Des fleurs devant un portrait d'Andreï Karlov.
ReutersLa Russie n’a pas connu une telle tragédie depuis plus de 90 ans : le dernier assassinat d’un ambassadeur en fonctions remonte à 1923.
Peu après l’assassinat, Vladimir Poutine a fait une déclaration officielle. Il a exprimé ses condoléances à la famille et aux proches de Karlov qui, pour le président, « est tombé au combat ». Le président connaissait personnellement Karlov et l’a qualifié dans son discours d’adieu de « diplomate brillant » et de « personne aimable et douce ».
L’assassinat est survenu à la veille de la rencontre tripartite entre les ministres des Affaires étrangères russe, turc et iranien à Moscou. Poutine a souligné que l’attentat était une provocation visant à saboter l’amélioration des relations russo-turques. « Nous ne pouvons y répondre qu’en renforçant la lutte contre le terrorisme. Et nous le ferons sentir à ces bandits », a promis le dirigeant russe.
La tragédie a une signification particulière pour la communauté diplomatique. Dans la nuit de l’assassinat, des fleurs ont été déposées devant le bâtiment du ministère des Affaires étrangères sur la place Smolenskaïa à Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé que les présidents russe et turc avaient convenu de collaborer dans l’enquête sur cet « assassinat brutal ».
Pour Lavrov, l’objectif des commanditaires est principalement d’empêcher une lutte efficace contre le terrorisme en Syrie. Lavrov est toutefois convaincu qu’ils n’y parviendront pas. Le ministre a remercié les Russes et ses collègues étrangers pour leur solidarité en ce moment difficile.
Le ministère russe des Affaires étrangères a créé un « livre de mémoire virtuel » sur Facebook, où chacun peut exprimer ses condoléances. Des Russes comme des étrangers se sont déjà exprimés sur la page. « En cette période difficile pour tout le monde, je vous souhaite de la force et du calme. Le pays tout entier est avec vous dans ses pensées. Mes sincères condoléances », écrit l’internaute Anna Mezentseva. « Le monde entier pleure sa mort et espère que sa mémoire encouragera les autres de lutter pour un monde libre de violence politique », écrit le Néo-Zélandais David Lemire.
De nombreux responsables officiels expriment leurs condoléances aux proches et collègues d’Andreï Karlov et condamnent les terroristes, mais se posent aussi la question : comment Mevlüt Altintas a-t-il pu pénétrer si facilement dans le bâtiment qui accueillait l’exposition et des ambassadeurs étrangers ?
Ainsi, Konstantin Kossatchev, président du Comité des affaires étrangères du Conseil de la Fédération, écrit sur Facebook : « L’assassin de Karlov avait été limogé de la police après la tentative de coup d’état du 15 juillet, mais avait conservé sa carte professionnelle. Comment est-ce possible ? ». Le sénateur pense qu’Altintas n’avait pas été privé de son statut de policier ou qu'il n’avait pas rendu sa carte. Dans les deux cas, l'affaire traduit un « désordre terrible » au sein de la police turque, estime Kossatchev. Il pense que les Russes devraient éviter la Turquie tant que les circonstances de l’assassinat n’ont pas été élucidées.
Oleg Syromolotov, ministre adjoint russe des Affaires étrangères, partage cet avis : « Je pense que tous ceux qui se rendent en Turquie doivent bien réfléchir avant de le faire, car des attentats s’y produisent quasiment chaque jour », a déclaré Syromolotov.
La Turquie n’est pas la seule à n’avoir pas pu garantir la sécurité d’Andreï Karlov, souligne Marianna Belenkaïa, orientaliste et rédactrice de l’agence d’information TASS, dans son Livejournal. « Nous n’étions pas prêts », constate Belenkaïa, rappelant que la Russie est souvent honnie pour ses opérations actives au Proche-Orient, et surtout en Syrie.
Belenkaïa estime que la Russie devrait suivre l’exemple des Etats-Unis, qui prennent des mesures « exceptionnelles » de sécurité pour leurs diplomates au Proche-Orient, car ils sont « prêts à l’éventualité qu’à tout moment, quelqu’un puisse venir les faire exploser ». Les mesures de sécurité renforcées sont le prix à payer pour une politique active dans la région, estime l’orientaliste. L’assassinat de Karlov est un signe qui montre que la sécurité doit être impérativement renforcée.
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