Que l’Expedition Trophy commence !

Crédit photo : Artem Zagorodnov

Crédit photo : Artem Zagorodnov

Dans l’avion vers Mourmansk pour me lancer dans ma grande aventure en tout terrain, je me rends compte qu’il est plus rapide de se rendre de Moscou à New York, que de Moscou à Vladivostok sur la côte est de la Russie là où je me rends en voiture !

L’immensité de la Russie est incontestable. À certains moments, ça en devient même oppressant puisque tu peux passer onze heures dans un avion sans jamais quitter le pays.

Dans l’avion vers Mourmansk pour me lancer dans ma grande aventure en tout terrain, je me rends compte qu’il est plus rapide de se rendre de Moscou à New York qu’à Vladivostok sur la côte est de la Russie là où je me rends en voiture !

Quand nous avons atterri à l’aéroport international de Mourmansk le 22 février, faire un vol de deux heures et demie dans la direction opposée pour commencer ce voyage m’a semblé complètement absurde.

Mourmansk, blottie au nord-ouest de la Russie près de la Norvège, mérite qu’on s’y attarde pour plusieurs raisons. C’est avant tout la plus grande ville au monde au-delà du cercle arctique (307 000 habitants). De plus, son port reste libre de la glace toute l’année grâce aux courants chauds de l’océan Atlantique.

La plus grande flotte au monde de brise-glace à propulsion nucléaire permet de garder le port fonctionnel en hiver et sert d’assurance économique pour la ville.

C’est la dernière ville fondée pendant l’Empire russe dans le chaos de la première guerre mondiale (1915) pour permettre l’approvisionnement à partir de l’Europe via la route maritime du Nord. Ce rôle a pris encore plus d’importance pendant la seconde guerre mondiale, lorsque la ville a subi un blocus dont la durée n’a été dépassée que par le siège de Leningrad. La ville a pour cela été récompensée du titre de « ville-héros ».

Un conteneur transportant presque cinq tonnes d’or (le paiement de Staline pour l’approvisionnement pendant la guerre) qui naviguait de Mourmansk vers l’Europe a été coulé lors de la deuxième guerre mondiale et mis au jour par une équipe internationale dans les années quatre-vingt. Plus récemment, le sous-marin Koursk a tragiquement sombré non loin de la côte en 2000 et a été sorti de l’eau l’année suivante.

La population de Mourmansk a atteint un pic de 470 000 habitants à la fin des années quatre-vingt avant d’en perdre 150 000 à cause du chaos économique et des migrations après la chute de l’URSS. Mais si elle reste toujours un important port militaire, son budget de défense n’atteint plus les niveaux de la guerre froide.

Cependant, ces dernières années, le gouvernement russe a assuré que la route maritime du Nord était une alternative plus sûre et meilleure marché au canal de Suez pour transporter des produits des économies florissantes d’Asie à l’Europe. Les villes du nord du pays, tout comme Mourmansk, sont prêtes à bénéficier du soutien logistique requis pour le transport de tous ces chargements.

Lorsque j’ai été escorté à ma chambre à l’hôtel Park Inn Radisson dans cet avant-poste de l’Arctique, mon premier instinct a été de profiter des dernières lueurs du jour pour explorer la ville (nous étions sur le 69e parallèle après tout). En hélant un taxi à la sortie de l’hôtel, je suis tombé sur Vakhtan, chauffeur de taxi, qui a quitté Bakou en Azerbaïdjan, migré à Mourmansk au début des années quatre-vingt-dix et reçu la nationalité russe. Deux ans après, il dit qu’il n’a aucun regret.

Vakhtan m’a montré avec fierté le port commercial de la ville et le monument tout proche des « femmes éternelles », le regard fixé sur l’horizon dans l’attente du retour de leur mari.

Alors qu’ici presque tout semble fait pour les militaires de la flotte, le centre foisonne de centres commerciaux ; un McDonald’s est en construction ainsi que d’autres monuments témoins du début de la mondialisation.

Le soir, nous avons été briefés sur le voyage à venir : le confort de cet hôtel laissera bientôt la place aux nuits passées dans la voiture, à un manque d’hygiène de base et aux vives disputes entre les membres des équipes que nous accompagnons (c’est ce qu’on nous a dit). 16.000 kilomètres à travers la toundra gelée… j’ai hâte. 

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