C o u n t down…

Galerie Russkyi Mir, 7 rue Mirosmenil, Paris

Le compte à rebours est en effet lancé pour aller voir à la galerie Russkiy Mir l’exposition Countdown de Yuri Gherman. Derrière ce nom énigmatique se cachent quatre mains: celles de Yuri Bakrushev, peintre et de Sergei Gherassimov,artiste-peintre lui aussi, et restaurateur de tableau. Ce dernier a notamment travaillé sur La Sainte Famille avec Saint Jean Baptiste du Bronzino et sur le Portrait d'un jeune homme en Saint Sébastien de Boltraffio, tous deux exposés au Musée Pouchkine à Moscou. 

Et c’est un peintre français que cite Serguei Gherassimov pour expliquer cette démarche : « Un artiste ne doit jamais être prisonnier expliquait Henri Matisse : Prisonnier de lui-même, prisonnier d’une manière, prisonnier d’une réputation, prisonnier d’un succès ».

A rebours de «l’ego-attitude» si courante dans l’Art contemporain, le pseudonyme de Yuri Gherman fonctionne comme un masque et permet à l’œuvre d’exister par elle-même sans l’ombre portée de l’égo de l’artiste. 

Le binôme ne veut se laisser enfermer dans aucun carcan, dans aucun style définitif. « Nous ne faisons partie d’aucun groupe, cercle ou association, explique Gherassimov. Nous ne suivons pas les tendances dites à la mode, et nous ne souhaitons pas forcement plaire à un milieu, ni à une catégorie de spectateur en particulier. Nous travaillons pour tout le monde ».

C’est toute l’histoire de la peinture classique qui travaille en creux l’œuvre de Yuri Gherman. Le duo revisite ainsi la célèbre Corbeille de fruit (1598) du Caravage, en ajoutant le tableau reproduit en arrière-plan et une grappe de raisin en trompe l’œil au premier plan. 

Pour autant les œuvres signées Yuri Gherman ne se contentent pas d’être des reproductions ou des variations «à la manière de». La contemporanéité de Yuri Gherman est là : nichée dans le tableau d’abord, toujours prête à surprendre l’œil fainéant qui obéit trop facilement à la ritournelle du visible et s’attache à passer le réel en revu(e) pour ne pas voir. Un clavier d’ordinateur sous une vanité de facture classique, ou le cadre d’un écran de télévision de marque Gherman dans lequel se loge la corbeille de fruit reproduite du Caravage.

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