Russie - Pays-Bas : une amitié éprouvée par les siècles

Une fois arrivé à l'exposition Russie - Pays-Bas au Musée historique, le visiteur est immédiatement plongé dans l'ambiance du XVIIIe siècle : musique ancienne, maquettes de navires et de frégates, drapeaux russes et néerlandais avec la même couleur blanc-bleu-rouge. À bord du navire Russie-Pays-Bas, on présente des reliques de trois siècles de liens étroits entre les deux pays jusqu'au XXe siècle, interrompus une fois seulement par la faute de Napoléon.

Source : Service de presse

Pierre le Grand était pour la Russie un dirigeant d'une nouvelle ère. La première visite aux Pays-Bas du tsar a eu lieu en 1697 et a été appelée la Grande Ambassade. Le pays a tellement fasciné Pierre que toute la Russie cherchait à l'égaler plus d'une décennie plus tard.

Le principal objectif de la Grande Ambassade était d'obtenir les secrets et l'expérience de construction navale de cette puissance maritime. Pierre lui-même est devenu un disciple des Hollandais et a commencé à construire des navires. Le bateau Fortuna (premier ouvrage du tsar) est toujours conservé dans le musée de Pereslavl-Zalesski.

La première salle contient des souvenirs de la Grande Ambassade : justaucorps de Pierre cousu en tissu néerlandais, son portrait peint par l'artiste hollandais Gottfried Schalcken, des parties de navires dans lesquels naviguait Pierre et des peintures de son arrivée.

À son retour de voyage, le tsar était obsédé par les innovations et a publié un décret selon lequel tous les jeunes n'ayant pas réalisé leur service devaient se rendre en Hollande pour étudier l'allemand et le néerlandais ainsi que la construction navale.

La Russie, à son tour, a accueilli de nombreux Néerlandais, qui ont reçu de nombreux privilèges, et surtout la faveur du roi. Ils ont contribué à réaliser les premières cartes marines (une carte de la mer d'Azov est présentée lors de l'exposition). On trouve sur cette dernière le premier appel à Pierre en tant qu'empereur.

Pour rappeler ce qui inspirait la construction dans les marais d'une nouvelle capitale - Saint-Pétersbourg - l'exposition montre une carte du vieil Amsterdam. Un stand entier est consacré au Néerlandais Nicolaas Bidloo, médecin et anatomiste qui a déménagé à Moscou. 

Cet homme a porté la médecine russe à un niveau plus élevé et a fondé le premier hôpital à Moscou (c'est maintenant l'un des meilleurs hôpitaux, l'établissement Bourdenko), ainsi qu'une école auprès de ce dernier.
 


Ainsi, la Hollande a influencé diverses sphères de la vie et de la science : non seulement l'urbanisme et la construction navale, la cartographie et la médecine, mais aussi dans l'art, et surtout dans la vie de tous les jours. Le visiteur sera surpris par une gravure réalisée par l'empereur en personne, sous la direction du maître hollandais Adriaan Schoonebeek. On y trouve un sujet populaire à l'époque, la victoire du christianisme sur l'islam.

L'artisanat populaire a également subi l'influence des Hollandais. Le Gjel et la maïolique sont deux types de peinture sur céramique, qui sont associés à quelque chose de très russe, mais il n'en est rien comme le prouvent les vases peints et les assiettes présentés à l'exposition.

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Entre autres choses, un véritable luxe dans les maisons et les résidences a longtemps été constitué par les poêles hollandais et les carreaux peints néerlandais. Plus tard, ils ont été réalisés selon des motifs russes, avec des contes de fées et des ornements.

La mode de la Hollande s'est reflétée dans l'un des domaines les plus exquis, la résidence des comptes Sheremetiev près de Moscou, à Kouskovo. On y trouve une maison hollandaise, où sont représentés tous les éléments décoratifs typiques de ce pays européen.

Pierre a accordé le monopole de l'introduction de l'éducation en Russie au l'éditeur néerlandais Jan Tessing. L'exposition montre un exemple de livres imprimés sur sa presse, Les Fables d'Esope.

Toute une salle de l'exposition est entièrement dédiée à la Russie vue à travers les yeux des voyageurs hollandais. Leurs récits étaient à cette époque la seule source d'informations sur le pays qui semblait à l'Occident distant et sauvage.

Les voyageurs ont rapporté de Sibérie des tenues de chamans et une variété d'objets de la vie russe. En format numérique, on peut regarder deux vieux livres anciens avec des gravures : Voyage à travers la Moscovie en Perse et en Inde de Cornelis De Bruyne et Trois voyages inoubliables en Italie, en Grèce, en Livonie, en Moscovie et d'autres pays de Jan Jansson Streuss.

Ce dernier livre est particulièrement intéressant, car il contient des gravures surprenantes, même pour les ethnologues et les historiens modernes.

De nombreux Néerlandais venus en Russie sont restés dans le pays et ont obtenu la citoyenneté. Par exemple, Franz Devolant qui fut le constructeur de 12 ports et villes en Russie : il construisit Odessa sur ordre de Catherine II.

Les Russes ont aidé les Hollandais en 1813 à se libérer de Napoléon, et ont scellé leur alliance et leurs relations diplomatiques par le mariage du prince d'Orange et d'Anna Pavlovna, sœur de deux empereurs de Russie, Alexandre Ier et Nicolas Ier.
 


L'exposition au Musée historique a rassemblé près de 400 pièces provenant de 14 musées russes et 13 collections des Pays-Bas et 13, y compris du Rijksmuseum d'Amsterdam, du Musée maritime de Rotterdam, du Musée central d'Utrecht et d'autres.

« L'idée de base est d'informer le public sur les profonds liens historiques entre les deux pays, sur l'époque où la Hollande était un important partenaire commercial de la Russie et investissait dans ce pays », a indiqué le commissaire de l'exposition Vladimir Boulatov à la chaîne russe Kultura.

L'exposition se tiendra au musée historique jusqu'au 16 septembre. Plus d'information sur www.shm.ru.

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