Obsession, (1943). Source : Service de presse
Un parcours à la fois chronologique et thématique retrace les influences du monde extérieur sur l’œuvre du peintre : des périodes de bonheur et d’harmonie ponctuées par deux guerres, la Révolution russe et l’exil se reflètent ainsi dans certains motifs récurrents du maître, des rues désertes de Vitebsk aux animaux de sa ménagerie magique.
Parallèlement à l’exposition parisienne, le Musée Marc Chagall à Nice présente un parcours semblable mais en version… dessinée. « On peut ainsi suivre comment un artiste procède par accumulation de notations – sur un même sujet, il peut faire un dessin, puis un autre, puis une illustration de livre, puis enfin un tableau », explique Elisabeth Pacoud-Rème, chargée des collections du musée.
Un mariage dans un village enneigé et désert : le marié transi de froid serre fort sa jeune épouse qui semble inconsolable. Un cheval rouge mystérieux survole le couple. Ce Cheval rouge, toile commencée en 1938 comme une évocation de l’univers du cirque et achevée en 1944 comme un écho de la guerre, pourrait résumer à elle seule les deux expositions.
Déjà chroniqueur du premier conflit mondial, vingt ans plus tard, Chagall dénonce encore plus fortement la guerre et la persécution des Juifs. Les images d’exilés et de villages en feu hantent alors ses tableaux.
Contrairement aux toiles des années 1920-30 qui révèlent davantage l’épanouissement familial et l’aisance matérielle que Chagall a connus durant cette période, ses œuvres postérieures à la Seconde Guerre mondiale livrent un message de paix et d’amour universel.
Chagall est né en 1887 à Vitebsk, au Belarus. En 1910, il part étudier à Paris auprès de Léon Bakst. Il expose ses travaux pour la première fois en 1914 au Salon des Indépendants. En 1914, il est de retour à Vitebsk où, après la révolution, il devient « Commissaire aux Beaux-Arts » et chargé de la vie artistique de Vitebsk. Il y fonde une école d’art en 1919, puis émigre à Paris en 1922. Il s’éteindra en France en 1985.
Certes, Chagall ne fut pas un artiste engagé à la manière de Picasso. Mais, marqué par la philosophie allemande messianique, il reste profondément optimmiste et persuadé qu’après les deux grands conflits est venu un temps où l’on ne peut que reconstruire quelque chose de meilleur.
« Son langage de paix s’exprime à travers le discours religieux qu’il tient après la Seconde Guerre mondiale – car c’est un homme religieux », argumente Elisabeth Pacoud-Rème, qui cite le discours prononcé par le peintre lors de l’inauguration du musée Marc Chagall à Nice où sont conservés les tableaux de son cycle « Message biblique » : « J’ai voulu laisser [ces tableaux] dans cette Maison pour que les hommes essaient d’y trouver une certaine paix, une certaine spiritualité, une religiosité, un sens de la vie. Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons, durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. Pour moi, la perfection dans l’art et dans la vie est issue de cette source biblique ».
Le mot religieux venant de religare qui signifie relier, la religion - toute religion, disait Chagall - est un chemin vers la paix et l’harmonie des hommes entre eux.
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