Les guides russes vent debout contre l’afflux de concurrents étrangers

Sergueï Kouznetsov / RIA Novosti
Les guides russes sont sur les dents. En cause : une proposition émise par le ministère russe du Travail visant à flexibiliser l’accueil des travailleurs étrangers du domaine touristique sur le marché du travail.

« Nous ne connaissons aucune pénurie de guides-interprètes », assure Jozef Chnaidguen. Avec plus de cinquante ans d’expérience en tant que guide-interprète à Moscou, le secteur touristique russe n’a aucun secret pour lui.

Originaire de Hongrie et citoyen russe, Jozef est l’un des auteurs de la lettre ouverte écrite par l’Association des guides-interprètes qui enjoint le ministère du Travail de renoncer à sa proposition d’allonger la liste des spécialistes étrangers pouvant venir travailler en Russie hors quota.

Fin janvier, le ministère du Travail avait suggéré d’ajouter aux 69 professions déjà présentes sur la liste « prioritaire » 12 autres métiers appartenant à la sphère touristique. Il sera ainsi plus facile de venir travailler en Russie pour les guides étrangers, les directeurs d’hôtel, les maîtres d’hôtel ou encore les chefs cuisiniers.

Le ministère du Travail considère qu’en attirant des spécialistes étrangers, la qualité du tourisme en Russie s’en verra améliorée et que le problème de la pénurie de professionnels maîtrisant des langues rares sera résolu. Une problématique plus que jamais d’actualité, alors que le Championnat du monde de football de 2018 approche à grands pas.

Problème d’image

Cependant, les guides russes ont vertement critiqué cette initiative. L’association des guides-interprètes de Russie, dont fait partie Jozef Chnaidguen, soutient que le libre-accès des étrangers sur le marché touristique russe aura pour conséquence d’évincer les guides russes ce qui, à son tour, aura un impact négatif sur l’image du pays, car « les guides étrangers ne pourront pas présenter la Russie comme il se doit ».

« Nous devons faire en sorte que les informations fournies sur la Russie soient véridiques et objectives », insiste Sergueï Nazarov, directeur général de la compagnie touristique Trans Show Tour, qui a travaillé comme guide pendant dix ans. « Je doute que les guides étrangers connaissent parfaitement l’histoire et la culture de notre pays. J’ai moi-même été témoin de la prestation d’un guide étranger qui racontait que Lénine était le petit-fils de Pierre le Grand, et d’autres absurdités du genre », fait-il remarquer.

Des professionnels maîtrisant le chinois

Selon l’association touristique « Monde sans frontières », la Russie a accueilli au cours des neuf premiers mois de 2015 plus de 580 000 touristes chinois, soit 63% de plus que durant la même période de 2014.

« Même si l’on tient compte du flux touristique venant de Chine, nous sommes capables de fournir aux touristes chinois un nombre suffisant de guides russes », affirme M. Chnaidguen.

Contrairement à ce dernier, Sergueï Nazarov ne nie pas le manque criant de guides professionnels parlant le mandarin. « Nous manquons de guides qui maîtrisent le chinois. Néanmoins, il ne faut pas résoudre ce problème en engageant des étrangers, mais plutôt en pensant  sur le long terme et en préparant nos travailleurs », déclare-t-il à RBTH. 

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