Pouchkine a célébré son centenaire. À cette occasion, l’idée a été avancée d’un nouveau développement et la décision a été prise de construire une cité muséographique. Initialement proposé par Norman Foster dès 2007, le projet de reconstruction permettra de quadrupler les surfaces d’exposition et de réaliser une « collection ouverte » où le public sera admis.

Marina Lochak, galeriste, chargée de mission responsable de la création du fonds SBS-Agro, directrice artistique et copropriétaire de la galerie « Proun-Vinzavod ». Directrice du groupement Stolitsa durant l’année passée, elle a travaillé à transformer le plus gros centre d’exposition de Moscou en territoire artistique. En 2012-2013, le Manège a accueilli les expositions : Tout pour la vente : une histoire de l’enseigne russe, Le néoréalisme soviétique, Le féminisme. De l’avant-garde à nos jours, Ma plus importante valise. On y a vu des « Mélanges » de l’artiste japonaise Chiharu Shiota, l’installation lumineuse L’écho terrestre des tempêtes solaires, des installations d’Irina Korina AES+F. Le Manège héberge un musée de la Culture de l’écran, des expos du musée du Livre.

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