« Si je veux danser sur les meilleures scènes du monde, je dois étudier ici »

Daniel Dolan : "Je pratique tous les jours de 9 heures du matin à 20 heures, avec une pause d'une heure, et les entraînements sont plus difficiles qu'en Angleterre". Crédit : Alexandre Outkine / RIA Novosti

Daniel Dolan : "Je pratique tous les jours de 9 heures du matin à 20 heures, avec une pause d'une heure, et les entraînements sont plus difficiles qu'en Angleterre". Crédit : Alexandre Outkine / RIA Novosti

L'Anglais Daniel Dolan évoque pour Moskovskie Novosti les points forts de l'enseignement de la chorégraphie en Russie, et raconte la vie d'un étudiant étranger à Moscou.

Depuis quatre ans, je suis étudiant à l'Académie d'État de Moscou de chorégraphie. J'ai commencé à danser en Angleterre quand j'étais tout petit, mais j'ai vraiment commencé à m'entraîner vers l'âge de dix ans, puis j'ai étudié le ballet à Chester. Mais un jour j'ai compris qu'il était temps de passer au niveau suivant. J'ai fait une bonne prestation lors d'une audition, et j'ai été invité à l'Académie de Moscou de chorégraphie. Nous l'appelons Académie du Théâtre Bolchoï.

Moscou c'est le top, surtout pour les danseurs hommes.

La première année à l'académie est une sorte de stage de formation, pendant lequel on vous regarde et on évalue votre apprentissage. La plupart des étudiants rentrent chez eux après la première année. Bien sûr, mon rêve était de rester ici les quatre ans, parce que dans le monde de la danse il n'y a pas de meilleur endroit qu'ici. En Russie, il y a une grande tradition de danse. Ici, nos enseignants sont de l'école soviétique, ils savent comment obtenir un résultat, et ils vous poussent à l'extrême limite de vos capacités.

L'enseignement russe du ballet est très différent de l'anglais. En Angleterre, vous dansez au niveau qui vous convient, vous ne sortez pas de la zone de confort. Ici, on te pousse tous les jours à quelque chose de nouveau, on t'oblige à maîtriser de nouveaux éléments.

En six mois j'ai fait ici plus de progrès que durant de nombreuses années en Angleterre. Je pratique tous les jours de 9 heures du matin à 20 heures, avec une pause d'une heure, et les entraînements sont plus difficiles qu'en Angleterre. Ici, les enseignants sont perfectionnistes, et tant que vous n'obtenez pas quelque chose d'idéal, on ne va pas plus loin.

Oui, c'est très difficile, à la fois physiquement et émotionnellement. Quelque chose ne marche pas, et votre professeur vous crie dessus. Les enseignants crient beaucoup. Mais c'est bénéfique : sans cet homme-stimulus, qui tire le maximum de vous, vous ne connaîtrez jamais vos qualités.

J'ai de la chance : je suis très fort émotionnellement, certains de mes camarades de classe étaient trop vulnérables au départ. J'ai vu certains garçons pleurer. Un danseur de mon groupe, un Japonais, est rentré chez lui après les deux premières semaines de cours en Russie et n'a jamais plus dansé. Tout le monde n'est pas capable de supporter ça. L'Académie de Moscou - c'est marche ou crève, soit tu résistes, soit tu perds. Je comprends que si je veux danser dans l'un des meilleurs théâtres du monde, je dois étudier ici, et c'est ce dont j'ai besoin.

À l'Académie on ne nous enseigne pas uniquement la chorégraphie - nous étudions aussi des matières académiques, elles sont en russe. Lors de la première leçon à Moscou, je n'ai rien compris du tout, mais maintenant j'ai un peu appris le russe. Quelque chose ici diffère de l'Angleterre : en Russie, nous écrivons beaucoup, beaucoup de choses sont dictées. Pour moi, bien sûr, ce n'est pas facile de noter les leçons russes. Dans un mois je devrai passer l'examen d'État, et ce sera exactement la même chose pour moi que pour les étudiants russes.

Et bientôt nous aurons une sorte de soirée de démonstration de fin d'année, à laquelle participeront des représentants des théâtres Bolchoï, Mariinski, et Mikhaïlovski. C'est comme une audition, les théâtres sélectionnent les diplômés. Malheureusement, il n'est guère possible en étant étranger d'obtenir un emploi au Bolchoï. Mais au théâtre Mikhaïlovski il n'y a pas ce genre de problèmes - ils prennent volontiers les étrangers.

Je me souviens de ma première visite à Moscou. Il pleuvait, je sortais d'un vol de nuit, tout semblait si déprimant. Mais maintenant, je peux dire que j'aime Moscou et que cette ville me manque toujours quand je vais dans d'autres pays. Et par rapport à Saint-Pétersbourg, je préfère Moscou. Il s'agit d'une ville chaotique, folle, mais j'aime ça. En outre, notre théâtre de Moscou est meilleur.

Les gens pensent qu'étant donné que nous faisons du ballet depuis de nombreuses années, nous n'avons jamais mal. En fait, je ressens de la douleur dans les muscles tous les jours. Et chaque jour, je reçois de nouveaux « traumatismes  ». Mais ne pouvons pas nous arrêter, nous soigner. Et il ne faut mieux pas aller chez les médecins, ils sont terriblement alarmistes.

Pourtant il y a parfois des blessures graves : un étudiant à Moscou s'est cassé la jambe sur scène, mais il a continué et a dansé l'ensemble de ballet jusqu'au bout. Si on regarde la vidéo, on voit sa jambe qui se casse.

De nombreux représentants modernes du Ballet russe sont connus à l'étranger. Cependant je sais que certains des danseurs sont célèbres en Russie pas uniquement en raison de leur talent au ballet. J'ai entendu le nom d'Anastasia Volotchkova, mais en Europe personne ne la connaît. Concernant Nikolaï Tsiskaridze, c'est vraiment un grand nom. Je l'ai d'ailleurs vu récemment - il vient à nos leçons, il regarde. Parfois, d'autres étoiles nous rendent visite. Et, bien sûr, je suis nerveux quand je répète en leur présence.

Texte original (en russe) disponible sur le site de Moskovskie Novosti.

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