Nous nous entretenons avec Vlada Sivatch par téléphone. Dans le fond, on entend la voix de sa fille âgée de deux ans. Vlada a 20 ans, mais son histoire est l’un des heureux exemples de grossesse précoce. Vlada a rencontré le père de sa fille à 17 ans, il avait deux ans de plus que la jeune femme. Peu de temps après, les jeunes gens s’installent ensemble et Vlada tombe enceinte. « J’avais sans doute plus peur de l’accouchement que de l’avenir », raconte Vlada. Le jeune homme ne l’a pas abandonnée dans cette situation difficile et ils sont toujours heureux ensemble.
L’attitude de la société russe vis-à-vis des jeunes mamans est ambiguë. Selon le sondage du fonds Opinion publique, 79% des Russes interrogés estiment que les grossesses avant 18 ans sont trop précoces. Par ailleurs, 58% des sondés y voient plus d’inconvénients que d’avantages : les jeunes parents n’ont pas d’expérience et ne peuvent subvenir aux besoins matériels de leurs enfants, ils sont encore enfants eux-mêmes, et il incombe aux grands-parents de s’occuper des nouveau-nés. Pourtant, Vlada assure n’avoir été confrontée à aucune remarque sur sa situation. « On nous prend souvent pour des sœurs avec ma fille – j’ai l’air très jeune », plaisante la jeune femme.
Quelle aide de l’État ?
Aujourd’hui, la grossesse précoce n’est plus si rare et l’État cherche à aider les mères mineures : le ministère de la Santé a ouvert 300 centres de planning familial et de reproduction à travers le pays. En outre, le pays compte de nombreux fonds qui aident les jeunes mères, des centres médicaux municipaux pour femmes et des agences de tutelle.
Grâce à ces derniers, la jeune mère Evguenia Pankratova a, par exemple, pu réintégrer son appartement. L’histoire d’Evguenia est difficile : à 19 ans, elle est tombée enceinte de son copain âgé de 17 ans. Il ne pouvait aucunement aider Evguenia. Elle s’est retrouvée seule, sans logement ni ressources, avec un bébé sur les bras : la mère de la jeune femme refusait catégoriquement de voir sa fille et sa petite-fille et ne les laissait pas entrer dans son appartement, où Evguenia était pourtant domiciliée.
« Je ne savais pas où trouver de l’aide », se souvient Evguenia. « J’ai contacté la police, le conseil de quartier. Je n’ai trouvé de l’aide qu’à l’hôpital municipal lors d’une visite de contrôle avec ma fille ». L’hôpital avait un juriste compétent qui a aidé Evguenia à entrer en contact avec les agences de tutelle. Elles sont parvenues à faire en sorte que la jeune femme et son bébé puissent réintégrer leur appartement. Le travail de l’agence ne s’est pas arrêté là, elle est venue plusieurs autres fois pour vérifier la situation à la maison et l’état du bébé. Evguenia dit que ses relations avec sa mère restent tendues.
Aujourd’hui, la fille d’Evguenia, Sacha, a déjà 5 ans, sa jeune mère n’a aucun contact avec le père. Mais tout va bien : Evguenia a rencontré un nouvel amour que la petite Sacha appelle « papa ».
Combien touche une jeune mère ?
Pendant sa grossesse, Evguenia bénéficiait des services du centre médical pour femmes gratuitement. Tous les quinze jours, le centre réalisait un contrôle complet et lui fournissait des médicaments et des vitamines pour femmes enceintes.
Outre les soins de santé gratuits, l’État verse des allocations mensuelles et forfaitaires pour femmes enceintes et jeunes mères. Pour sa part, Vlada a renoncé aux allocations sociales – ses parents l’aidaient, son mari travaillait et elle n’avait pas besoin de prestations.
Pour Evguenia, en revanche, cet argent était presque son seul salut. « Je touchais une allocation pour mères isolées et une bourse pendant que j’étais étudiante, ainsi que de l’argent pour la nourriture de bébé. J’ai également perçu une grosse allocation forfaitaire – près de 60 000 roubles (environ 760 euros) », se souvient-elle. Au total, Evguenia recevait environ 15 000–18 000 roubles (180–220 euros) par mois. Mais souvent, cet argent ne suffisait pas, et les amis d’Evguenia l’aidaient aussi. La jeune mère a continué à percevoir les allocations jusqu’aux 3 ans de Sacha. Ensuite, l’allocation de mère sans emploi d’Evguenia a été réduite à 300 roubles (environ 3 euros), et la jeune femme a dû trouver un travail.
Malgré les difficultés, Evguenia n’a aucun regret. Tout comme Vlada : les deux jeunes femmes disent qu’elles n’auraient rien changé, car aujourd’hui, elles ont le principal – leurs enfants.
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