Comme leurs semblables occidentaux, les crêpes, pancakes et palatchinki, les blinis se mangent avec d’innombrables garnitures, sucrées ou non. Crédit photo : Lori / Legion Media
Un carnaval en Russie est unique. Pour commencer, le carnaval russe ne s’appelle pas carnaval, mais porte le nom de Maslenitsa ou Syrnaya nedelya. Ayant vu les jours, tout comme les autres carnavals, en des temps immémoriaux en tant que culte de la fertilité et des ancêtres, la Maslenitsa slave a survécu au baptême de la Rus et est entré dans le calendrier orthodoxe comme la dernière semaine avant le Carême.
Les vrais héros de Maslenitsa sont les blinis qui, chez les Russes, peuvent être préparés selon des centaines de recettes différentes : au levain sans levure, au beurre et sans œufs, au blé, au seigle, à la farine de sarrasin.
Comme leurs semblables occidentaux, les crêpes, pancakes et palatchinki, les blinis se mangent avec d’innombrables garnitures, sucrées ou non. Mais deux composantes dans ces remplissages sont toujours présentes : le beurre fondu et la smetana (crème fraîche fermentée, à 20 % de matière grasse, utilisée comme sauce dans la moitié des plats de la cuisine russe, y compris dans les soupes). Des œufs durs finement hachés sont également bienvenus, mais on peut faire sans.
On peut rajouter différents ingrédients, mais cela dépend de la fantaisie du cuisinie. Cependant, vous ne pourrez éviter les plats à base de poisson. En premier lieu, on compte le caviar, puis le hareng salé (le hareng russe diffère du hareng scandinave ; malgré tout l’amour des Russes pour l’aneth, cette herbe sera absente, mais on trouvera du gingembre et des graines de coriandre), l’esturgeon de Sibérie, le saumon, et enfin les sardines et les kippers.
Le poisson peut être chaud, froid, fumé, salé, fumé ou cuit avec des herbes. Les champignons, le fromage et le sarrasin friable sont les candidats pour la garniture. Les athées consommeront également de la langue bouillie et d’autres viandes de la gastronomie. En dessert, ce sont ces mêmes crêpes que l’on mange mais accompagnées de confiture et de miel – de tilleul de préférence.
Cette fête s’accompagne non seulement d’une consommation de blinis, mais également d’une balade sur des traineaux et de l’adieu aux poupées de Maslenitsa, symbolisant l’hiver rude. La tradition la plus sympathique de Maslenitsa consiste en la destruction d’une forteresse de neige : une équipe construit un château de neige et le défend, l’autre tente de le détruire.
Mais les combats, heureusement, n’ont pas survécu au régime soviétique. Jadis, les jeunes hommes et les adolescents provenant de différentes régions se rassemblaient à l’endroit désigné pour se mesurer entre eux. Il y avait quelques règles : ne pas se battre avec les jambes, ne pas utiliser de poing américain ou d’autres objets plus lourds, malgré cela les blessures graves et même les décès des participants se sont produits régulièrement.
Aujourd’hui de telles bastonnades ne sont pratiquées que par les fans de football, et sans calendrier particulier.
Mais nous ne parlerons pas de hooligans, mais bien plus de blinis. Pour la défense des traditions soviétiques, malgré les bagarres, voici une recette qu’on ne trouvait pas dans les livres de cuisine prérévolutionnaires.
Blinis à la bière
(la bière soviétique était d’une telle qualité que s’en était le meilleur usage et une recette tout à fait normale)
1) Mélangez 0,5 litre de lait légèrement chauffé et 0,5 litre de bière (blonde, mais si vous souhaitez accompagner vos blinis de garnitures sucrées vous pouvez choisir une bière brune).
2) Tout en remuant constamment, versez deux tasses de farine tamisée, ou 1,5 tasses de farine de blé et 0,5 tasses de seigle.
3) Fouettez soigneusement la pâte en ajoutant 1 ou 2 œufs, 2 cuillères à soupe d’huile végétale ou de beurre fondu, 1 cuillerée de sucre ou de miel clair, une cuillère à café de sel, et une demi cuillère à café de bicarbonate de soude juste avant la cuisson. Plus la pâte est fine et plus les blinis obtenus seront fins.
Expérimentez et vous saurez ce que vous souhaitez obtenir. Les blinis doivent êtres cuits dans une poêle en fonte qu’on ne lave pas mais qu’on chauffe et qu’on essuie avec des serviettes avant utilisation.
Les blinis sont cuits sur une toute petite portion de beurre fondu, avec lequel on graisse traditionnellement la poêle en fonte à l’aide d’une demi pomme de terre piquée au bout d’une fourchette. Le produit fini est une belle pile de blinis dorés-orangés sur laquelle on verse le beurre fondu.
Chacun utilise la garniture qu’il souhaite pour accompagner ses blinis, ce qui diffère des crêpes viennoises et des palatchinki tchèques.
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