Bernard Werber, tant aimé par les Russes

Bernard Werber : « La Russie a une histoire vieille et complexe et une littérature très riche, mais lors des conférences, j’ai vu des jeunes qui veulent construire une nouvelle société ». Crédit : Maria Tchobanov

Bernard Werber : « La Russie a une histoire vieille et complexe et une littérature très riche, mais lors des conférences, j’ai vu des jeunes qui veulent construire une nouvelle société ». Crédit : Maria Tchobanov

Les Journées du livre russe et des littératures russophones, qui se sont déroulées le week-end dernier à Paris, ont donné lieu à beaucoup de révélations. Bernard Werber, l’écrivain français le plus traduit en russe, a partagé ses impressions sur la Russie et les lecteurs russes.

À la table ronde consacrée au thème « Lecteurs russophones, lecteurs français, quelles différences ? », l’auteur a avoué qu’il avait appris sa popularité en Russie par hasard et que ça l’étonnait beaucoup. « Il y a quelques années, j’ai été invité à la foire du livre de Moscou en tant qu’auteur francophone. Lorsqu’on m’a mis entre les mains la traduction de mon livre L’Empire des anges, j’ai remarqué sur la couverture que ce livre s’était vendu à deux millions d’exemplaires. J’ai demandé à l’éditeur s’il n’y avait pas un zéro de trop parce que deux mille ou deux millions, ce n’est pas la même chose. Mais il m’a assuré que tout était correct. Ca été une telle surprise », se souvient l’écrivain français traduit dans trente-cinq langues différentes et donc la majorité des lecteurs vivent en Russie.

Comme l’a plus tard raconté l’auteur, la première rencontre du public russe avec son œuvre a eu lieu sur internet. Un employé de l’ambassade de France, qui aurait été atteint d’un cancer à un stade avancé, a décidé de partager avec le public russe sa passion pour l’œuvre de Werber et a traduit seul L’Empire des anges en russe et l’a ensuite publié sur internet. Après quelque temps, le livre est devenu le plus téléchargé de l’internet russe. Un éditeur moscovite a remarqué ce phénomène et a sorti une version papier du roman qui a remporté un franc succès.

Bernard Werber a aussi été frappé par le fait que lors des rencontres avec ses lecteurs, un très grand nombre d’admirateurs, jusqu’à sept mille, ont fait le déplacement en Russie, alors qu’en France, le même genre d’événement n’en attire que quelques dizaines. « La Russie a une histoire vieille et complexe et une littérature très riche, mais lors des conférences, j’ai vu des jeunes qui veulent construire une nouvelle société. C’est comme s’ils voulaient échapper à leur histoire pleine de responsabilités. C’est une génération qui ne veut pas suivre la route tracée par leurs parents, mais qui se pose de nouvelles questions ce qui permet de créer une nouvelle culture. Je pense que je suis avant tout lu dans des pays tournés vers le futur », souligne l’écrivain.

Bernard Werber explique le succès de ses romans sur les dieux, les anges et sur d’autres univers parce qu’en Russie, il y a une grande partie de jeunes qui ne sont satisfaits ni de la doctrine religieuse traditionnelle, ni du culte de la consommation qui gouverne la société. Ils sont attirés par la littérature que l’auteur qualifie de « spirituelle laïque ». « Même si je ne donne pas de réponse dans mes livres, j’incite le lecteur à se poser les bonnes questions. Aujourd’hui, quand les publicités essaient de nous convaincre qu’acheter nous rend heureux, j’essaie de montrer un chemin différent vers le bonheur », explique Bernard Werber.

L’un des personnages du livre L’Empire des anges est un Russe sanguinaire et violent de retour de Tchétchénie. L’écrivain l’a créé sans jamais être allé en Russie et sans vraiment connaître ce pays. « Évidemment, après avoir rencontré des Russes, j’aurais imaginé ce personnage tout à fait différemment. Mais si je restais vivre un an en Russie, je n’écrirais rien à son sujet. Plus tu en sais sur un pays, plus il est difficile d’écrire sur lui parce que toutes tes hypothèses se révèlent fausses », a admis l’écrivain.

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