Photo : l'avant-garde parisienne des années 20 à 50 exposée à Moscou

Autoportrait avec Ikarette de Germaine Krull, 1925. Source service de presse

Autoportrait avec Ikarette de Germaine Krull, 1925. Source service de presse

Après avoir remporté un franc succès au Centre Georges-Pompidou, l’exposition « Voici Paris : Modernités photographiques 1920-1950 » quitte la capitale française et fait un premier arrêt au Musée d’art multimédia de Moscou (MAMM) du 21 février au 19 mai pour être présentée au public russe.

« L’objectif de cette exposition est double : présenter la magnifique collection de Christian Bouqueret (collectionneur, critique d’art et galeriste, ndlr) acquise il y a deux ans et faire le portrait de la photographie à Paris pendant l’entre-deux-guerres », explique Clément Chéroux, commissaire de l’exposition et conservateur pour la photographie au Centre Georges-Pompidou.

Le modernisme parisien est très difficile à définir parce que ce courant n’est pas dominé par un seul photographe ou un seul groupe. À cette époque, la Ville Lumière, telle un aimant, attire à elle les créateurs du monde entier. Chacun vient avec ses propres idées et sa propre culture ; toutes ces influences se mélangent ce qui crée un modernisme multifacette.

L’exposition présente donc le modernisme parisien en cinq sections, cinq tendances qui ont marqué la photographie à Paris pendant la période de l’entre-deux-guerres. La visite commence dans les années vingt avec ce que l’on appelle « L’œil nouveau ». La photographie, alors forme novatrice de l’art, fait sortir les photographes de leurs studios. Dans la rue, ils recherchent leur propre identité moderniste. Les Parisiens sont, par exemple, représentés telle une colonie de fourmis comme dans La Foule dePierre Boucher. Cette période est caractérisée par une forme d’abstraction et un intérêt pour l’industrie, comme dans La tour Eiffel de François Kollar.

Autoportrait de Willy Kessels, 1932. Source : service de presse

La section surréaliste s’ouvre sur Autoportrait avec Ikarette de Germaine Krull, symbole de la femme moderne. Ensuite, Les Yeux d’André Steiner attirent le visiteur. Aurel Bauh, quant à lui, déstructure complètement le corps humain dans son Photogramme. Le surréalisme est une tendance où les photographes expérimentent et innovent. Un coup de vent et ce qui devait être un simple portrait se transforme en une photographie surréaliste, Livourne d’Henri Cartier-Bresson. « Dans cette photographie, un rideau s’est enroulé autour de la tête de cette femme ce qui donne en quelque sorte une “tête de nœud”. Le photographe a transposé un jeu de mots en photo, c’est ça le surréalisme », explique Clément Chéroux. Le surréalisme ou la saisie de « l’instant décisif ».  

Viennent ensuite les photographies d’illustrations destinées à la presse. La photographie se met au service de la publicité. Pour André Papillon, trois moutons deviennent trois pelotes de laine. De grandes marques comme Palmolive et Michelin s’invitent dans les photographies de Lucien Lorelle ou d’Ergy Landau.

Portrait de Manina Jouffroy, Erwin Blumenfeld, 1936. Source : service de presse

La section suivante se focalise sur la photographie documentaire. Les photographes adoptent un point de vue plus social. C’est la réalité dans son plus simple appareil, tantôt bucolique comme sur les Bords de Seine de Cartier-Bresson, tantôt dure et sombre dans La Mine de Bauh.

Après tous les excès du modernisme resurgissent des tendances classiques, une sorte de retour au calme présenté par exemple dans les Portraits classiques de Daniel Masclet.

Les quelque deux cents photographies montrées lors de cette exposition ne sont qu’une infime partie de l’immense collection de Christian Bouqueret. Comme l’explique Clément Chéroux : « Quand Christian Bouqueret est venu nous voir pour vendre sa collection, il a dit qu’elle contenait trois mille photos. Mais lorsque nous les avons répertoriées, nous en avons comptées sept mille ! »

Mais alors le modernisme est-il encore actuel ? « Celui des années trente, non, parce qu’il était une réaction ce qui se passait dans les années trente. Il faut réinventer une nouvelle forme de modernisme qui aurait alors sa place parmi d’autres courants et tendances », conclut Clément Chéroux.

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