Comment la Russie répondra-t-elle aux menaces de l’EI ?

Pilotes russes à la base militaire de Hmeimim en Syrie.

Pilotes russes à la base militaire de Hmeimim en Syrie.

Dmitriy Vinogradov/RIA Novosti
Les experts remarquent que la Russie est l’otage de la situation politique et appellent le gouvernement russe à prendre au sérieux les menaces de l’EI.

Les autorités russes ont promis que la vidéo des menaces de l’EI (organisation interdite dans le pays) serait analysée par les services spéciaux. « J’ai lu des informations sur cette vidéo, mais je ne l’ai pas vue directement, je ne connais pas sa fiabilité, je ne connais pas la fiabilité de ces sources », a déclaré aux journalistes Dmitri Peskov, porte-parole du président. « Mais il ne fait aucun doute qu’elle doit être étudiée par nos services spéciaux ».

Les menaces de l’EI sont liées à la poursuite des bombardements russes contre les positions des combattants, explique Gueorgui Mirsky, docteur en histoire et directeur de l’Institut d’économie mondiale et de relations internationales (IMEMO) de l’académie russe des sciences, dans un entretien avec RBTH.

L’EI a proclamé il y a un an un califat, et déclaré la guerre aux gouvernements irakiens et syriens. Aujourd’hui, ils contrôlent déjà la moitié de l’Irak et près de la moitié de la Syrie, explique l’expert. « Tant qu’ils faisaient la guerre et consolidaient leur Etat, l’EI avait d’autres préoccupations que la Russie. Cela a changé après les premières frappes aériennes. Maintenant, ils nous en veulent plus qu’aux Américains et aux Anglais », affirme Mirsky.

La Russie est devenue otage de la situation politique, considère Sergueï Gontcharov, président de l’organisation internationale des vétérans du groupe antiterroriste « Alpha ». « Les médias occidentaux affirment haut et fort leur position : la Russie est l’ennemi numéro un de l’EI », a déclaré l’expert à RBTH. « À l’heure actuelle, il faut prendre très au sérieux les menaces de l’EI, et je pense que nos services spéciaux le comprennent bien. »

Les Russes ont peur des attentats

Comme l’a démontré le centre Levada, les Russes sont inquiets de possibles attentats : 48% craignent qu’ils ne se produisent prochainement dans le pays. Cependant, cette enquête a été réalisée du 23 au 26 octobre, quelques jours avant la catastrophe de l’Airbus A321 en Egypte, dont l’une des causes possibles est un attentat.

Selon Gueorgui Mirsky, les services de sécurité russes doivent atteindre le même niveau de préparation et de qualification que la police israélienne pour lutter efficacement contre les menaces terroristes. « Ils ont affaire depuis plusieurs années à des attentats », souligne le politologue. « De plus, nous avons besoin de gens dévoués à la lutte contre le terrorisme, infiltrés dans des organisations comme l’EI, pour savoir où ils se trouvent et comment ils fonctionnent. Nos dirigeants y parviendront-ils, voici la vraie question ».

Sergueï Gontcharov, président de l’organisation internationale des vétérans du groupe antiterroriste « Alpha », considère que la Russie dispose d’un arsenal opérationnel efficace. « Il ne fonctionne pas toujours, mais nous savons que nous pouvons contrôler notre territoire. À l’étranger, c’est problématique », affirme l’expert.

Selon Sergueï Gontcharov, la Russie doit assurer la sécurité des vols charters sur lesquels ne volent que des citoyens russes. « Les services spéciaux doivent assurer leurs propres inspections. Sans cela, nous ne pouvons pas garantir la sécurité de nos citoyens », souligne l’expert. « Dans tous les pays européens, les islamistes disposent de réseaux. Personne ne peut garantir qu’aucun employé de l’aéroport n’est un terroriste et que personne n’essaiera de poser une bombe à bord ».

Cependant, Gontcharov considère que la demande de la Douma (chambre basse du parlement russe) de limiter les vols vers la Turquie et la Tunisie, après l’interdiction des vols vers l’Egypte, est une erreur. « À cause de cela,  nous pouvons nos retrouver isolés derrière un nouveau rideau de fer. C’est une mauvaise position », affirme l’expert.

Vidéo menaçante

Le 12 novembre, des membres de l’organisation terroriste interdite en Russie Etat islamique ont publié en ligne un clip musical intitulé « Bientôt, très bientôt » en russe, dans lequel la Russie est menacée d’actes terroristes.

Le clip, d’une durée de près de cinq minutes, est composé d’extraits de mises à morts sanglantes d’otages de l’EI, ainsi que d’opérations militaires des terroristes. Il est doublé dans un russe sans accent étranger. On y voit des paysages de Moscou, la mosquée Koul-Sharif du centre de Kazan et d’autres vues de Kazan. La chanson répète en permanence la phrase « bientôt, très bientôt », par laquelle les terroristes ponctuent chacune de leurs promesses.

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