Faut-il interdire Halloween ?

TASS
Chaque année, la célébration de Halloween suscite de vifs débats. Les interdictions sont fréquentes, mais cela n’empêche pas les Russes de fêter Halloween et d’acheter des déguisements.

Des interdictions officielles et officieuses surgissent régulièrement dans différents coins de la Russie : dans la République de Carélie, dans le kraï de Krasnodar, dans l’oblast d’Omsk et à Blagovechtchensk (Extrême-Orient). Les représentants de l’église orthodoxe russe sont ses opposants les plus virulents, suivis de membres des administrations et des députés.

Cette année, le ministère de l’Éducation et de la Science de l’oblast d’Arkhangelsk a interdit la célébration de Halloween dans les établissements scolaires. L’administration a avancé les résultats des recherches de l’Institut des innovations pédagogiques de l’Académie russe de l’éducation et de l’Institut de la famille et de l’éducation qui indiquent que la célébration de Halloween exerce une influence négative sur le développement et la socialisation des enfants. En outre, le ministère a estimé que cette fête « ne répondait pas aux objectifs et missions du processus éducatif ». Ce n’est pas la première interdiction de ce type. L’année dernière, Gueorgui Fedorov, membre de la Chambre civique, a saisi le ministre russe de la Culture Vladimir Medinski à qui il demandait d’interdire la célébration de Halloween dans les administrations culturelles. Il motivait se demande par la nature étrangère de cette fête, mais aussi par des considérations de politique étrangère.

Frontières du bien et du mal

Victor Slobodtchikov, directeur de recherches à l’Institut de l’enfance, de la famille et de l’éducation de l’Académie russe de l’éducation, a conduit une recherche psychopédagogique auprès des adolescents et a conclu que la fête, pour laquelle on se déguise en sorcières et autres personnages négatifs, présente un danger. « Les enfants sont très réceptifs et transformant le mal en un jeu, ils peuvent perdre le sens de cette notion. Plus tard, nous pourrions voir ces adolescents, puis adultes, incapables de distinguer le bien et le mal, devenant ainsi excessivement cruels », explique le pédagogue. « Qu’allons-nous faire si les gens ne distinguent le bien et le mal que grâce au code pénal ? ». Victor Slobodtchikov est persuadé que ces recommandations ne concernent que les écoliers. Un individu formé peut participer au carnaval sans problème, car il fait un choix conscient et sait ce qu’on peut ou ne peut pas faire.

Elément de la culture de clubbing

Gueorgui Gueraskine, directeur exécutif du site Arlekino, spécialisé dans les déguisements, estime que Halloween n’est pas la fête la plus populaire auprès des Russes et indique avoir vendu très peu de déguisements pour cette fête l’année dernière. « Généralement, les gens achètent des déguisements pour des fêtes à thème d’entreprise ou pour les fêtes étudiantes, les achats ponctuels sont très rares », explique l’entrepreneur.

Pourtant, à Moscou, la fête des esprits malins est très demandée : dans la nuit de Halloween, vous aurez du mal à entrer dans les lieux à la mode et le déguisement est obligatoire.

Mikhaïl Klimanov, directeur associé de l’Agence des décisions courageuses « Nous », spécialisée dans l’organisation des fêtes d’entreprise, estime que Halloween est une fête pour les bars et les restaurants. « Depuis longtemps déjà, Halloween fait partie de la culture de clubbing russe : tout établissement qui se respecte organise une soirée à thème le dernier week-end d’octobre. Pour les clubs et les bars c’est un moyen d’attirer du public, pour les gens – un moyen de faire la fête déguisés en vampires et sorcières ou maquillés en zombie », explique-t-il. « Halloween n’est pas entré profondément dans notre culture. Même les friandises de Halloween - les bonbons au maïs et à la citrouille - ne sont pas très répandues. Les attractions – labyrinthes obscurs en épis de maïs, maisons hantées et autres épouvantes - n’existent tout simplement pas ». Mikhaïl Klimanov souligne que depuis 10-12 ans, le marché événementiel des fêtes mystiques utilise beaucoup de personnages typiquement russes : kochtcheï, vourdalak, domovoï et kikimora. Si l’on ne peut pas éviter la manie de Halloween, on peut du moins en faire une fête aux couleurs nationales. 

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